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Vie quotidienne

Comprendre et lutter contre la pollution plastique : de l’âge d’or au déclin

La production plastique représente aujourd’hui 400 millions de tonnes par an © photka - stock.adobe.com

La production plastique représente aujourd’hui 400 millions de tonnes par an © photka - stock.adobe.com

La pollution plastique est aujourd’hui au cœur des préoccupations. Les océans sont particulièrement touchés et la santé de l’environnement et des hommes est menacée. Le plastique semble avoir conquis le monde et envahi même les espaces les plus reculés. Comment en est-on arrivé à ce stade ? Quelles sont les solutions pour y remédier ? En explorant l’Histoire et l’évolution de notre relation avec ce matériau, des schémas se dessinent. Et si en comprenant le pourquoi et le comment, de nouvelles solutions inattendues émergeaient ? Gibus de Soultrait éclaire le sujet pour nous.

Dans le cadre des Rendez-Vous Océans qui se sont déroulés à Biarritz en juin dernier au Connecteur, l’association Océans Sans Frontières a convié le surfeur Gibus de Soultrait. Ce personnage étonnant, co-fondateur de la revue Surf Session et de l’association Surfrider Foundation Europe, a partagé avec le public son expérience et sa vision singulière de notre monde et du problème de la pollution plastique. En remontant le fil de l’Histoire, il a décortiqué un siècle de progrès et de dérives pour faire émerger les rouages d’un mécanisme trop séduisant qui a dépassé l’humanité. Comment peut-on comprendre la réalité actuelle et ses enjeux sans revisiter le passé ? Quel lien y a-t-il entre le plastique et le surf ou entre le plastique et la liberté ? À première vue, aucun. Et pourtant…

Gibus de Soultrait a analysé le sujet d’une façon quelque peu inédite via un parcours guidé dans les méandres du 20e siècle avant de nous ramener aujourd’hui, aux portes d’un traité historique mondial pour éradiquer la pollution plastique. À la découverte de notre histoire, vue par les yeux d’un surfeur biarrot sexagénaire, poète, rêveur, idéaliste, optimiste et surtout un conteur aux tendances philosophes.

Quelques chiffres

La production plastique représente aujourd’hui 400 millions de tonnes par an. Selon l’OCDE, elle devrait doubler, voire tripler à l’horizon 2060, et pourrait atteindre 1.230 millions de tonnes. Chaque année, ce sont 8 à 10 millions de tonnes de déchets plastiques qui sont retrouvées dans les océans, dont 40 % sont issus de la consommation courante des foyers. Seuls 8 % des déchets jetés sont recyclés. Le reste est soit incinéré, soit entreposé dans des décharges à ciel ouvert ou encore enfoui. Ces deux dernières options favorisent grandement la dispersion des ordures plastiques dans la nature, sans évoquer le cas des décharges sauvages.

Le plastique est également retrouvé dans l’environnement sous forme minuscule : les microplastiques. Une équipe de chercheurs aurait trouvé des traces de plastique dans 75 % des organismes prélevés dans les profondeurs de la fosse Marianne, soit à plus de 10 000 m de la surface.

Le 20e siècle ou l’apogée du plastique

La quête d’énergie, voici ce qui a propulsé l’homme vers la modernité. Jusqu’aux prémices du 20e siècle, le charbon était la matière privilégiée pour cette tâche. Lorsque le pétrole le remplace, il est utilisé pour le chauffage et la motorisation. Les guerres accélèrent bien souvent les avancées techniques et ce fut le cas avec les deux guerres mondiales qui ont marqué le précédent siècle. On assiste alors à une accélération majeure de la recherche pétrochimique et la découverte du caractère malléable et transformatif du pétrole. 

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie pétrochimique explose, sans mauvais jeu de mots. Le plastique s’infiltre dans toutes les strates de la société et dans tous les recoins du quotidien. Il devient même un vecteur et un symbole de liberté dans les années 60. Il se retrouve partout, dans le mobilier, les vêtements, les lampes, etc. Il accompagne à merveille les bouleversements sociétaux et l’émancipation des populations. Cette matière légère qui se transforme facilement colle bien au vent de liberté de l’époque. C’est le temps de l’insouciance et de l’innocence, on profite, on se facilite la vie. Terminé les sacs cabas, les bouteilles à la consigne, la plume et l’encrier. La population veut se faciliter la vie, aspire au confort et aux loisirs. Le recyclage ? Il en est nullement question.

Au cours du 20e siècle, le progrès avance et opère même un sprint. La modernité devient une course. Une course à la croissance avec le capitalisme comme moteur et la conquête du monde comme objectif. Le temps et l’accélération deviennent également des enjeux contemporains. Dans les années 90, la communication...

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