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Entreprise

Les professionnels du chiffre et du droit au chevet des entrepreneurs

Les professionnels du chiffre et du droit sont extrêmement sollicités par les entreprises inquiètes quant à leur avenir @ DR

Les professionnels du chiffre et du droit sont extrêmement sollicités par les entreprises inquiètes quant à leur avenir @ DR

Depuis le début de la crise, ils sont extrêmement sollicités par les entreprises inquiètes quant à leur avenir. Depuis leur domicile, les professionnels du chiffre et du droit continuent à exercer leur mission de conseil et d’accompagnement avec des clients parfois déboussolés par la situation. Nous nous sommes entretenus avec six d’entre eux sur l’organisation de leur travail, l’état d’esprit de leurs clients et les interrogations auxquelles ils font face. En voici quelques extraits choisis.

La résilience pour un futur rebond

« Le rythme de travail a considérablement augmenté avec, en plus, les enfants à gérer à la maison. On s’organise pour avancer auprès des clients et pour maintenir notre propre activité et nos emplois. Les chefs d’entreprise vivent des moments compliqués, on essaie de les soulager et de les aider à prendre les meilleures décisions, ou parfois les moins pires. Certaines entreprises vont passer le cap mais pour les plus petites, celles qui vivotent déjà en temps normal, ça va être compliqué. Dans le secteur du tourisme, cela ne pouvait pas plus mal tomber. Nous sommes une région touristique avec une forte activité saisonnière. Beaucoup de commerces (restaurants, hôtels… ) font du chiffre de mai à septembre puis, ils vivent sur leurs réserves d’octobre à mars. La crise arrive au moment où les caisses sont vides, celui où ils auraient dû redémarrer pour à nouveau amorcer la pompe. Les chefs d’entreprise sont inquiets car la situation est dramatique mais malgré tout, ils font preuve de résilience. Ils sont tournés vers l’avenir, vers le rebond et tous veulent maintenir l’emploi ».

Stéphane Marchand, expert-comptable et commissaire aux comptes, cabinet Arrijuria à Anglet.

À quelle sauce allons-nous être mangés ?

« Au cabinet, tout le monde est en télétravail avec un ordinateur portable et un accès à distance. Pour ma part, j’avais l’habitude de ce mode de fonctionnement puisque je le faisais déjà depuis les locaux des clients. Depuis le vendredi 13, tout s’est arrêté sur le quotidien, en pleine période de bilans. Depuis cette date, nous sommes là pour accompagner et rassurer les chefs d’entreprise qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Sur la question du chômage partiel, par exemple, les entreprises doivent faire l’avance des salaires or certaines, avec un chiffre d’affaires fortement impacté, n’ont pas la trésorerie. Dans ce cas, il faut donc un prêt garanti par la BPI, alors on les aide à monter les dossiers. L’autre problématique importante est celle de la rémunération du chef d’entreprise. On n’en parle pas mais un salarié peut avoir le chômage partiel (jusqu’à x 4,5 SMIC) alors qu’un dirigeant est limité à 1.500 € d’aide au maximum, avec des conditions d’obtention draconiennes ».

Nans Andrillat, expert-comptable, cabinet Lecca à Bayonne.

Faut pas que ça dure

« Tout le monde a paniqué suite aux premières annonces. On passe beaucoup de temps au téléphone avec les clients pour les rassurer, les sensibiliser et les aider à trouver les meilleures solutions. Tout le monde au cabinet est en télétravail mais il y a une certaine déperdition liée à la vie de famille. À cela s’ajoute un vrai état de fatigue lié à l’incertitude, l’anxiété, l’arrivée quotidienne de dispositions nouvelles… Beaucoup de chefs d’entreprise gardent le moral en espérant reprendre au plus vite. Mais si ça dure 2-3 mois, tout le monde ne s’en relèvera pas. Beaucoup d'entreprises n’ont pas de trésorerie, et celles qui ont mis 10 ans à se la constituer vont la voir partir en quelques semaines. Faut pas que ça dure ! ». 

Cécile Borg, expert-comptable et commissaire aux comptes, cabinet Socoex à Anglet

Malgré le contexte, les opérations sont maintenues

Les moyens techniques nous donnent cette chance de continuer à exercer et à échanger avec les clients. J’adapte ma vie professionnelle et ma vie de famille avec ce télétravail. Avec un bébé de 7 mois et son papa pharmacien (donc très occupé actuellement), je m’organise, notamment en travaillant tôt le matin et tard le soir. Malgré le contexte, les opérations prévues (acquisition de société et cession de fonds de commerce) sont maintenues avec la mise en place de la signature électronique. Elles n’ont pas été remises en cause. En revanche, c’est au niveau des banques que ça bloque, les nouvelles affaires n’étant pas leur priorité. En terme de volume, mon activité n’est pas trop impactée pour le moment, elle le sera peut-être plus tard. Il n’y aura pas autant de nouveaux projets qu’il y aurait dû en avoir sans cette crise ».

Charlotte Fortin, Avocat Conseil en droit des affaires à Biarritz.

L’été qui suivra ne sera pas ordinaire

« Nous n’avons pas d’activité judiciaire donc nous traitons les dossiers en cours. La dématérialisation facilite notre télétravail. Pour le moment ce sont surtout les avocats en droit du travail qui ont été sollicités. Nous le serons dans un second temps quand il s’agira d’évoquer les loyers et, si ça se prolonge, les mesures de sauvegarde judiciaires. Les plus fragiles sont sans doute les hôtels restaurants et les professionnels du tourisme. Car même l’été qui suivra ne sera pas un été ordinaire ».

Christophe Caussade, Avocat en droit des affaires à Anglet.