Entreprises du Patrimoine Vivant du 64, entre tradition et innovation
Une exposition s’est tenue à Biarritz mettant en lumière des entreprises locales titulaires du label « Entreprise du Patrimoine Vivant », marque créée en 2005 par l’État et attribuée aux PME françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.
Peut être labellisée EPV « une entreprise détenant un patrimoine économique, composé d’un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire » (article 23 - loi de 2005 en faveur des PME). Ce label, décerné par les Préfets de région, est attribué aux lauréats pour une durée de 5 ans. Si la France compte à ce jour 1 000 entreprises « EPV », l’association EPV Pays Basque – Landes – Béarn créée en 2017 peut se targuer de fédérer 24 PME, dont 19 sur le territoire basco-béarnais (1). Leur secteur d’activité s’étend de la maroquinerie à la pâtisserie, en passant par le tissage, la poterie, l’ébénisterie, voire même l’aéronautique. Si l’exposition a consacré 7 d’entre elles, toutes possèdent des savoir-faire d’excellence, mêlant techniques traditionnelles et procédés innovants, où l’humain reste au centre du processus de fabrication. Ces PME ancrées sur un territoire, dont provient leur production et si possible leurs matières premières sélectionnées avec grand soin, détiennent un fort caractère patrimonial. Elles ont à cœur de transmettre ces savoir-faire remarquables de génération en génération par le biais d’hommes et de femmes passionnés par leur art.
Une histoire humaine bien implantée
Au fil de l’exposition, la transmission familiale d’un savoir-faire unique ressort comme un élément saillant dans la pérennité et la renommée de ces EPV. Pour la Maison Pariès, l’histoire débute à Bayonne en 1895 avec un amour pour le chocolat qui se perpétue jusqu’à la génération actuelle : la 5ème. Dans l’ADN de la Maison : un savoureux mélange de tradition et d’innovation qui donne naissance à de délicieuses créations, comme les réputés mouchous et kanougas. Pour l’entreprise oloronaise Lartigue 1910, c’est depuis 4 générations que l’on tisse avec passion le célèbre linge basque en le déclinant avec créativité. Un autre fleuron du linge basque et du linge jacquard connaît cette même destinée familiale : l’orthézienne Tissage Moutet, fondée en 1874, où l’amour du tissage se perpétue depuis 5 générations. À Ossès, la famille Goicoechea n’est plus à présenter pour ses poteries aux courbes élégantes, la 3ème génération est à la tête des dernières collections. Pour l’entreprise Ainciart Bergara, réputée pour ces fameux makhilas ou bâtons de marche traditionnels basques, ce sont 7 générations qui se sont succédé dans l’atelier de Larressore. Mais la transmission de l’excellence artisanale n’est pas qu’une question de sang. Si 3 générations de cordonnier bottier ont fait vivre l’atelier béarnais Paradis-Pommiès en perpétuant un savoir-faire local rare, celui-ci a été partagé avec les repreneurs de l’atelier, rebaptisé Le Soulor 1925. Soucieux de conserver ce patrimoine artisanal d’exception, ils en fêteront bientôt le centenaire dans le nouvel atelier de Nay.
Un savoir-faire ancestral ancré dans la modernité
Tout en expliquant avec passion les étapes de son travail de gravure sur les pommeaux des futurs makhilas, Liza Bergara souligne : « La machine est au service de l’humain, car si on laisse la machine faire le travail, on ne se perfectionne plus ». Un principe qui semble traverser les EPV. L’humain reste garant de la maîtrise de son art, travaillant sa matière (coton, cuir, chocolat, bois, argile, etc.) avec patience, précision et respect. Pour le montage d’un seul makhila, une vingtaine de pièces à fabriquer est nécessaire, et ceci en recourant à de divers savoir-faire. Chaque personne s’emploie à respecter le travail d’orfèvre des autres, toutes portées par l’amour de l’objet à réaliser. Ce subtil équilibre, alliant respect du geste artisanal et utilisation de techniques innovantes ou de technologies de pointe, imprègne le processus de fabrication de chaque EPV. Chez Pariès, la quête d’innovation gustative ne se fait jamais au détriment du maintien d’un savoir-faire traditionnel exigeant. Cette union entre tradition et modernisation est au cœur de l’activité de Lartigue 1910 et de Tissage Moutet. La mécanisation des métiers à tisser, les nouvelles techniques introduites et l’essor du design ont permis une diversification des collections. Toutefois, le savoir-faire ancestral demeure, le label Indication Géographique (IG) « linge basque » détenu par ces deux entreprises en atteste. Il garantit la qualité et l’authenticité de ces produits tissés et confectionnés dans le 64. Cet engagement pour un savoir-faire originel est le fil conducteur de Le Soulor 25 qui fabrique des chaussures durables : si la machine vient en soutien sur certaines étapes, le montage et la pose des semelles sont entièrement réalisés à la main. L’atelier est également fier d’utiliser un « parc de formes » hérité des générations précédentes et conservé depuis bientôt 100 ans.
Chez Goicoechea, si de nouvelles façons de travailler l’argile issue de la carrière familiale navarraise sont testées, elles ne dénaturent en rien le précieux savoir-faire artisanal, avec notamment l’étonnante technique de la corde utilisée pour les grandes pièces. En fil directeur des EPV, l’humain qui donne le cap à tenir par les mille petits gestes entrant dans le processus de fabrication. Les compères de l’entreprise biarrote Aéro Mécanic’s ne diront pas le contraire, eux qui s’emploient à restaurer et maintenir des aéronefs et avions anciens. Le temps d’une exposition ou d’une visite d’atelier, ces hommes et ces femmes se font une joie d’échanger sur leur métier et de sensibiliser les visiteurs à leurs remarquables savoir-faire qui confèrent à notre région une richesse économique et culturelle certaine.
(1) Aéro Mécanic’s ; Ainciart Bergara ; Pariès ; Maison Laffargue ; Lartigue 1910 ; Hôtel du Palais ; Groupe Voltaire ; Gonzalez ; Le Béret Français ; L’Art de l’Espadrille ; Tannerie Rémy Carriat ; Goicoechea ; Création Desmarchelier ; Jean-Jacques Lataillade ; Tissage Moutet ; Don Quichosse ; Shem ; Lepère ; Le Soulor 1925
- Un BAIN GLACÉ à Anglet pour inaugurer 2025
- OpenStreetMap, la carto NO-LIMIT