Sélection culturelle : Livres, films, spectacles et festivals

Vicky Krieps et Vincent Lacoste, à l'affiche de "De nos frères blessés" © DR

Voici une sélection de livres, films et spectacles à lire et voir en ce mois de mars. Des œuvres fortes, plutôt réalistes pour certaines, poétiques et humoristiques pour d’autres. Une sorte de panier garni de fictions en tous genres, dont les langues singulières (littéraires, cinématographiques ou scéniques) ouvrent le regard sur l’autre et sur nous-mêmes.

Livres

Un roman ado profond et palpitant (fiction ado)

Premier confinement. Jo part à la campagne avec sa mère et son frère, pendant que son père reste travailler à l’hôpital. La maison où ils s’installent est la maison des grands-parents, morts dans un accident deux ans plus tôt. Au fil des jours surviennent des évènements étranges et inquiétants. La jeune fille décrit à la fois ce nouveau quotidien loin de ses amies et du collège, où la connexion internet intermittente la coupe de son environnement habituel, et les phénomènes terrifiants se déroulant dans la maison hantée. Peu à peu est dévoilé un lourd secret lié à l’enfance de la mère. Ce roman enchantera les jeunes lecteurs (et leurs parents !) par son sens du suspens, sa faculté de parler de la jeunesse en temps de COVID et des blessures d’enfance, avec beaucoup de pudeur et de finesse. La-gueule-du-loup d’Eric Pessan, L’École des loisirs.

Familles je vous hais ! (fiction adulte)

« Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère. » Ainsi commence le livre Famille de Lydie Salvayre. Un roman court, tranchant, qui raconte le quotidien d’une famille à la dérive, foyer idéal pour un fait divers sordide. Rendant à chacun une humanité menacée par le néant, l’auteure tisse un fil dramatique intense entre le fils au cerveau malade, la mère qui vit dans ses feuilletons télé et le père alcoolique et violent. Pas de misérabilisme pourtant, ni de voyeurisme. Une incroyable plongée au cœur d’une microsociété malade et tellement humaine, menée par une écriture et un rythme admirables, avec des fulgurances poétiques dans la bouche du fils schizophrène. Famille de Lydie Salvayre, éditions Tristram.

Un étau qui se resserre inexorablement (fiction adulte)

« Quand il n'est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui, du haut de ses vingt ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l'aider à trouver un logement. » Dans son nouveau roman, Tanguy Viel brosse le portrait d’une petite ville bretonne du bord de mer (Saint-Malo, en l’occurrence) où une fille de 20 ans, Laura, se retrouve prise dans un engrenage fait d’abus de pouvoir et d’affaire de mœurs. Le romancier déroule avec précision les faits, avec des phrases amples, une écriture concrète et sans psychologie, qui avance inexorablement. C’est prenant, rageant, c’est une histoire de notre temps. La fille qu’on appelle de Tanguy Viel, Les éditions de Minuit.

Pastiche d’enquête policière en BD (BD adulte)

Le dernier opus de Fabcaro, auteur du génial Zaï zaï zaï zaï (la course poursuite d’un homme recherché parce qu’il n’a pas pu présenter sa carte de fidélité dans un magasin, bande dessinée qui vient d’être adaptée au cinéma) est une nouvelle BD hilarante : Moon river, une enquête policière burlesque entrecoupée par des intermèdes absurdes. Fabcaro intègre dans ce nouveau livre ses ingrédients fétiches : un zeste d’autodérision, des détournements de genres (le polar, le western), une construction en « zapping » avec différents styles de dessins et de narrations qui se croisent. Difficile de raconter l’intrigue sans casser l’effet de...

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