Crise économique au Pays Basque, le bilan avec Sylvie Durruty
Un an après le premier confinement, nous avons rencontré Sylvie Durruty, vice-présidente de l’Agglomération Pays Basque en charge du développement économique. Elle dresse le bilan et regarde vers de nouvelles perspectives, avec une certaine confiance pour la relance.
Quel est votre bilan global sur cette année inédite ? Les points positifs ?
Sylvie Durruty : Nos données montrent que notre tissu économique a mieux résisté qu’ailleurs. Nos vies ont changé, et tout le monde a dû s’adapter en faisant preuve de créativité. Au début, en cellule de crise, nous avons fait en sorte que le quotidien soit possible pour tous. Il a fallu inventer des modes de distribution, avec les producteurs locaux, les commerçants, créer des drives et ventes en ligne pour l’alimentaire. On note un regain d’intérêt pour le commerce local. 36 % des commerçants de l’urbain ont vu une évolution positive, contre 24 % en périphérie. La diversité des secteurs et leur typicité locale ont gardé un certain équilibre, notamment dans l’agroalimentaire. De nombreuses entreprises familiales ont su s’adapter en peu de temps et se réinventer. Le BTP est sans conteste le secteur le moins touché par la crise. Grâce au plan de relance de l’État, et des commandes publiques. Beaucoup d’embauches sont à prévoir. Côté chiffres sur le Pays Basque : 50 % des entreprises déclarent avoir bénéficié d’aides (ou demandes en cours) et 26 % « n’en n’ont pas besoin ». 23 % ne sont pas éligibles ou n’ont pas fait la demande.
Quels sont les secteurs les plus impactés ? Et quelles aides ont été mises en place ?
S.D. : Du côté des services, on observe une baisse d’activité de 5,4 % dans le département contre 7,7 % dans la Région. Les services aux entreprises ont résisté mais l’hôtellerie et la restauration ont été plombées par les confinements. Néanmoins, l’été 2020 a été un rattrapage très dynamique. L’année a été « sauvée » jusqu'à fin octobre, date de fermeture des bars et restaurants. Certes, les aides de l’État ont permis d’encaisser le choc, et la vente à emporter permet de maintenir une activité régulière. À Bayonne, pour soutenir les cafetiers, les collectivités ont procédé à l’exonération de 300.000 € de droits de place (les terrasses) durant l’été, et 220.000 € de loyers commerciaux. C’est une aide essentielle pour ce secteur. Par ailleurs, la Communauté d'Agglomération Pays Basque, avec le concours de la Région et de la Banque Publique d’Investissement (BPI), a mis en place en 2020 un fonds de soutien à la trésorerie des TPE. L’Agglomération y a consacré 620.000 €. Au total, 80 entreprises ont bénéficié de ce dispositif. Dans le tourisme, très impacté - sauf l’été 2020 - 1 entreprise sur 10 a été contrainte de se séparer d’un ou plusieurs salariés. L’Agglomération travaille, à un tourisme durable à l’année en favorisant l’attractivité de la région, avec des activités nature et parcours à valoriser. Un des secteurs les plus impactés est la culture. Il a été touché de plein fouet par la crise. C’est un secteur très dynamique avec une grande diversité d’acteurs sur le territoire. Nous essayons de les accompagner au mieux. C’est pourquoi la CA PB a voté un plan d’aide de 1,2 M€ étalé sur 3 ans. C’est un engagement fort, pour accompagner la reprise, et encourager la production et la diffusion de spectacles, pour préparer l’après. Les attentes sont très fortes, et sont légitimes.
Comment a réagi le secteur industriel ?
S.D. : Depuis le début de la crise, nous avons affirmé notre soutien à l’économie et à l’industrie du territoire, et sommes en contact permanent avec ce secteur. On note une baisse d’activité de 8,9 % en Nouvelle-Aquitaine, mais elle est de 7,6 % dans le département 64. Pourquoi ? La Défense a maintenu ses commandes, avec ici Dassault dont la vente de « Rafales » à l’export se confirme ; il y a également l’activité de Safran Helicopter Engine. Tous deux sont donneurs d’ordres pour tout un écosystème de sous-traitants.
Quelles sont les modifications de l’écosystème économique sur le territoire ?
S.D. : Les cas sont très différents selon les entreprises, mais la situation économique globale n’est pas, je le répète, catastrophique. Concernant l’avenir, les entreprises restent dans l’incertitude et le climat des affaires s’en ressent. Cela étant, la crise sanitaire que nous traversons modifiera le positionnement des entreprises tant dans l’accélération de la prise en compte des enjeux environnementaux, que dans leur capacité à diversifier leur marché, et répondre au mieux aux attentes locales.
Selon vous, quelle sortie de crise est possible ? Avec quels espoirs et quelles perspectives ?
S.D. : La Banque de France a prévu une croissance de 5 % en 2021. Il faudra attendre 2022 pour retrouver le niveau d’activité d’avant COVID. Parmi les éléments positifs, l’importante épargne accumulée par les foyers (200 milliards en France) incite à l’optimisme. Les deux sorties de confinement ont été marquées par une forte hausse de la consommation, en été comme en décembre. Mais la valeur de rebond, c’est la confiance. Il faut souligner que l’attractivité touristique du territoire est un levier très important et nous sommes confiants pour les mois à venir, les prochaines vacances scolaires, de Pâques et d’été. Nous sommes sur un territoire festif, mais nous devons réguler le retour à la vie normale. Même si le taux d’incidence chez nous est assez faible en mars, nous croyons beaucoup au déploiement de la vaccination. La CA PB (comme les communes du territoire) et les services médicaux mobilisent tous leurs efforts pour organiser au mieux le dispositif.
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