« J’ai survécu à un naufrage » : comprendre le Syndrome du Stress Post-Traumatique
Elle s’appelle Marine et a toujours vécu au Pays Basque. Alors qu’elle avait 10 ans et qu’elle naviguait avec ses parents dans les eaux atlantiques entre les îles Canaries et Cap-Vert, leur trimaran a chaviré et elle a passé plusieurs heures enfermée dans la cale, les pieds dans l’eau, attendant les secours. Elle nous partage les souvenirs de cet évènement et nous l’éclairons à travers l’analyse d’une psychologue.
Un grand projet de traversée transatlantique
J’étais enfant et j’ai grandi dans ce projet qui était celui de mon père. Il rêvait de naviguer pendant une année entière et nous en étions au troisième mois. Cette étape devait nous permettre de rejoindre Cap-Vert depuis les îles Canaries, mais une erreur du pilotage automatique nous a fait chavirer en pleine journée. Les conditions de navigation étaient pourtant tout à fait correctes, même si la houle était assez forte. Mes parents se trouvaient sur le pont quand le bateau a subitement fait un virage à 90 degrés et s’est positionné perpendiculairement à une vague. Le vent a soufflé et la voile a fait basculer le navire. Alors que mes parents ont pu monter dans le canot de survie et déclencher les fusées de détresse, je suis restée bloquée à l’intérieur.
Le voilier à l’envers, je suis parvenue à remonter dans la cale où une poche d’air s’était formée. Grâce à ma taille d’enfant, j’ai pu me maintenir un maximum hors de l’eau, contre le moteur. S’est ensuite amorcé le temps de l’attente, pendant lequel ma chance a été qu’un multicoque peut flotter dans les deux sens. Les fusées ont enfin été repérées par un cargo qui a prévenu les garde-côtes et les plongeurs. Même si je n’ai jamais ressenti de vraie panique, du haut de mes 10 ans j’ai malgré tout envisagé une issue qui ne serait pas favorable. J’avais conscience d’être en plein milieu de l’Atlantique, j’avais froid et le temps m’a semblé long, bien que je doive avouer que la temporalité de cet évènement m’est aujourd’hui très floue. Au bout de nombreuses heures, j’ai enfin été secourue par les plongeurs de la Croix Rouge de Gran Canaria qui m’ont fait monter à bord du cargo avant qu’un hélicoptère nous achemine à Las Palmas où nous avons été pris en charge médicalement. Nous n’étions pas blessés et je n’étais pas en hypothermie, cette étape a donc été très rapide. La suite, en revanche, s’est révélée beaucoup plus longue et compliquée.
Poursuivre l’aventure
Le bateau était notre habitation, nous y avions toutes nos affaires, y compris nos papiers et nos moyens de paiement. Par conséquent, ce fut le début d’un parcours administratif assez dense. Le voilier a été remorqué et pendant toute la durée des réparations – entreprises par mon père – nous sommes restés sur place. Dans mon souvenir, ma mère n’est vraiment pas rassurée à l’idée de reprendre la mer et a même l’intention de mettre un terme à cette aventure, mais pour mon père il s’agit juste d’un « grain de sable dans le rouage ». C’est ainsi que deux mois plus tard, le trimaran vogue à nouveau. Si ma mère accepte de continuer à vivre sur le navire, elle refuse en revanche d’y naviguer et choisit de suivre les étapes parallèlement, en avion ou sur de plus gros bateaux. Je reste avec elle, mais je ne comprends pas forcément pourquoi, car je ne ressens pas d’inquiétude particulière concernant la fiabilité de notre trimaran, sans doute parce que mon âge me permet une certaine insouciance.
Au moment des...
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