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Économie

Le retournement du modèle économique allemand

L’industrie allemande doit désormais faire face à la fin du gaz russe bon marché, qui était pourtant l’un des facteurs de sa compétitivité © Nataliya Hora - stock.adobe.com

L’industrie allemande doit désormais faire face à la fin du gaz russe bon marché, qui était pourtant l’un des facteurs de sa compétitivité © Nataliya Hora - stock.adobe.com

Longtemps présentée comme un modèle économique pour les autres pays membres de l’Union européenne (UE), l’Allemagne subit de plein fouet la hausse des coûts, l’affaiblissement du commerce mondial et le vieillissement démographique…

Il y a près de 20 ans, les profondes réformes structurelles menées par le chancelier Schröder avaient un temps donné une hégémonie économique à l’Allemagne au sein de l’UE, alors même que le pays était vu comme l’homme malade de l’Europe dans la décennie 1990-2000. Faisant le choix de promouvoir la compétitivité à l’export, en particulier de l’industrie, la demande interne allemande avait ainsi été sacrifiée. Autrement dit, l’Allemagne a fait le choix de satisfaire en priorité la demande des autres pays avant la sienne, au point de devenir au tournant des années 2010 le premier exportateur au monde en proportion du PIB ! Mais depuis quelques années, ce modèle semble avoir du plomb dans l’aile…

Un mercantilisme à double tranchant

Au début des années 2000, le gouvernement allemand a fait le choix d’adosser sa croissance à son commerce extérieur, en délocalisant de nombreuses activités de production et de sous-traitance vers les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO), pour en faire baisser les coûts. Selon la célèbre expression de l’économiste Hans-Werner Sinn, l’économie allemande s’est muée en un « bazar industriel du monde », pratiquant pour ce faire des politiques économiques non coopératives au sein de l’UE : baisses d’impôts pour les entreprises, flexibilisation du marché du travail avec les lois Hartz et freinage des salaires. 

Pendant une décennie, cette politique a plutôt bien fonctionné, du moins si l’on en juge au seul critère des exportations : l’excédent de la balance courante allemande n’a cessé de croître pour atteindre près de 10 % du PIB, plus qu’en Chine ! Certes, cela s’expliquait aussi par le vieillissement démographique et le recul de la population active, qui pousse les Allemands à préférer épargner afin d’obtenir des revenus futurs importants. Mais un tel niveau d’excédent extérieur était avant tout le signe d’un excès d’épargne mal utilisé, puisqu’il n’était...

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