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Vie locale

La double vie de Thibault Basque

© YR

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L’existence de Thibault Basque oscille entre les tableaux Excel et la cancha. Contrôleur de gestion le jour, joueur de cesta punta professionnel le soir, le jeune homme a une vie bien remplie. 

Avant d’enfiler son gant d’osier, Thibaut, ce jeune homme de 27 ans est dans son bureau bayonnais, la tête dans les chiffres. 

La pelote, une affaire de famille 

La pelote, voilà maintenant 22 ans qu’il la pratique. En toute logique, c’est dans le club du village que le bidartar fait ses premières armes. « J’ai suivi les traces de mon grand-père qui pratiquait la main nue et de mon frère aîné, lui aussi puntiste à Bidart ». Depuis, le garçon ne lâchera jamais ce sport, pris par le jeu et encouragé par les résultats. « J’ai rapidement obtenu des titres chez les jeunes, cela m’a encore plus motivé, je n’ai jamais eu l’idée de pratiquer un autre sport, je n’avais que la pelote dans la tête ». 
Champion de France dans toutes les catégories jeunes, champion du monde Espoir en 2015, champion d’Europe senior amateur en 2019… les titres remplissent les étagères et l’autorisent à nourrir son rêve d'enfant. Pour lui, le Graal était de partir jouer en professionnel à Miami, pour marcher sur les pas d’un autre bidartar, Éric Irastorza. 
« J’aurais pu partir aux États-Unis lorsque j’étais en 2e année de BTS, mais j’ai préféré terminer mes études ». Bien lui en prit. En 2018, la réglementation change en Floride et les pilotaris professionnels sont tous de retour sur le vieux continent. 

Un métier utile 

Si ce rêve s’est évaporé, le concret d’un métier durable s’est dessiné. Après un BTS Comptabilité et une licence Économie et Gestion, il enchaîne ensuite avec un Master Contrôle de Gestion. « J’adore les chiffres alors j’ai fait des stages dans des cabinets comptables, mais je me suis vite rendu compte que ce qui me plaisait le plus, ce n’était pas de manipuler les chiffres, mais plutôt de les interpréter, d’en faire l’analyse ». 
Après une première expérience chez un transporteur à Saint-Sever, il revient au Pays Basque pour intégrer le groupe Clim. « Avec ma formation, ce n’est pas évident de trouver un job sur la Côte, car la plupart des postes sont sur de grandes métropoles ». 
Depuis bientôt trois ans, le bidartar est épanoui dans cette entreprise où il se sent utile. « Il y a du sens dans ce métier, mon travail permet d’aider pour la prise de décisions ». En charge des marques asiatiques du groupe automobile (Toyota, Hyundai, Suzuki…), son quotidien est rythmé par des suivis d’activité et des reportings réguliers (hebdomadaires et mensuels) destinés aux directeurs de concessions ou aux marques représentées. « J’adore ce métier et il est important de sentir que son travail est primordial pour les décideurs ». 
Même s’il avoue que concilier ses deux activités n'est pas aisé, il n'en laisserait aucune de côté. « J’ai la chance que les parties se déroulent le soir car j'éprouve le besoin de me défouler ». 
Thibault Basque est content de sa saison estivale. « J’ai bien figuré en France et j’ai remporté le Slam de Markina, un tournoi majeur », se réjouit-il. Des résultats qui ne permettent pas non plus d'en faire son unique source de revenus. En France, il n’y a pas vraiment de professionnels dédiés à 100 % à ce sport. Ils œuvrent sous un statut d’autoentrepreneur, c’est ainsi que les athlètes encaissent les primes de parties. Plus ils performent, plus elles sont élevées. « On ne peut pas se sortir un salaire à l’année avec ça, mais c’est un bon complément de revenus ». 
Outre l’aspect financier, ce ne sont pas les euros qui guident Thibault. Il se donne encore une dizaine d’années dans le cursus professionnel, si toutefois son corps le permet. « Je souhaite continuer le plus longtemps possible, car pour moi c’est bien plus qu’un loisir, c’est une passion ».