Imprimer la page
Vie locale

Tout savoir sur le don d’organes

Le Docteur Mathieu (à gauche) et son équipe du Centre Hospitalier de Bayonne © MBP

Le Docteur Mathieu (à gauche) et son équipe du Centre Hospitalier de Bayonne © MBP

Le Docteur Mathieu, médecin référent coordonnateur de la structure du prélèvement d’organes du Centre Hospitalier de Bayonne, nous éclaire sur le don d’organes afin de sensibiliser chacun à son importance.

Petite histoire du don d’organes

Les premières greffes avec succès remontent aux années 1950. En 1954, le chirurgien Joseph Murray parvient pour la première fois à greffer un rein aux États-Unis sans que l’organe soit rejeté. Quant à la première greffe cardiaque, elle a lieu en 1967 et marque définitivement un tournant dans l’histoire de la transplantation. En l’espace de 15-20 ans, les médecins sont parvenus à maîtriser le prélèvement et surtout l’implantation des principaux organes, à savoir reins, foie, cœur, poumons et pancréas, ainsi que des tissus tels que les os, les tendons, les vaisseaux (veines et artères), les valves cardiaques, les cornées et la peau (à destination des grands brûlés).

Tous donneurs

Le cadre juridique du don d’organes est propre à la France, chaque pays ayant ses propres règles. C’est l’agence de biomédecine qui a pour mission d’encadrer les prélèvements et greffes d’organes en étant garante du relais de la loi. 

En 1976, le sénateur Henri Caillavet fait voter au Parlement une loi présentant chaque citoyen comme étant un donneur présumé. Au nom de la fraternité, nous devenons tous des donneurs universels. Mais la loi n’a jamais été appliquée comme telle, car l’avis de la famille est systématiquement pris en compte. Il y a en effet toujours eu des exceptions et la possibilité d’opposer un refus.

En 2004, puis en 2016, les lois Claeys-Léonetti viennent préciser ce cadre législatif en rassurant les non-donneurs et en décrétant la patrimonialité de notre corps. De cette façon, nous disposons de notre corps, y compris après notre mort, ce qui permet d’opposer un refus tacite au don d’organes du vivant. Ainsi, il est désormais possible de s’inscrire sur le Registre national des refus – qui recense plusieurs dizaines de milliers d’inscrits – soit par Internet, soit par voie postale. Il est également possible de manifester son refus dans un testament ou dans une lettre déclarative, ou tout simplement en l’exprimant verbalement à ses proches. Peu importe le moyen choisi, il aura la même valeur d’opposition.

Sachez qu’un mineur peut s’inscrire lui-même sur le registre des refus dès l’âge de 13 ans. Si la question de la mort n’a jamais été abordée, c’est l’autorité parentale qui prévaut jusqu’à 18 ans. L’équipe de Bayonne intervient ponctuellement dans les collèges et les lycées pour mener des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes.

Statistiquement, en France, 30 à 33 % des personnes refusent le don d’organes et de tissus, mais il faut prendre en compte de grandes variabilités entre les régions. L’Île-de-France présente par exemple un très fort taux d’opposition, avec seulement 20 % d’acceptation en moyenne, là où notre région enregistre 20 % de refus. À Bayonne, ce taux a même atteint 0 % certaines années, révélant une population très réceptive à ce grand projet permettant de sauver d’autres vies.

Plusieurs profils de donneurs

La majorité des donneurs possède le même profil. Ce sont des patients admis en réanimation et qui présentent un état de mort cérébrale, c’est-à-dire l’absence d’une respiration spontanée et un encéphalogramme plat ou un scanner mettant en évidence l’arrêt de l’irrigation du cerveau. Le législateur définit cette situation comme étant le signe clinique de la mort, ce qui entraîne la mort administrative actée par un certificat de décès. En effet, sans cette réanimation effective, le patient serait de toute façon décédé avec certitude. Ainsi la plupart des centres hospitaliers sont autorisés à prélever des organes dans ce genre de circonstance.

Pour autant, il existe d’autres situations dans lesquelles il est possible de donner. Cela peut notamment se faire du vivant, en étant un parent ou une relation proche du patient en attente. Cette option n’est valable que dans le cas particulier des reins ou pour donner un lobe de son foie. Cela représente moins de 10 % du don d’organes en France. 

Un quart des hôpitaux qui pratiquent le prélèvement d’organes ont également la possibilité d’intervenir sur des patients encore vivants (pas encore en mort cérébrale et présentant toujours des réflexes), mais pour lesquels a été décidée une limitation thérapeutique car plus aucun traitement n’est envisageable. Le patient est en réanimation, mais...

Cet article est réservé aux abonnés. Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter notre journal ou vous abonner.
Accédez à toute l'actualité et aux annonces légales en illimité

1 AN (52 n°)Hebdomadaire
à partir de 25,00 €/an *

(* Tarif en vigueur en France Métropolitaine, valable pour la version numérique)

Déjà abonné ?  > je me connecte