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Vie locale

L’ASINERIE DE PIERRETOUN : une ferme découverte qui n’a pas dit son dernier mot

© LPA

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Aux portes de sa propriété, le dos droit, la tête fine, l’air robuste, il est là, bien planté. Son regard empli de curiosité se pose sur vous. Impressionné peut-être, attendri sûrement, vous décelez le calme et la sérénité chez Darrius, en témoignent ses grandes oreilles duveteuses tombant sur le côté… Il faut dire qu’une vie de baudet au sein d’un élevage de 14 ânesses a de quoi rendre jaloux plus d’un équidé !

On ne naît pas éleveur d’ânes, on le devient !

Située sur les hauteurs de La Bastide-Clairence, l’Asinerie de Pierretoun trône au coeur d’un espace naturel protégé. En 2009, Frédéric Ducazeau, ingénieur de métier et originaire du village classé, entame une reconversion dans l’agritourisme. Le quartier Pessarou et les 24 hectares familiaux disponibles offrent un formidable terreau pour la création d’activités rurales. Ces bêtes têtues ne laissent pas indifférent le jeune entrepreneur qui achète 3 ânes communs, puis commence son activité de balades à destination du grand public. La magie opère aussitôt. L’éleveur, ancré dans ses racines, tombe sous le charme de ses compagnons à sabots, et plus particulièrement d’une race en voie de disparition : l’Âne des Pyrénées (le Catalan). S’amorce alors une belle aventure…

L’Âne des Pyrénées : un bon compagnon

Solide, taillée pour les travaux forestiers et agricoles, cette race d’âne se reconnaît grâce au blanc qui marque le bout de son nez, le contour de ses yeux et le dessous de son ventre. Une fois éduqué et sociabilisé, son caractère craintif originel laisse place à une belle complicité avec l’humain. C’est son aspect physique, sa docilité et son intelligence qui ont charmé Frédéric et lui ont donné l’envie de participer à des concours annuels nationaux d’élevages. Il affiche d’ailleurs une jolie collection de médailles d’ânes et d’ânesses qui ont fait des prouesses.

Une ferme multifacettes

Si les sorties en autonomie en compagnie d’un âne s’inscrivent comme l’animation principale de la Ferme de Pierretoun dans ses débuts, les services et produits proposés vont progressivement se diversifier. En 2013, l’idée de fabriquer ses propres savons au lait d’ânesse émerge chez Frédéric. Il se dote alors progressivement d’un cheptel de femelles, puis ouvre son laboratoire au sein de la ferme. Le nectar aux mille vertus s’utilise désormais en savonnettes, proposées à la vente dans son espace boutique ainsi qu’auprès de partenaires. Il en exporte aujourd’hui 30 000 par an, et les Coréens en sont friands !

Puis d’autres animaux s’invitent à la ferme : brebis, porcs Kintoa, lapins-chèvres, pottock, oies, chèvres des Pyrénées, etc. Le lieu devient une véritable ferme pédagogique, accessible aux particuliers.

Pour répondre à la demande locale, un petit snack-terrasse ouvre ses portes chaque été, offrant une expérience culinaire authentique basée sur des produits frais et locaux, provenant des fermes environnantes. La carte, bien que concise, propose une sélection soignée, mettant en valeur le meilleur de la région. En soirée, l’ambiance s’anime avec des concerts qui attirent les amateurs de musique dans ce cadre idyllique. Au-delà de ses activités saisonnières, l’Asinerie de Pierretoun propose une gamme variée d’expériences et de services. Ce lieu n’a cessé d’évoluer ces 15 dernières années et a aujourd’hui encore plus d’un tour dans sa sacoche !

Des cosmétiques à faire pâlir Cléopâtre

Les vertus thérapeutiques du lait d’ânesse sont reconnues depuis l’Antiquité. Plusieurs épouses d’empereurs romains auraient eu recours à ce trésor lacté pour leurs soins dermatologiques. Quant à la légende laissant penser que la reine d’Égypte prenait des bains au lait d’ânesse, rien ne le prouve ! Riche en vitamines, minéraux, oligo-éléments et acides gras, il est en effet un allié beauté et santé majeur. Ce lait convient aux peaux sensibles, sèches ou luttant contre des allergies et pathologies cutanées. Peu gras et très digeste, en ingestion, il améliore le transit intestinal et favorise la détoxification du foie. Proche du lait maternel, il peut également être utilisé pour nourrir des bébés ou des malades. Frédéric Ducazeau aurait eu tort de passer à côté de ce produit d’exception !

Afin d’élargir sa gamme, l’éleveur-artisan a fait appel au savoirfaire d’ateliers situés dans les Landes. Soins du visage, crèmes pour le corps, et gels douche enrichis généreusement en lait d’ânesse y sont fabriqués. Pour apporter du caractère à ses recettes, il y ajoute des arômes naturels, des beurres et des huiles végétales, conservant ainsi des produits de qualité.

Se lancer dans l’élevage d’ânes était un pari culotté ! Pourtant, aujourd’hui, l’Asinerie de Pierretoun est un écosystème qui plaît. À la belle saison, des milliers de visiteurs foulent le sol de la ferme au cadre accueillant et chaleureux. L’éleveur pourrait avoir plus d’ânesses pour produire davantage de produits, et faire ainsi croître son affaire, mais ce n’est pas son souhait. Il se soucie trop de ce que deviendraient les nombreux ânons mâles et préfère privilégier la santé de ses bêtes en laissant une année de repos entre deux gestations. Alors ses projets de développement pour le site se portent sur l’amélioration de l’existant comme l’aménagement d’un ponton « les pieds dans la mare », la création d’expériences telles que le « yogabrunch », ou l’exploitation de nouveaux espaces dans le sousbois en contrebas de la ferme. Il y coule une rivière et une petite cascade, on y entend les oiseaux… Il y a fort à parier que d’ici peu, on pourra s’y prélasser dans un hamac ou écouter la nature grâce à des cônes d’écoute amplifiée. Vous l’aurez compris, l’Asinerie de Pierretoun mérite vraiment le détour !