Thomas Loyatho donne vie à la MYTHOLOGIE BASQUE
L’artiste plasticien Hazpandar Thomas Loyatho se distingue par sa capacité à donner vie à un monde obscur, mystérieux et intime à travers son travail artistique. Il est actuellement l’invité d’honneur d’Ospitalea, le Centre Départemental d’Éducation au Patrimoine situé à Irissarry, qui lui consacre une exposition jusqu’au 1er décembre 2023.
Le tout nouvel appel à projets « Art et Patrimoine », lancé par le Département des Pyrénées- Atlantiques en juin 2023, a permis la sélection de cinq artistes spécialisés dans les arts visuels. Après des délibérations menées par un jury composé de professionnels de la Culture du Département et d’élus locaux, Thomas Loyatho a été choisi pour cette première édition. Son projet artistique unique qui fusionne le folklore local, la réinterprétation des pratiques traditionnelles ancestrales et le travail de la matière a conquis le jury.
Un artiste et sa matière
Thomas Loyatho place la matière au coeur de sa démarche artistique. Ses matériaux, directement extraits de l’environnement proche (liane, bois, écorce, herbe, laine, os, plume, bouse de vache, cendre et chaux…), renferment en eux des qualités plastiques infinies, des formes aux couleurs en passant par les textures et les odeurs. Inspirés par ce qui l’entoure, ses projets tirent leur essence des pratiques et coutumes traditionnelles. Les substances que l’artiste extrait de son environnement appartiennent littéralement au Pays Basque et sont utilisées dans la réalisation d’oeuvres représentant la culture et l’âme de ce même territoire. Entre clin d’oeil et mise en abîme, cette combinaison apporte force et symbolisme aux créations de l’artiste. Dans son exposition présentée à la Commanderie Ospitalea à Irissarry intitulée « Itzal Herria #2 », l’ours et Basajaun, deux personnages de la mythologie basque, cohabitent au sein d’un cabinet de curiosités. Chaque élément de ce cabinet reflète les recherches archéologiques expérimentales de l’artiste. « Itzal Herria » ou « Le Pays de l’ombre, » – terme phonétiquement proche d’Euskal Herria (Pays Basque) – est un espace intime, un lieu de liberté artistique et créative où les expérimentations sont les bienvenues.
L’artiste met en avant l’utilisation de matériaux pauvres ou sobres, ce qui dans son cas encourage la créativité et l’exploration de nouvelles possibilités. Ses créations remettent en question les étiquettes imposées aux matériaux et la notion de rareté, changeant ainsi la perception de la richesse.
Ranimer le folklore
L’exposition met en scène deux personnages emblématiques de la mythologie basque : l’ours (hartza) et Basajaun, le seigneur sauvage. Créés à partir de matériaux glanés dans la nature, ces personnages sont destinés à être portés lors des fêtes carnavalesques. Ils symbolisent la dialectique nature/culture, l’ours représentant la part sauvage de l’homme, tandis que Basajaun est un point de jonction entre l’homme et la nature.
L’exposition interroge les rapports de l’homme à la nature et ressuscite des rites imprégnés de mythologie. De plus, elle témoigne de l’attrait contemporain pour les pratiques ancestrales dans le Pays Basque. Le film « Pasaia », réalisé par la vidéaste Giulia Grossman en 2022, accompagne les installations de Thomas Loyatho. Il plonge le spectateur dans un univers où la mythologie locale s’entremêle à des paysages intemporels, des coutumes et des croyances, symbolisant le cycle du temps.
L’exposition est également accompagnée d’un programme d’animations variées telles que des visites guidées, des ateliers artistiques ou des conférences. Elle permet aux visiteurs de s’immerger au coeur du folklore basque et de découvrir l’art sous un nouvel angle, en le reliant au riche patrimoine culturel de la région. L’oeuvre de Thomas Loyatho témoigne de l’importance de l’art en tant qu’outil pour préserver et partager les traditions et les légendes.
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