PAU : renaissance du bâtiment des GALERIES LAFAYETTE
« Originalité et fidélité aux 100 dernières années ». C’est en ces termes que François Bayrou décrit le projet architectural retenu pour le bâtiment emblématique de Pau, que le premier magistrat qualifie de « locomotive commerciale pour le centre-ville ».
En 2016, un incendie accidentel ravageait Les Galeries Lafayette de Pau, véritable institution située place Clemenceau, laissant pendant plusieurs années planer le doute quant au devenir de ce lieu. Six ans plus tard, la Société d’Économie Mixte locale Pau Pyrénées, investisseur patrimonial, fait l’acquisition pour la somme de 750.000 € de ce bâtiment emblématique. Il y a quelques mois, la SEM lançait une consultation auprès de quatre cabinets d’architecte pour redonner vie au bâtiment. La consultation donnait aux architectes deux objectifs : conserver la vocation patrimoniale du bâtiment tout en lui redonnant la fonction de poumon économique du coeur de ville. Le 24 novembre dernier, l’architecte Chamss Arouise a détaillé le chemin parcouru et ses partis-pris architecturaux pour arriver au projet retenu par la SEM.
Une enquête pour mieux comprendre le bâtiment
Chamss Arouise nous plonge au coeur de l’enquête qu’elle a menée pour comprendre l’histoire de ce bâtiment érigé en 1907. Devant le bâtiment actuel, deux questions se posent à l’architecte. Pourquoi cette façade ouest, qui donne sur la préfecture, ne raisonne- t-elle en rien avec la façade avant ? Et pourquoi la façade avant est-elle si différente de ce que l’on voit sur les photos historiques ?
Les réponses, elle les trouve à 450 km de là, à vol d’oiseau, à Saint-Étienne. Architectes originaires de cette ville, Pierre et Marcel Lamaizière ont dessiné les plans de ce qu’on appelait à l’époque les Galeries Modernes. Les archives sont très complètes. Elles dévoilent que la façade latérale était alors un simple mur mitoyen, accolé à un autre bâtiment. Concernant la façade avant, les croquis précis confirment une façade en pierre de taille dans le style Art nouveau, avec de riches ornementations, une marquise et un haut aux courbes arrondies. Les archives montrent également que la façade, telle qu’on la connaît aujourd’hui, n’est autre que l’oeuvre de l’architecte autrichien Adolf Loss pour qui « l’ornementation est un crime ». En 1929, elle perd donc de son faste, débarrassée de sa marquise, de ses ornementations et des courbures caractéristiques de l’Art nouveau.
Au coeur de sa démarche architecturale, Chamss Arouise va donc s’attacher à redonner toute sa superbe au bâtiment pour en retrouver l’essence tout en prenant en compte la destinée commerciale du lieu. Elle dévoile point par point ses prises de position et ses inspirations pour imaginer et dessiner le futur du bâtiment, extérieur et intérieur. La façade latérale, située à l’ouest, sera minérale, avec des trames répétées. Des détails permettront de rythmer cette partition. Elle s’inspire ici du travail d’Auguste Perret qui a oeuvré notamment pour la reconstruction de la ville du Havre. La façade avant retrouvera sa marquise perdue ainsi que sa tête courbe. La façade arrière jouera sur la transparence, avec une technique artisanale de gaufrage sur des briques de verre pour donner de la nuance et de la texture. « L’objectif est ici de redonner la transversalité au bâtiment qui relie la place Clemenceau au Hédas », décrit l’architecte. L’intérieur du bâtiment, complètement ravagé par l’incendie, n’est pas en reste. Il va s’agir de donner de la rationalité au bâtiment « grâce à une structure basilicale, chère aux Romains », explique Chamss Arouise. Il sera surplombé d’une coupole. Dans son projet, Chamss Arouise cherche également à réparer ce qu’elle nomme « une injustice », avec les modifications qui ont été apportées au fil du temps à l’intérieur du bâtiment. Elle ambitionne de « revenir au lyrisme de l’époque ». On trouve ainsi dans le projet un escalier, rappel aux escaliers monumentaux, qui vient créer l’évènement sous la coupole. Les poutres et les poutrelles Eiffel, présentes dans la structure d’origine, ont également leur place dans le nouveau projet. Celles encore en état après l’incendie seront diagnostiquées et réutilisées si possible.
Un bâtiment adaptable
La SEM a demandé aux architectes consultés d’étudier deux scénarios. Un premier à vocation 100 % commerciale. Un second mixte, comportant une partie commerciale et un espace complémentaire dont l’usage reste à déterminer. C’est à l’arrière du bâtiment que le Cabinet Chamss Arouise a répondu à cette exigence grâce à la construction d’un deuxième bâtiment. Et toujours dans le souci de garder le lien avec l’histoire du lieu, elle est directement inspirée de la façade arrière dessinée par les architectes stéphanois. Ce bâtiment pourra être exploité à différentes fins en fonction de l’évolution du projet : hôtel, bureau, commerce.
Dans le projet présenté, l’architecte suggère l’implantation d’un restaurant panoramique sous la coupole. Quant aux futurs commerces qui viendraient s’installer dans le bâtiment, François Bayrou confie que « les discussions sont en cours avec les Galeries Lafayette ».
Le projet de construction est estimé à 15 millions d’euros. « C’est le projet le moins coûteux des quatre », souligne le Maire de Pau. Quant à la livraison du bâtiment, elle est annoncée pour début 2028, même si François Bayrou partage son souhait de pouvoir aller plus vite.
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