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Vie locale

Accélération TRANSFRONTALIÈRE pour les entrepreneurs de l’agroalimentaire

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Les différents acteurs de cette première édition du programme Inkuba Sarea . © YR

Durant près de six mois, quatre startups ont participé à Inkuba Sarea. Financé par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, ce projet a permis de nouer des liens afin de favoriser l’innovation et le développement de la filière agroalimentaire au-delà des frontières administratives.

Ils et elles sont entrepreneurs, représentants de collectivités locales ou à la tête de centres d’innovation. Le 27 juin dernier, ce petit monde se réunit dans les locaux de la CCI de Bayonne pour présenter un programme auquel ils ont participé. Mêlant public et privé, l’énergie est ici commune pour faire émerger et développer sur le territoire basque (nord et sud) des initiatives dans le domaine de la FoodTech. Créée en 2011, l’Eurorégion vise à promouvoir le développement économique, social et culturel du territoire transfrontalier. Elle regroupe trois collectivités locales : la Nouvelle-Aquitaine, la Communauté d’Euskadi, et celle de Navarre (depuis 2016). « Notre objectif est de favoriser la coopération entre les trois régions et d’aller au-delà des barrières qui sont avant tout dans les esprits » présente Arola Urdangarin, sa directrice. Parmi les divers projets menés par cette structure transfrontalière, Inkuba Sarea embarque quatre entreprises sur un parcours en immersion, en trois phases. « Cela a permis d’établir des connexions, d’identifier des startups et de partager des connaissances approfondies », résume Peio Etxeleku, PDG d’Agour et partie prenante de cette aventure.

Quatre projets agroalimentaires très différents

Le quatuor entrepreneurial sélectionné pour cette première édition d’Inkuba Sarea provient des trois collectivités. En Navarre, Cichorium fait pousser des endives bio à Tudela. Des années de recherches ont abouti à un procédé transposable qui ouvrirait la voie à un fort développement.

Au nord de la communauté forale, Juan Mari Iriarte représente la deuxième génération de sa pâtisserie-chocolaterie. Depuis son atelier de Vera de Bidasoa, l’artisan a eu la riche idée de créer des bijoux comestibles, sous la marque Ekhi Gold. Ses tablettes, demi-sphères ou coeurs de chocolat, se voient recouverts d’une pellicule d’or. Des produits uniques pour lesquels il rêve d’un grand avenir dans le milieu de l’événementiel notamment.

L’Euskadi est représentée par O’Taste, dont l’objectif est de réduire le sucre dans une grande partie des produits de consommation. « Dans un pot de pâte à tartiner, nous le diminuons de 80 %, par rapport à la marque référence », se réjouit Ander Iñarrairaegui, son dirigeant. « Avec notre procédé, nous apportons une solution soutenable, savoureuse et facile à produire ».

Enfin, le dernier membre du quatuor provient d’Iparralde. Sur l’exploitation familiale d’Uhart- Mixe, Emmanuel Ithurbide cultive plus d’une trentaine de plantes médicinales (chanvre, sauge…) pour en faire des huiles essentielles ou des tisanes aux bienfaits thérapeutiques.

Ces profils extrêmement différents ont ainsi partagé leurs réussites et leurs questionnements lors d’un parcours en trois phases, chacune dans une pépinière ou centre d’innovation.

Partage de connaissances et création de valeur

« Généralement, il y a deux obstacles au développement transfrontalier », observe Peio Etxeleku. « Le premier est d’ordre logistique, car pour livrer à Irún, les transporteurs considèrent qu'il s'agit de transport international et exigent une quantité minimale, le second est d’ordre juridique, car sans entité de droit national, il est presque impossible de commercer avec la grande distribution ». Au-delà de ces difficultés réelles, le transfrontalier constitue avant tout une chance. « Il faut surtout voir dans tout cela les opportunités qui s’offrent à nous », insiste Arola Urdangarin. Pour appréhender les barrières, partager des connaissances et établir des ponts, le parcours Inkuba Sarea démarre au mois de février par trois jours à Derio (Bizkaia). Dans le centre technologique Azti, les participants abordent surtout la question business. « Nous avons vu les stratégies de commercialisation, et les différences qui peuvent exister entre les consommateurs ou dans les réglementations » commente Carolina Najar, Directrice Food Business au sein de la plateforme Azti.

Un mois plus tard, le Centre d’innovation agroalimentaire INTIA les accueille à Villava (Nafarroa) durant deux jours. Une immersion focalisée sur l’approfondissement des projets et l’échange avec des mentors inspirants issus d’entreprises ayant réussi dans le même secteur d’activité. « C’est intéressant de créer de la coopération entre des entreprises consolidées et des startups », souligne Marta Goñi, coordinatrice de projets à l’INTIA. « Le plus important, c’est de créer des synergies afin de renforcer la chaîne de valeurs dans l’agroalimentaire ».

La troisième étape du parcours mène les entrepreneurs à Hélette, au sein de l’incubateur créé par Agour. Ici sont notamment évoqués le e-commerce, la qualité et le financement. Un focus important est porté sur la grande distribution en France. « Elle est très intéressante, car c’est le pays où les réseaux de distribution sont le plus segmentés », commente Jon Ander Torrea, directeur d’Agour. Toute une dose de connaissances partagées de manière accélérée. « Cela a créé de la valeur, beaucoup de consultants auraient facturé très cher pour enseigner les savoirs transmis lors de ce projet », estime Peio Etxeleku, le PDG.

L’homme fort d’Agour en est persuadé, cette première édition ne sera pas la dernière. « Si Inkuba Sarea était un repas, je dirais que nous n’en sommes qu’aux pintxos ». Satisfaits, les participants se montrent dynamisés par le projet, à l’image de Juan Mari Iriarte. « Cela crée beaucoup de contacts, c'est motivant, et me donne encore plus envie de travailler », s’enthousiasme le chocolatier. Le sentiment est général et chaque partie attend avec impatience la deuxième édition. Pas de doute, selon Marta Goni, « ce consortium a beaucoup de potentiel et il nous reste encore beaucoup à faire ».