La Forge Moderne, un village dans la ville

À l'entrée des Rives du Gave, les Palois assistent depuis quelques temps à la naissance de la Forge Moderne, un quartier unique, novateur et atypique, à la fois village artisan et lieu culturel. Rencontre avec les frères Garms, aux manettes de ce projet hors du commun.

Qui ne connaît pas le lieu risque, en arrivant, d'être quelque peu intrigué. Derrière le portail, sur une grande surface bétonnée, des salons de jardin colorés élaborés à base de palettes et de bois sont installés ça et là. De part et d'autre, des box dont les rideaux de fer sont baissés ce dimanche- ci semblent attendre leurs propriétaires dont les noms sont affichés sur des enseignes. Des graffs, de la peinture vive et des collages habillent les murs envahis de lierre. Au fond, depuis un grand hangar ouvert où trône une caravane vintage, de la musique s'élève et des rires résonnent. Ici, c'est La Forge Moderne. On pourrait la décrire comme un tiers-lieu, mais peut-être serait-ce trop réducteur. Pierre et Sylvain Garms, les heureux propriétaires, préfèrent parler de « village artisan ». Aujourd'hui, ils hébergent 15 artisans et artistes qui détiennent un savoir-faire unique et partagent une même philosophie autour du partage, notamment avec le public fortement invité à pousser leurs portes.

La quatrième génération aux commandes

L'histoire commence en 1870, quand l'arrière- grand-père des frères Garms, fondateur des transports Lalanne, investit ces 3 600 m2. « À l'époque, des charrettes faisaient la navette entre la gare de Pau au bord du gave, et le centre-ville, sur les hauteurs. Une forge y était installée pour les réparer, d'où le nom Forge Moderne. Puis mon père, dans les années 90, a proposé à plusieurs artisans en bâtiment de s'installer là, en location », explique Sylvain. Depuis, les choses ont évolué après que les deux frères aient pris la main et apporté leur vision des choses. Bien des années après, les charrettes ont disparu mais le lieu est toujours bel et bien debout, après être passé par la case « en friche ». Aujourd'hui, le village artisan a su évoluer et s'imposer. Mais Pierre et Sylvain entendent l'ouvrir bien plus encore, avec l'ambition « de refaire vivre ce lieu par la culture ». Depuis deux ans, La Forge Moderne, constituée aujourd'hui en association, vit au rythme d'une programmation culturelle riche et variée.

« Une mutation sur le long terme »

Des événements ouverts au public ont en effet été proposés durant les beaux jours : des concerts lors des soirées « À la fraîche » dans le cadre du festival l'Eté Indé organisé par la mairie, mais aussi un street food market victime de son succès avec plus de 3 500 personnes présentes, ou encore la prestation remarquée d'un quatuor de l'Orchestre de Pau venu reprendre du Bowie devant un public conquis… Avec l'installation de l'Ecole du Commerce et du Sport juste à côté, Pierre et Sylvain aimeraient développer encore d'autres propositions, comme de la petite restauration. En mai, ils participeront à l'inauguration du tant attendu skate parc situé juste à côté, sur la zone de la Sernam elle aussi en pleine transformation. Ils continueront également d'accueillir tous types d'événements, privés ou publics. Avec cette ambition permanente, en filigrane, d'ouvrir encore et toujours ce lieu qui les fait tant vibrer : « Aujourd'hui, les élus ont conscience qu'il manque quelque chose à Pau, quand il existe des endroits comme Darwin à Bordeaux, ou le Marché du Lez à Montpellier. Nous vivons une mutation sur le long terme mais désormais, nous sommes dans le bon timing. On se rend compte que ce que nous faisons interpelle et que les gens cherchent un endroit comme celui-ci. »