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Vie locale

Des Étoiles et des Femmes : CUISINE, inclusion et reconversion

© Association Céleste

Les futures cuisinières de la promotion 2024-2025 du dispositif Des Étoiles et des Femmes sont âgées de 19 à 60 ans. © Association Céleste

Arrivé en 2022 au Pays Basque grâce à l’association Céleste, le dispositif Des Étoiles et des Femmes offre aux publics éloignés de l’emploi, la chance d’acquérir un diplôme et de retrouver le monde du travail. Une formation précieuse qui œuvre ainsi à une meilleure inclusion des femmes dans le milieu de la gastronomie.

Né à Marseille, sur une idée originale du chef cuisinier Alain Ducasse, le programme Des Étoiles et des Femmes a lancé sa première promotion en 2015 dans la cité phocéenne. Objectif : permettre à des femmes en reconversion professionnelle d’intégrer l’excellence de la cuisine française. Depuis, d’autres promotions ont vu le jour notamment à Paris, Lyon, ou Bordeaux, et au Pays Basque en septembre 2022 avec sa première douzaine d’apprenantes.

Des femmes aux parcours cabossés

À Bayonne, le dispositif est piloté par l’Association Céleste, en collaboration avec le Greta de Bayonne et l’agence France Travail de Biarritz. Car le recrutement se fait sur l’ensemble du Pays Basque. Âgées de 19 à 60 ans, les futures cuisinières de la promotion 2024- 2025 viennent du Sud-Landes, en passant par la Côte et l’intérieur des terres. Direction Saint-Jean-Pied-de- Port et le Lycée de Navarre, pour suivre la formation. « La majorité de nos stagiaires sont des mères de famille célibataires, précise Sonia Josefowicz, Directrice du développement de l’Association Céleste. Certaines portent un handicap psychique, d’autres vivent une situation de précarité financière ou rencontrent un problème d’addiction ou autres. On s’appuie donc sur des structures existantes comme le CIDFF dans le cas des violences conjugales, ou l’entreprise Carrières et Insertion pour la prise en charge du handicap psychologique. En résumé, on mobilise le droit commun et les partenaires. »

Une interface entre réseau et partenariat

Forte de son implantation historique et de son engagement dans l’économie sociale et solidaire, Céleste apporte au réseau un lien avec les associations locales, collectivités et autres partenaires institutionnels. Le premier d’entre eux, la Région Nouvelle-Aquitaine, finance la formation dispensée par le Greta ainsi que l’accompagnement socioprofessionnel. Autres partenaires des débuts : le Département des Pyrénées-Atlantiques, le GIP DSU (Groupement d’Intérêt Public Développement Social Urbain) de Bayonne et du Pays Basque, ou encore l’État via la représentation de la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités). Se sont ajoutés par la suite : la Communauté d’Agglomération Pays Basque, depuis l’an dernier, l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) Pays Basque, ainsi que le Fonds social européen depuis cette année.

Une école de l’estime de soi

Étalée de septembre à juin, la formation au CAP Cuisine se veut à la fois riche et dense. À l’école du lundi au jeudi pour les cours d’apprentissage traditionnels et les travaux pratiques, les stagiaires participent le vendredi à des ateliers de posture professionnelle, de CV, ou encore de recherche d’emploi en compagnie d’une salariée de l’association, Karine Pergher, qui consacre un temps plein à cet accompagnement individuel. L’idée est en fait de travailler sur leur communication avec les autres et la recherche de confiance en soi. Durant ces neuf mois, les apprenantes alternent entre un mois de formation et trois semaines de stage au sein d’établissements étoilés ou gastronomiques qui partagent les valeurs prônées par Céleste. Des restaurants qui peuvent changer d’une année sur l’autre, et également des historiques comme l’Hôtel du Palais à Biarritz, la Brasserie Basa à Bayonne, la Table des Frères Ibarboure à Bidart, ou encore Le Xaya à Saint-Jean-de-Luz.

Transmettre le goût de la cuisine

Chaque printemps, depuis 2022, le Lycée de Navarre accueille le fameux repas des partenaires en présence d’une quarantaine de personnes. L’occasion, pour l’association, de remercier les contributeurs financiers et opérationnels. Et, pour les futures cuisinières, de mettre en application tous les savoirs acquis pendant l’année en confectionnant ledit repas. Pour cela, elles peuvent compter sur l’aide de leur marraine d’exception : Andrée Rosier, première femme à recevoir le titre de Meilleur ouvrier de France et Chef étoilée du restaurant Les Rosiers, à Biarritz. « Elle est un énorme soutien pour nous, confie Sonia Josefowicz de l’Association Céleste. Elle fait le lien avec son propre réseau donc c’est précieux. Elle répond toujours présente à chaque événement. Elle va à la rencontre des stagiaires pour essayer d’entrevoir leur projet professionnel. Cela leur fait beaucoup de bien parce qu’elle est accessible et qu’elle a cette vocation de la transmission. »

Une histoire de conviction

L’une de ces stagiaires a notamment marqué Sonia et l’Association Céleste. « C’est une mère de famille qui a toujours suivi son mari dans le cadre de son travail. Ses enfants ont grandi. Elle a voulu consacrer une année à faire ce qu’elle aimait, c’està- dire la cuisine. Elle a donc intégré ce CAP qu’elle a très bien réussi puisqu’elle a terminé major de promotion. Son mari a essayé de la dissuader de continuer, prétextant qu’elle était trop absente de la maison. Elle a fait le choix difficile d'une séparation pour exercer le métier qu'elle aime, et s'épanouir dans une nouvelle vie. »

Cette détermination, partagée par toutes les apprenantes, se traduit par un taux de 98 % de réussite à l’examen du CAP. Au total, 23 femmes ont d’ores et déjà été accompagnées et affichent un taux de retour à l’emploi de 70 %. Céleste continue à accompagner celles qui sont encore en recherche d’emploi pour les aider à lever les derniers freins. « On leur donne un coup de pouce pour qu’elles puissent voler de leurs propres ailes », résume Sonia Josefowicz. Un nouveau départ au goût de renaissance.