Les FORGES de l’Adour, une vie entre l’usine et la cité
Fin XIXe, alors que Boucau vit de la pêche et Tarnos de ses fermes agricoles, l’implantation d’un complexe sidérurgique d’ampleur sur l’estuaire de l’Adour engendre de profondes mutations économiques et sociales en bouleversant le paysage et la vie des deux localités.
La construction des Hauts Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de fer, appelés « Usine des Forges de l’Adour », démarre en 1879. L’activité est lancée avec le premier rail sorti en 1883. Offrant des emplois en masse grâce à l’importance de son activité durant la première moitié du 20e siècle, l’usine des Forges draine des ouvriers de la France entière et au-delà. Pour loger cet afflux de main-d’oeuvre venant gonfler la population locale, des quartiers entiers sortent de terre, dont l’emblématique Cité des Forges.
Un complexe sidérurgique d’envergure
Le Directeur de la Compagnie, Claudius Magnin, choisit le site de Boucau-Tarnos pour construire son complexe sidérurgique en raison de la situation géographique idéale en termes d’approvisionnement de l’usine. En effet, l’Adour permet d’acheminer aisément les minerais de fer espagnols ainsi que le charbon anglais. L’usine des Forges représentera jusqu’à 80 % du trafic maritime du Port de Bayonne. De plus, la desserte ferroviaire conférée par la ligne Paris-Bayonne favorise le développement commercial de l’usine. Jusqu’en 1914, les Forges fournissent la totalité des rails de la Compagnie des chemins de fer du Midi, et deviennent ainsi un des premiers producteurs de fonte et d’aciers spéciaux. Accédant au rang de plus grande entreprise sidérurgique du Sud-Ouest, entre 1 500 et 2 000 personnes (ouvriers, employés, cadres et ingénieurs) travaillent sur les 26 hectares de ce vaste et unique complexe qui se modernisera au fil du temps.
Une cité sortie de terre
En une vingtaine d’années, la population de Tarnos et de Boucau double. Si l’usine recrute les forces vives locales, elle attire également de nombreux ouvriers français, espagnols et belges. Dans ses passionnants ouvrages sur le sujet, Jacques Vergès raconte que plus de 2 000 personnes vivent à proximité des Forges dans les années 1900. Cet essor démographique nécessite la création de nouveaux logements, écoles et commerces. Construite sur le modèle des cités industrielles du Nord et du Centre de la France, la Cité des Forges émerge dès 1883. Les différents ensembles architecturaux traduisent un certain ordre social : les appartements à destination des ouvriers ou « casernes », les maisons pour les contremaîtres, puis, hors de la Cité, les villas...
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