La vache « béarnaise », de l’extinction à l’expansion
En cours d’extinction il y a seulement vingt ans, la vache Béarnaise est aujourd’hui une vraie opportunité de valorisation économique grâce à la qualité produite.
« Dans les années 1980, on a fait un comice à Asasp, avec notamment quelques vaches béarnaises. J’ai vu des personnes pleurer en les voyant, elles pensaient qu’il n’y en avait plus. Ce sont des moments qui m’ont marqués, dès lors j’ai voulu créer une association pour la sauvegarde de la race ». C’est ainsi que Bernard Mora raconte l’origine de la création en 2003 de l’association pour la sauvegarde de la vache béarnaise. Une race emblématique originaire du Haut-Béarn. Et depuis que de chemin parcouru !
Il faut se souvenir qu’en 2003, on ne comptait plus que 60 femelles, la race était donc en voie d’extinction. Pourtant les atouts de cette vache aux magnifiques cornes en forme de lyre sont nombreux. Notamment sur le plan économique grâce à sa rusticité et à sa remarquable longévité. Car comme le rappelle Emmanuel Ribaucourt dans l’ouvrage de référence dédié, « la Béarnaise, une vache, des hommes, un pays », « il n’est pas rare que des vaches soient encore en capacité d’élever un veau au-delà de l’âge de vingt ans, et certaines peuvent donner vie à plus de quinze veaux au cours de leur cycle de production ». À la fois laitière et viande, la vache béarnaise a tout pour devenir un produit phare des Pyrénées. L’association qui a sauvé l’espèce a fait des prodiges depuis bientôt vingt ans. Ainsi en 2014, le nombre de têtes était passé à 252 et aujourd’hui on en dénombre 600 répartis sur 130 éleveurs du grand Sud-Ouest (64, 40, 32, 65). Parmi les chevilles ouvrières de l’association, Vincent Moulia s’est rapproché de l’ADEPFO (Association de Développement des Pyrénées par la Formation) afin de bénéficier d’un accompagnement sur sa structuration et son développement.
Le travail sur la vache accompli, place à celui sur les éleveurs
Et le travail pour valoriser la vache béarnaise a payé, aujourd’hui, il n’est plus question de sauvegarde, mais bien d’expansion. Et cela passe par une autre valorisation, celui du travail de l’éleveur ! « Nos éleveurs souffrent d’un excès incroyable d’humilité”, note Vincent Moulia, “ils sont si passionnés par leur métier qu’ils ne se rendent pas compte de la qualité de leur travail et du produit ».
Et cette qualité, elle doit avoir un prix. Voici le travail auquel vont devoir à présent s’atteler les membres de l’association : « Depuis 5 ans, la vente de viande béarnaise est en forte progression, idem pour le fromage. C’est la preuve de la qualité d’un produit élevé en totalité à l’herbe ». Mais dans ce métier d’éleveurs, les anciennes générations souffrent d’une extrême timidité en matière de commercialisation : « Nous allons intensifier notre travail d’information auprès des éleveurs, il faut absolument qu’ils soient fiers de leur produit et de leur travail et qu’ils se persuadent qu’ils vont la vendre à un juste prix ». Un réel motif d’espoir existe toutefois dans le nombre sans cesse croissant de jeunes agriculteurs qui se lancent dans l’aventure « béarnaise ». « À l’heure où on nous parle souvent du bon sens des anciens, on a totalement oublié qu’autrefois l’éleveur était aussi le vendeur, mais la jeune génération a pris conscience de l’importance de revenir à de telles pratiques ancestrales, car elle a compris l’aspect primordial de valoriser le travail en appliquant le juste prix ». Pas de doute donc, éleveurs béarnais et vaches béarnaises ont de belles heures communes devant eux !
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