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Vie locale

Un PÔLE AGROALIMENTAIRE s’enracine en Amikuze

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Majoritairement, les exploitations basques se consacrent à l’élevage © DR

Avec la construction d’une pépinière tournée vers l’agroalimentaire, la Communauté d’Agglomération Pays Basque crée un outil qui permettra d’essaimer vers de nouvelles entreprises.

C’est parti : les travaux ont débuté à Aïcirits et le Pays Basque aura une nouvelle pépinière, cette fois centrée sur l’agroalimentaire. Elle s’étendra sur 1 750 m² au prix d’investissement de 3,2 millions d’euros (hors taxes), la Région Nouvelle-Aquitaine ayant apporté 500.000 euros et l’État 800.000. La Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) est à la manoeuvre, et le bâtiment devrait être livré à l’été 2024. « Notre démarche part d’un constat dressé dès 2019 : les porteurs de projets dans l’agroalimentaire n’ont pas l’endroit adéquat pour faire éclore leurs idées, explique Isabelle Pargade. Or cette filière correspond déjà à au moins 3 000 emplois en Pays Basque et le nombre d’établissements y est en croissance rapide », insiste la vice-présidente agriculture et alimentation de la CAPB.

Mais pourquoi la région de Saint-Palais ? L’importance de l’agriculture sur le territoire d’Amikuze saute aux yeux, et cette implantation s’appuie également sur le Lycée Jean Errecart. Cet établissement apporte une bonne base de départ : « Avec lui, les porteurs de projets peuvent s’appuyer sur une plateforme technologique, prolonge Isabelle Pargade. Un outil qui leur permet de se tester, de vérifier la viabilité de leurs projets tant dans les débouchés carnés ou que dans ceux laitiers. » Autrement dit, cette plateforme est un relais, un point de jonction entre la formation professionnelle d’une part et l’entreprise en perspective d’autre part.

Créer des dynamiques autour de l’aliment

Pensée également avec le cluster « Uztartu » qui regroupe en Pays Basque les acteurs de l’agroalimentaire, la pépinière en chantier sera divisée en trois segments : une partie fonctionnant en lien avec la Technopole Izarbel de Bidart, donc conçue afin de créer des dynamiques entre l’agroalimentaire et les nouvelles technologies (soit cinq ateliers) ; ensuite un espace de trois ateliers correspondant à une pépinière plus classique : enfin, troisième segment, un ensemble offrant des possibilités de coworking et des bureaux pour des travaux coopératifs. « À la base de cette opération, il y a une vision prospective », rappelle Isabelle Pargade : en 2020, la Communauté Pays Basque a élaboré et adopté un « projet alimentaire territorial ». Ce projet se veut valable pour trois ans. « Nous avons là un cadre pour nos actions, et il y a urgence, ajoute-t-elle, compte tenu des évolutions climatiques et économiques ainsi que des mutations de la consommation. » Et de pointer les circonstances qui évoluent dont les installations d’agriculteurs (cependant relativement abondantes ici), le réchauffement des températures et ses conséquences sur la végétation ou encore des menus avec moins de viandes. Ainsi avons-nous des repas avec plus de produits végétaux et, dans l’assiette, une proportion plus grande de légumineuses. Or, au Pays Basque, les deux tiers des exploitations agricoles en activité se consacrent à l’élevage. Donc pour la viande, mais aussi pour le lait avec ses débouchés : fromages, yaourts et glaces. Dans ces créneaux, il va falloir davantage mettre l’accent sur des produits suivant une agriculture raisonnée et répondant aux critères bio, sans oublier un éventail à élargir de labels de qualité, accompagnant les Appellations d’Origine Protégée (AOP) que sont déjà le piment d’Espelette, le fromage Ossau-Iraty, les vins d’Irouléguy et le porc Kintoa. Par extension, on pense, entre autres, à la cerise d’Itxassou ou au kiwi de l’Adour.

Deux défis pour demain

La pépinière d’Aïcirits devrait donc lancer des pistes pour l’agroalimentaire à venir et apporter des éléments de réponses à cette question centrale : « Comment va-t-on ici se nourrir demain ? » Sur fond de dérèglement climatique, « nous faisons face à au moins deux défis », estime Isabelle Pargade. Les exploitations agricoles sont chaque année moins nombreuses : alors qu'on en compte 126 à Hasparren, il n'en reste plus que 10 à Cambo-les-Bains et 21 à Ustaritz. Et, donc, comment pourra- t-on répondre aux besoins en nourriture de la population du Pays Basque ? D’autant que, c’est le deuxième défi, nous vivons dans une contrée attractive de 320 000 habitants aujourd’hui, mais de 350 000 âmes, voire plus, demain.