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Vie locale

L’INCLUSIVITÉ, ou l’art de concevoir des espaces POUR TOUS

© Drazen - stock.adobe.com

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Alors que les Jeux Paralympiques viennent de se terminer, la question de l’accessibilité et de l’inclusivité est plus que jamais au coeur des préoccupations. Ce défi ne se limite pas aux terrains de sport, et s’étend à la vie quotidienne, notamment dans l’architecture d’intérieur. Murielle Dejean, architecte d’intérieur, nous éclaire sur l’importance de créer des espaces adaptés à tous, qu’il s’agisse de logements, de lieux de travail ou d’espaces publics.

LPA : Qu’est-ce que l’inclusivité selon vous ?

Murielle Dejean : L’inclusivité, en architecture d’intérieur, c’est créer des espaces qui répondent aux besoins de toutes les personnes, quelles que soient leurs capacités physiques, leurs origines culturelles ou leurs préférences personnelles. Il ne s’agit plus seulement de respecter des normes d’accessibilité, mais de repenser complètement la manière dont nous concevons les espaces pour qu’ils soient accueillants et fonctionnels pour tous.

LPA : Pouvez-vous nous donner un exemple concret d'un espace inclusif ?

MD : Prenons l’exemple d’une salle de séjour. Un espace inclusif tiendra compte non seulement des personnes valides, mais aussi des individus en fauteuil roulant, des personnes âgées ou des enfants. Cela peut se traduire par des portes plus larges, des mobiliers modulables et ajustables en hauteur, ou encore des systèmes de contrôle de lumière et de température accessibles pour tous. De plus, la sélection des matériaux est très importante, notamment au niveau des revêtements de sol.

LPA : L’inclusivité est-elle uniquement une question d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ?

MD : Non, c’est bien plus large que cela. L’inclusivité concerne également les personnes malvoyantes ou malentendantes, les familles avec de jeunes enfants et celles qui ont des besoins sensoriels spécifiques. Par exemple, pour les malvoyants, il est essentiel de penser à des contrastes visuels marqués pour mieux se repérer dans l’espace. Pour les personnes malentendantes, l’acoustique joue un rôle fondamental dans le confort. L’idée, c’est créer des environnements où chacun peut interagir avec l’espace de manière autonome et confortable.

LPA : Est-ce que cette démarche est demandée par vos clients ou est-ce une initiative personnelle ?

MD : C’est un peu des deux. De plus en plus de clients sont sensibilisés à ces questions et souhaitent que leurs espaces soient accessibles à tous. Cependant, je pense que c’est aussi la responsabilité des architectes d’intérieur de proposer des solutions inclusives, même si elles ne sont pas spécifiquement demandées. Beaucoup de personnes ne réalisent pas que de petits détails peuvent faire une grande différence dans le quotidien de certains.

LPA : Comment le secteur de l’architecture d’intérieur évolue-t-il face à ces enjeux ?

MD : Je remarque une prise de conscience croissante. De plus en plus de professionnels s’intéressent aux notions de design universel, c’est-à-dire un design qui soit utilisable par tous, sans avoir besoin d’adaptations spéciales. Cette approche est particulièrement visible dans les espaces publics comme les hôpitaux, les écoles ou les lieux de travail. Cependant, il reste encore beaucoup à faire dans le secteur résidentiel et les petits commerces.

LPA : Quels sont les défis pour intégrer cette inclusivité dans la pratique quotidienne ?

MD : Le premier défi, c’est souvent le budget. Beaucoup de solutions inclusives, comme des systèmes technologiques ou des aménagements spécifiques, ont un coût. Ensuite, il y a aussi la résistance au changement. Il faut donc parfois faire preuve de pédagogie pour expliquer en quoi ces aménagements sont bénéfiques pour tous. Enfin, il y a la question de l’esthétique : intégrer l’inclusivité tout en maintenant un design qui soit esthétiquement plaisant peut demander une certaine créativité.

LPA : Comment voyez-vous l’avenir de l’inclusivité dans l’architecture d’intérieur ?

MD : Je suis optimiste. Je pense que l’inclusivité deviendra une norme, et non plus une option. Avec l’évolution des mentalités et des technologies, il sera de plus en plus facile et abordable d’intégrer des solutions inclusives dans tous les projets.