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Vie locale

La montée de la PRÉCARITÉ ALIMENTAIRE chez les étudiants

© cottonbro studio - Pexel

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La population étudiante est touchée de plein fouet par les différentes crises subies ces dernières années : la précarité s’accroit et le budget consacré aux dépenses alimentaires se rétrécit. Pour les aider, des initiatives en lien avec les universités fleurissent, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour n’est pas en reste.

Si dans le contexte économique actuel l’ensemble de la population est concerné par l’augmentation généralisée des prix, les étudiants connaissent une précarité alimentaire certaine. La dernière enquête « Bouge ton CROUS » de la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) conduite auprès de 7 531 étudiants entre septembre et décembre 2023 le souligne : 19 % d’entre eux ne mangeraient pas à leur faim. Comment alors bien réussir ses études quand le ventre gronde ?

L’envolée de la précarité étudiante

La FAGE le signale dans l’avant-propos de son enquête dévoilée début 2024 : « la précarité apparaît comme le premier facteur d’échec académique ». Or, à l’augmentation du coût de la rentrée dans l’enseignement supérieur en 2023, + 2,23 % par rapport à 2022 dans l’académie de Bordeaux selon l’Association Territoriale des ÉtudiaNts Aquitains (ATENA), c’est l’ensemble du coût de la vie étudiante qui explose. Dans ce contexte, afin de subvenir à leurs besoins et régler leurs dépenses incompressibles, de nombreux étudiants occupent un emploi en parallèle de leurs études. Selon les données recueillies par la FAGE, 41 % d’étudiants travailleraient plus de 12 h par semaine pour 35 % d’entre eux. Ces chiffres rejoignent ceux délivrés en 2020 par l’Observatoire de la Vie Étudiante (OVE) : 51 % d’étudiants déclaraient leur activité salariée comme indispensable pour vivre. La FAGE le rappelle, il est attesté qu’au-delà de 12 h par semaine « le salariat met en péril la réussite académique et apparaît comme un facteur accentuant les inégalités sociales ». Agissant comme une épée de Damoclès, cette inquiétude financière constante, au coût psychologique avéré, conduit les étudiants à restreindre leur budget alimentaire.

Au détriment d’une bonne alimentation

La qualité et la quantité de l’alimentation pâtissent de ce contrôle étudiant sur les dépenses alimentaires. Selon l’enquête de la FAGE, 49 % des étudiants n’ont pas les moyens d’acheter des fruits et des légumes chaque semaine. De plus, 28 % des étudiants boursiers et 16 % des non-boursiers déclarent ne pas manger à leur faim. Ce sont 3,5 repas par semaine qui sont sautés. L’OVE mentionnait déjà en 2016 que la moitié de ces jeunes sautait des repas chaque semaine et 16 % pour des raisons financières. Du côté des non boursiers, la FAGE révèle que c’est 1 étudiant sur 5 qui ne s’alimente pas dans les restaurants du CROUS (Centres Régionaux des OEuvres Universitaires et Scolaires), car le prix du repas est trop élevé (3,30 €). La FAGE préconise d’étendre à tous l’accès à la tarification du repas à 1 € dont bénéficient, depuis la rentrée 2020, les boursiers et les étudiants en situation constatée de précarité après enquête sociale. En février 2023, une mesure avait été portée dans ce sens à l’Assemblée, mais finalement rejetée. Dans ces conditions, de nombreux étudiants ont recours à l’aide alimentaire, même si demander de l’aide en tapant à la bonne porte n’est pas chose aisée. À la méconnaissance des dispositifs existants s’ajoute la douleur d’admettre sa précarité : un sentiment de honte mêlé à la peur d’être stigmatisé. Toutefois, ils peuvent compter sur des actions de solidarité, alliant aide alimentaire et partage chaleureux, créant de véritables espaces d’inclusion.

Les initiatives d’aide alimentaire fleurissent

En effet, sur tout le territoire des initiatives se développent et des partenariats se créent entre acteurs du monde étudiant, associations de solidarité, voire même acteurs privés. En Île-de-France, l’association « On remplit le frigo » distribue aux étudiants des colis alimentaires, composés de fruits et de légumes, de produits de première nécessité, et des produits dits « plaisir » comme le chocolat. À Bordeaux, Le Comptoir d’Aliénor, épicerie sociale et solidaire portée par l’ATENA, propose des produits à faible prix et mène des distributions alimentaires. Ces dernières connaissent une forte fréquentation comme l’évoque le Président de l’ATENA, Hugo Lopez, à nos confrères de rue89bordeaux : « sur ces distributions, il y a une augmentation de 123 % depuis septembre-décembre, après une année 2022 - 2023 qui a connu une augmentation de 70 % ». Plus près de nous, depuis 2021, l’UPPA distribue gratuitement à ses étudiants des paniers de légumes frais et de denrées sèches.

L’UPPA : une distribution de panier plébiscitée

Cette distribution alimentaire s’inscrit dans la mission « UPPA Solidarité » créée en réponse à la crise sanitaire de 2021. Dans ce cadre, des dispositifs d’aides variés sont proposés aux étudiants afin d’assurer une meilleure intégration et un soutien renforcé. Ainsi, sur l’année scolaire 2022 - 2023, c’est près de 2 400 paniers de légumes frais et 690 paniers de denrées sèches distribués sur les différents campus de l’université : Anglet, Bayonne, Pau, Mont-de-Marsan et Tarbes. Pour chaque campus, les distributions ont lieu une à deux fois par mois selon le type de panier, celui-ci préalablement réservé en ligne sur la plateforme ResaLegumes. Fortement plébiscité, le dispositif a vocation à se développer en 2024, ceci en s’appuyant sur un réseau de partenaires qui comprend notamment la Banque alimentaire et la Croix-Rouge. L’objectif visé est l’augmentation du nombre de paniers pour répondre à une demande étudiante en quête d’une alimentation suffisante et de qualité. Ainsi, si dans les instances dirigeantes l’idée d’une sécurité sociale alimentaire chemine, les initiatives comme celle de l’UPPA permettent dès à présent d’améliorer leur qualité de vie et favoriser leur réussite scolaire.