Crise du logement : « il y a urgence »
Alors que le Pays Basque fait face à une forte tension de son marché immobilier, le Comité Ouvrier du Logement (COL) a réuni élus, bailleurs sociaux et promoteurs lors d’une conférence pour évoquer les réponses à la crise du logement. Accession sociale à la propriété, maîtrise du foncier, réhabilitation des logements et éco-construction figurent parmi les pistes.
Le 20 novembre dernier, 8 000 personnes manifestaient à Bayonne pour défendre l’accès au logement. Du jamais vu au Pays Basque. Hasard du calendrier, le Comité Ouvrier du Logement (COL) organisait le 8 décembre une conférence à Anglet sur la crise du logement. L’occasion de réunir élus, bailleurs sociaux et promoteurs autour d’un enjeu devenu majeur au Pays Basque.
D’emblée, le président de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque Jean-René Etchegaray a rappelé l’ampleur du défi : « il faut prendre nos responsabilités par rapport à cette catastrophe dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Il y a urgence ! La situation est à ce point grave que nous avons des milliers de personnes qui sont en attente d’obtenir un logement. Pour la première fois dans l’histoire de notre territoire, nous avons mis en place il y a quelques semaines un Programme local de l’habitat à l’échelle des 158 communes du Pays Basque, qui fixe l’objectif de construire, entre 2021 et 2026, 2 600 logements par an, dont 1 200 logements sociaux - 800 logements locatifs sociaux et 400 en accession à la propriété ». Or, aujourd’hui, 11 000 demandes de logements locatifs sont déjà en attente…
« Le marché est devenu fou ! »
Pression foncière, prix qui flambent, rareté de l’immobilier, les maux sont connus… Pour Claude Olive, vice-président de l’agglomération et président de l’Office 64 de l’Habitat : « le nerf de la guerre, c’est le prix du foncier ! Si on ne parvient pas à se mettre d’accord sur une maîtrise du prix du foncier, on n’y arrivera pas ! Le marché est devenu fou ! »
À la fois aménageur foncier et bailleur social, le COL, qui fête cette année son 70ème anniversaire, doit déployer des trésors d’imagination et d’ingénierie pour commercialiser des logements en accession sociale à des prix de vente très bas, souvent 30 % inférieurs à ceux du marché. La coopérative s’appuie pour cela sur un nouveau dispositif, le « foncier solidaire », et un outil, le Bail Réel Solidaire (BRS), qui consistent à dissocier le coût du foncier de celui du bâti. Du Béarn au Pays Basque, jusqu’au sud des Landes, la coopérative implique directement la population dans l’élaboration de programmes sociaux. C’est l’habitat participatif, basé sur le partage et l’entraide. Il permet à des projets intergénérationnels, où cohabitent maisons partagées (logements et espaces communs pour seniors), résidences pour étudiants et logements sociaux, de sortir de terre.
La transition écologique « absolument urgente »
Mais pour Roland Hirigoyen président d’Habitat Sud Atlantic (HSA), « le privé doit aussi faire du logement abordable pour permettre à certaines couches de la population de se loger. Il faut construire et le privé doit nous y aider. L’enjeu est énorme ! ». En réponse, Pascal Thibaud, représentant local de la Fédération des Promoteurs Immobiliers constate que « le logement neuf est moins cher que l’ancien au Pays Basque. On ne va pas arriver à plafonner du jour au lendemain le prix du foncier. Par contre, on peut essayer de mettre en place des règles qui permettent à l’accession abordable privée de participer à la production globale de logements, et cela ne peut se faire que par les pouvoirs publics. »
Au Pays Basque, on estime aujourd’hui à 12 000 le nombre de logements vacants. Les opérations de réhabilitation exigent donc une politique encore plus volontariste. « Nous aurons besoin d’augmenter les aides que nous avons prévu d’accorder aux propriétaires privés qui sont dans une démarche de réhabilitation de leurs immeubles, affirme Jean-René Etchegaray. L’Agglomération prévoit chaque année 14 millions d’euros pour répondre aux besoins, dont 7 à 8 millions d’euros d’aides à la pierre. »
Alors que le bâtiment représente autour de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, les opérations de renouvellement urbain passent aussi par la transition écologique. « Elle est absolument urgente, martèle Imed Robbana, directeur général du COL, mais nous sommes attachés à ce que ce mouvement ne se fasse pas au détriment des plus faibles et des plus démunis, c’est pour cette raison que nous travaillons sur des filières locales d’éco-construction - bois paille, béton chanvre, etc. - afin de permettre d’avoir des logements écologiques mais à des coûts compatibles avec le logement social ».
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