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Vie locale

Le PAYS BASQUE veut surfer sur l’énergie HOULOMOTRICE

© ArgitopIA - stock.adobe.com

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Les vagues forment la houle et cette dernière peut être transformée en énergie productrice d’électricité. Au terme d’un partenariat d’innovation, l’agglomération Pays Basque et la région Nouvelle-Aquitaine viennent de déterminer l’emplacement de la première ferme houlomotrice productive de France. Elle sera au large de Biarritz et Anglet et devrait entrer en service pour 2030.

« Le potentiel est gigantesque », s’enthousiasme Mathieu Bergé, conseiller régional de la Nouvelle-Aquitaine. Si l’élu se réjouit ainsi, c’est qu’un projet initié dix ans plus tôt commence enfin à se concrétiser. Mais en réalité, si le gisement a été identifié dès 2012 dans le Golfe de Gascogne, l’idée d’exploiter l’énergie de l’océan pour produire de l’électricité est bien plus ancienne. Le premier brevet visant à exploiter l’énergie des vagues a été déposé en France en 1799. Et déjà en 1929, un certain Paul Grasset créait l’ancêtre de la future ferme houlomotrice, au pied du phare de Biarritz. Un siècle plus tard, c’est quasiment au même endroit qu’un projet novateur pour le territoire verra le jour.

Après avoir identifié le potentiel, un partenariat entre la Communauté d’Agglomération et la Région d’innovation a permis de lancer les études pour positionner l’emplacement exact du futur site d’exploitation. D’une vingtaine de zones de 2 km2 présélectionnées, une seule a finalement été retenue. Elle se situe face au Phare de Biarritz, à une distance de 7,5 km des côtes et à une profondeur comprise entre 60 et 70 mètres.

Le projet est ambitieux et les élus annoncent, en choeur, une mise en service en 2030. « Notre objectif est de développer les énergies vertes et de couvrir avec ce site, 30 % des besoins énergétiques du territoire » assure Jean-René Etchegaray, président de l’agglomération Pays Basque.

Un contour encore vague

Si l’enthousiasme est partagé par l’ensemble des élus, les questions sont encore nombreuses. Certes, l’emplacement est désormais connu, mais le coût de l’opération et des modalités sont loin d’être définis. Sans plus de précisions, Jean-René Etchegaray évoque « un budget à plusieurs centaines de millions d’euros ». Pour le financement, les deux collectivités locales comptent sur l’appui de l’État et sur un partenariat industriel. À l’heure actuelle, l’énergie houlomotrice n’est pas encore officiellement reconnue par l’État et l’objectif est qu’elle le devienne rapidement afin de déclencher des aides massives en sa faveur. « Notre but est d’obtenir son inscription dans la future Programmation Pluriannuelle de l’énergie », annonce Mathieu Bergé.

Une telle reconnaissance permettrait d’envisager une aide étatique pour le secteur et ainsi de combiner un dossier alliant subventions directes pour la construction du site et partenariat industriel qui permettrait à l’entreprise de racheter l’électricité ainsi produite à prix préférentiel.

Outre le financement, l’aspect technologique n’est pas vraiment déterminé. « L’océan n’a pas été dompté dans beaucoup d’endroits », constate Martine Bisauta, en charge des questions environnementales à l’agglomération Pays Basque. Si la technologie est innovante, elle n’a pas encore atteint son stade de maturité. Même si les choses s’accélèrent ces dernières années, un modèle référent n’a pas pour l'instant été retenu.

L’emplacement idéal

Reste donc à choisir et à parier sur la bonne méthode (celle qui fera l’unanimité dans l’avenir) et ainsi devenir la première ferme houlomotrice productive du pays.

Avant l’adoption de la technologie, c’est aujourd’hui le site qui est définitivement arrêté. Il répond à tous les critères tant en matière de captation d’énergie que de contraintes. À cet endroit, pas de gêne pour les activités commerciales ou de pêche. Il se situe en dehors de la zone Natura 2000, et hors des courants de migrations des cétacés. L’emplacement possède tous les feux au vert et cela « n’aura aucun impact visuel sur le littoral », assure Maider Arosteguy. « C’est important pour notre activité économique et touristique», souligne la maire de Biarritz.

Les élus partagent l’enthousiasme et l’emplacement est approuvé par tous les acteurs locaux. Deux prochaines étapes restent à franchir avant de pouvoir transformer l’essai : la reconnaissance étatique et l’implication d’un groupe industriel. Sur le premier point, le travail est en cours auprès des offices ministériels. Sur le second, de grosses entreprises seraient déjà sur les rangs. Toutes les cartes sont donc sur la table, ne reste plus qu’à les jouer au mieux et au bon moment.