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Vie locale

Un artisan hendayais perpétue la tradition du Makila

De la forêt à l’atelier, Fernando Zapirain prend le temps de façonner ses objets d’exception © AP

De la forêt à l’atelier, Fernando Zapirain prend le temps de façonner ses objets d’exception © AP

Fernando Zapirain possède un savoir-faire acquis depuis de longues années de pratique. Il nous a ouvert les portes de son atelier de fabrication du Makila, et nous fait partager sa passion pour cet objet emblématique de la culture basque, qui prend racine en forêt.

Il faut se rendre dans un quartier résidentiel d’Hendaye pour rencontrer Fernando. À l’arrière de sa maison, il a installé son atelier de création. C’est ici qu’il conserve les bois de néflier, nécessaires à la fabrication de cet objet emblématique de la culture basque. Des dizaines de « bâtons » aux teintes ocre et cuivrée sèchent dans l’atelier, imposant un univers sacré. Originaire d’Irun, Fernando Zapirain fabrique des Makilas depuis plus de 10 ans. Volubile et passionné, l’artisan de 46 ans nous explique ses débuts : « C’est un savoir que j’ai acquis auprès de mon grand-père, qui m’a enseigné la ferronnerie d’art ; et un vieil artisan de Mauléon qui m'a initié au travail du bois et  à la scarification ».

De la forêt à l’atelier

Chaque hiver, en décembre, Fernando arpente les forêts à la recherche du précieux bois. « On utilise le néflier, car il a une haute densité et il est très résistant ; c’est pour cela que les anciens l’ont choisi » défend l’artisan ; « mais je ne vous dirais pas où ils se trouvent, c’est un secret ! ». Il a également sa propre plantation. « J’entaille d’abord les arbres, sur pied ; une fois coupé, on passe les tiges au four et on pèle l’écorce. Puis commence le séchage pour 10 à 15 ans, c’est très long. Le bois va travailler et les entailles s’affirmer avec le temps. C’est la nature qui fait le travail, et moi le reste. C’est du 50/50 ! » sourit Fernando.

Un cadeau d’honneur

Fernando façonne tout lui-même, il crée les pommeaux en cornes de buffle, cisèle et poinçonne le métal, tresse le cuir qui sertit le manche. Chaque demande est personnalisée, pour des Makilas uniques. « De la forêt au produit fini, c’est en moyenne 15 ans ! Mais le montage de toutes les pièces prend quelques jours ». 

« Dans la tradition, on choisit une devise à graver, qui rassemble à son destinataire. C’est le cadeau le plus prestigieux que l’on puisse faire, ce qui n’empêche pas de s’offrir un Makila, avant la retraite ! » sourit l’artisan. Mais les délais sont très longs ; il faut compter plusieurs mois pour recevoir son précieux objet. « Les commandes me parviennent de nombreux pays, d’Australie, de Chine, des Sud-Américains d’origine basque… ». Le Makila, objet vénéré, devenu universel, fait le bonheur des cercles culturels et politiques internationaux.

Un objet pas comme les autres

Au Pays Basque, le Makila revêt plusieurs symboles, l’autorité, la noblesse, et le prestige. Objet noble tant par sa signification que par sa fabrication, il accompagne le marcheur dans les sentiers de montagne, et de retour à la maison, il l’admire, suspendu au mur, tel un talisman. Un ami fidèle, que le basque garde précieusement chez lui. 

Distingué autant que pratique, le Makila porte en lui la noblesse brute des matériaux et l’élégance de son façonnage ; mais il est également une arme, sa pointe sculptée dissimule un aiguillon redoutable, pour se défendre des bêtes ou d’attaques de brigands dans une lointaine époque. Il se transmet de génération en génération, et s’offre en de grandes occasions, tel un anniversaire, un départ en retraite…

À l’instar d’une Légion d’honneur, les Makilas sont offerts à des personnalités, comme à Jean-Paul II, Charlie Chaplin, le général de Gaulle et tous les présidents de la 5ème République.