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Trois questions à Romain Renard, cofondateur de Meditect

Romain Renard, cofondateur de  « Meditect » - Photo © Meditect

Romain Renard, cofondateur de « Meditect » - Photo © Meditect

L'application Meditect détecte les faux médicaments. Un enjeu de santé publique et financier pour les laboratoires, clients de cette start-up technologique bordelaise qui veut devenir leader en Afrique francophone.

En quoi consiste Meditect ?

Il s'agit d'une application, gratuite pour les pharmaciens et les patients, disponible en Côte d'Ivoire. En scannant une boîte de médicaments, ils accèdent aux informations concernant l'authenticité du produit, la posologie et des informations vulgarisées sur leur utilisation. En plus, l'application propose d'autres fonctionnalités, comme une carte des pharmacies, utile car il n'y n'en existe pas autant qu'en France. Un « calculateur d'ordonnance » permet au patient de savoir à l'avance combien elle va lui coûter. Cela représente un enjeu, en l'absence de sécurité sociale, et lorsque l'on paie essentiellement en liquide.

En amont, nous travaillons avec les laboratoires pharmaceutiques. Ce sont nos clients. Pour permettre la traçabilité des médicaments, ils produisent un « datamatrix », une sorte de QR code avec un numéro de série unique pour chaque boîte. Ils nous le transmettent et nous l'intégrons dans nos systèmes informatiques sécurisés. Nous avons déjà cinq millions de boîtes enregistrées .

 

« Le médicament est le bien le plus contrefait au monde »

Combien ce marché est-il prometteur ?

Pour l'instant, nous travaillons avec le laboratoire UPSA, mais d'ici quelques mois, d'autres laboratoires français devraient le rejoindre. Pour eux, l'enjeu est de lutter contre les faux médicaments. C'est un problème pour les patients, dont les laboratoires se soucient, et cela constitue aussi un manque à gagner. Le médicament est le bien le plus contrefait au monde. Cela représente 200 milliards de dollars de manque à gagner par an, d'après plusieurs études de cabinets comme Deloitte.

En Europe, le phénomène est de faible ampleur. Il est surtout concentré sur la distribution sur Internet et sur quelques gammes thérapeutiques, dont les médicaments pour les dysfonctionnements érectiles. En revanche, dans les pays en développement, cela concerne tous les médicaments du quotidien, le paracétamol, les antibiotiques... Et cela touche tous les circuits de distribution, quoique de manière inégale selon les pays. Mais même en Cote d'Ivoire, on trouve des médicaments contrefaits dans des pharmacies un peu excentrées, à la campagne...

Quelles sont vos ambitions ?

L'idée de Meditect est née avec Arnaud Pourredon, médecin de formation. En participant à des missions humanitaires, il a pu constater l'ampleur du phénomène. En 2017, nous avons créé l'entreprise. Nous avons commencé par nous implanter en Côte d'Ivoire, où nous sommes les seuls à être présents. L'entreprise compte une vingtaine de salariés, et souhaite se déployer dans les pays de l'Afrique francophone, avec un maximum de laboratoires, et couvrir, a minima, l'ensemble des médicaments essentiels.

La croissance démographique et une classe moyenne qui se développe génèrent une augmentation des ventes de médicaments. Et la population est très connectée, les smartphones sont très accessibles. Nous pensons que nous allons pouvoir répondre à un maximum de besoins. Pour nous, Meditect a une mission à caractère social, d'intérêt public, ce qui n'est pas antinomique avec la volonté d'être rentable. D'autant qu'il ne serait pas possible d'innover sans réaliser des investissements importants, en particulier dans le domaine technologique.