Impacts macroéconomiques de la transition écologique
L’intensité de la lutte contre le réchauffement climatique rend nécessaire la prise en compte de son impact sur l’économie. Le Gouvernement, par l’intermédiaire d’Élisabeth Borne, Première ministre, a confié à Jean Pisani-Ferry, économiste et commissaire général de France Stratégie, une mission d’évaluation des incidences économiques de l’action pour le climat.
Placée auprès de la Première ministre, Élisabeth Borne, France Stratégie est une institution autonome qui contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions, anime le débat public et éclaire les choix collectifs sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Elle produit également des évaluations de politiques publiques à la demande du gouvernement. Les résultats de ses travaux s’adressent aux pouvoirs publics, à la société civile et aux citoyens. Dans ce cadre, un rapport de synthèse visant à améliorer la compréhension des impacts macroéconomiques de la transition climatique, a été publié le 22 mai 2023 afin que « les décisions qui seront prises soient le mieux informées possible ».
Une action climatique urgente
Selon le rapport, atteindre une neutralité climatique est tout à fait jouable à condition d’appliquer « une grande transformation, d’ampleur comparable aux révolutions industrielles du passé ». Celle-ci serait selon les termes de la synthèse : globale, plus rapide, et pilotée d’abord par les politiques publiques et non par les innovations technologiques et les marchés.
Cette transformation reposerait sur trois mécanismes économiques : la réorientation du progrès technique vers des technologies vertes ; la sobriété (définie comme la réduction des consommations d’énergie qui ne découle pas de gains d’efficacité énergétique) ; et la substitution de capital aux énergies fossiles. L’idée est qu’il ne faut pas faire un choix entre croissance et climat. « À long terme, la réorientation du progrès technique peut conduire à une croissance verte plus forte que ne l’était ou que ne l’aurait été la croissance brune. La chute du coût des énergies renouvelables est l’indice qu’une nouvelle croissance est possible ».
Une grande accélération nécessaire
Pour atteindre les objectifs en 2030 et viser la neutralité en 2050, « il va falloir faire en 10 ans ce que nous avons eu de la peine à faire en 30 ans ». Tous les secteurs vont devoir prendre part au mouvement. Pour respecter les engagements pris, l’Union européenne et la France devraient s’imposer le respect de budgets carbone, « pas seulement de cibles en 2030 et 2050 ». Le rapport précise qu’à l’horizon 2030 « la transformation reposera principalement sur la substitution de capital aux énergies fossiles : la sobriété contribuera à la réduction des émissions, mais pour 15 % environ. Sobriété n’est pas nécessairement synonyme de décroissance et peut de plus être source de bien-être ». Sur la prochaine décennie, la décarbonation va donc entraîner un supplément d’investissements d’ampleur : « plus de deux points de PIB en 2030, par rapport à un scénario sans action climatique ».
En dépit des progrès accomplis, « nous ne sommes pas encore sur la trajectoire de la neutralité climatique ». D’ici 2030, le financement de ces investissements « qui n’accroissent pas le potentiel de croissance » va ainsi provoquer un coût économique et social du fait que l’investissement sera orienté vers l’économie de combustibles fossiles, plutôt que vers l’efficacité ou l’extension des capacités de...
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