NAVAJOS et IROQUOIS en visite à Bayonne
En séjour sur la Côte Basque durant le mois de juin, quatre Amérindiens ont présenté leur culture lors d’un moment d’échange à la Maison diocésaine de Bayonne. Ils nous plongent dans leurs univers fascinants.
C’est au son de sa langue natale que Daniel Esplin démarre sa présentation. « Ya’at’eh », lance-t-il à l’audience pour dire bonjour en navajo. L’idiome de ce peuple indigène du sud-ouest des États-Unis est d’ailleurs célèbre pour avoir été utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces « code talkers » déjouaient ainsi l’ennemi japonais en établissant un langage codé, basé sur le navajo. Une spécificité qui est loin d’être la seule de ce peuple.
Plonger dans la culture amérindienne
Établis sur quatre états américains (Utah, Colorado, Nouveau-Mexique et Arizona), les Navajos occupent un territoire vaste comme 1/5 de la France. En observant les trois représentants de ce peuple, présents ce jour à Bayonne, on devine un certain savoir-faire artisanal. En effet, les trois hommes arborent fièrement de beaux et longs colliers de pierre et d’argent. Une tradition importée du voisin du sud, le Mexique. « Ce sont les Espagnols qui ont apporté ce savoir-faire au Mexique, puis les Mexicains nous l’ont transmis », explique Robbie. Orfèvre de profession, l’artisan gagne sa vie en façonnant des bracelets, des colliers, des boucles d’oreilles ou encore des boucles de ceinture. Tous ces bijoux ont pour point commun d’être sertis de turquoise. « C’est un symbole de protection pour nous, beaucoup ne sortent pas de chez eux sans en porter ».
Avec les trois hommes, figure aussi une femme. C’est Coreen, l’épouse de Daniel. Pour demander sa main, le futur mari a dû mettre la main à la poche. « Dans notre culture, l’homme doit payer pour se marier. Il peut le faire en bijoux, avec du bétail ou tout simplement avec de l’argent. C’est toujours le cas aujourd’hui », précise Daniel.
Si ce dernier est Navajo, Coreen est Iroquoise, un peuple du nord-est des États-Unis. « Autrefois, on se mariait au sein de la même tribu, mais maintenant c’est courant de voir des unions de tribus différentes ».
Coreen vient du peuple autochtone iroquois, lui-même composé de six tribus dont la sienne : les Senecas, elle aussi constituée de huit clans. Réputés pour leur esprit guerrier, les Iroquois sont aussi connus pour leurs aptitudes à travailler en hauteur, notamment sur les gratte-ciels new-yorkais. Si autrefois, ils occupaient l’intégralité de l’État de New York, ils se trouvent aujourd’hui cantonnés à quelques réserves au nord de l’état.
De leur tradition guerrière, ils ont conservé un jeu atypique, réservé aux jeunes hommes. Le « fireball » est une sorte de rugby à une différence près. « La balle en tissu est trempée dans du kérosène puis embrasée. La partie se joue à mains nues jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de balle », explique Coreen. Un autre sport moins brûlant provient de la culture amérindienne. Largement pratiquée dans les écoles et universités nord-américaines, la crosse a été inventée par des peuples autochtones (Iroquois, Cherokee…) avant d’être codifiée par un Canadien.
Préserver des langues ancestrales
Aux États-Unis, on dénombre 574 tribus, et plus de 600 chez le voisin canadien. « Chacune a sa propre langue et sa propre culture », souligne Daniel. D’ailleurs, ils n’aiment pas forcément qu’on les appelle Indiens. « Ce nom provient d’une erreur commise par Christophe Colomb ». À cette appellation, ils préfèrent utiliser les termes indigènes ou autochtones. Quant à leurs langues, elles se sont peu à peu réduites à peau de chagrin. Depuis quelques années cependant, une renaissance s’organise avec la mise en place d’écoles enseignant ces langues dans les réserves. « Les enfants ont ainsi un apprentissage de leur langue, mais s’ils veulent pousser les études, ils sont obligés de sortir des réserves et d’intégrer alors des écoles en anglais ».
Heureux d’être au Pays Basque, les quatre Amérindiens sont aussi fiers grâce au regard que l’on porte sur eux en France. « Les Américains nous regardent de haut donc ça nous fait bizarre d’être en Europe, car ici on nous aime ».
Avant de repartir quelques jours après vers Paris puis vers les Amériques, le quatuor n’a pas manqué de visiter Bayonne et de ramener quelques souvenirs. « J’ai acheté du chocolat pour l’apporter à ma famille », sourit Robbie.
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