Le bâtiment, une filière en quête de performance et de sens
Avec le lycée Cantau, l’école d’ingénieurs ISA BTP, le centre de recherche appliquée Nobatek/INEF4 et la technopôle Arkinova, Anglet est devenu un haut lieu de l’éco-construction. Le 24 novembre dernier, l’espace Océan rassemblait les acteurs de cette filière d’avenir autour d’un dilemme cornélien : faut-il choisir entre performance et esthétisme pour nos bâtiments ? Marraine de l’événement, l’universitaire spécialisée en architecture Julie Gimbal a répondu à nos questions en compagnie de Frédéric Betbeder, ingénieur et responsable du pôle Innovation au sein de la structure Nobatek/INEF4.
LPA : Nous vivons actuellement une période de profonde mutation et le bâtiment n’y échappe pas. Quels changements majeurs s’opèrent actuellement ?
Julie Gimbal : Nous vivons une époque traversée par les crises, ce qui nous oblige à faire un constat critique. La remise en question se fait notamment pour l’architecture afin d’éviter les passoires thermiques. L’idée de performance énergétique dans le bâtiment est aujourd’hui dominante, peut-être un peu trop d’ailleurs. Il faut aussi penser à la reconnexion du bâti à l’environnement, ainsi qu’à l’inclusivité.
Frédéric Betbeder : Nous sommes dans une crise climatique, mais peut-être parle-t-on trop d’énergie. La performance doit être la conséquence d’autre chose. Oui il faut faire des bâtiments plus performants au point de vue énergétique mais il ne faut pas que ce soit au détriment du reste. Les réponses ne doivent pas uniquement se focaliser sur l’énergie.
Jusqu’à maintenant, le moteur de l’évolution du bâtiment et de l’habitat a plutôt été le confort. Aujourd’hui ce moteur ne serait-il pas plutôt la responsabilité écologique ?
FB : Cela dépend, le moteur n’est pas le même pour tous. L’utilisateur final est plutôt orienté vers le confort (qualité de vie, confort thermique…), donc il y a un décalage car les réglementations préconisent en priorité de faire baisser la consommation d’énergie.
JG : Il ne faut pas sacrifier au confort. Il n’y a pas d’antinomie entre le confort et les performances énergétiques, bien au contraire. On peut conjuguer ces questions de durabilité avec un mode de vie qui ne serait pas contraignant. Pour cela, il faut placer au centre du sujet l’idée de reconnexion à l’environnement et au climat. L’homme doit être actif dans le fonctionnement du bâtiment que j’imagine comme un organisme vivant.
Les notions de performance et d’esthétique sont-elles conciliables ?
JG : Évidemment oui ! L’histoire de l’architecture démontre un art de la négociation ou de synthèse entre les...
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