CATHERINE DE BOURBON, une princesse béarnaise entre foi et royauté
Née dans l’ombre des châteaux et des intrigues du 16e siècle, Catherine de Bourbon fut une figure marquante de son époque, non seulement par son sang royal, mais aussi par la vigueur avec laquelle elle défendit sa foi protestante, envers et contre tous. Fille de l’autoritaire Jeanne d’Albret, reine de Navarre et ardente huguenote, et d’Antoine de Bourbon, Catherine grandit dans un contexte où la religion dictait souvent la politique et scindait les alliances.
Une éducation réformée
Née à Paris, le 07 février 1559, Catherine de Bourbon fut rapidement immergée dans l’univers du protestantisme par sa mère, Jeanne d’Albret. Celleci, convertie à la Réforme, imposa une éducation rigoureuse et pieuse à ses enfants. Catherine, élevée dans la ferveur huguenote, développa ainsi une foi qui allait s’avérer déterminante tout au long de sa vie. Comme son frère, le futur Henri IV, roi de France et de Navarre, elle côtoie des précepteurs qui affermissent sa pensée et son intelligence. Ainsi, même si elle fut contrainte de se convertir au catholicisme à une période sombre de sa vie, Catherine conserva toujours une foi protestante chevillée au corps.
Les défis de la guerre civile
Les guerres de Religion, qui divisèrent la France pendant près de 40 ans (1562-1598), marquèrent profondément la jeunesse de Catherine. Le 24 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy, durant lequel des milliers de protestants furent assassinés, devint l’événement clé qui renforça sa détermination à lutter pour la cause des réformés.
Retenue à la cour de France – tout comme son frère – elle dut alors officiellement renoncer à sa foi afin de ne prendre aucun risque et de jouer la complexe partition politique déployée par le clan Bourbon, pour permettre au roi de Navarre d’accéder au trône de France quelques années plus tard. Son retour en Béarn, en 1576, lui permit de reprendre sa liberté et d’affirmer de nouveau sa foi en l’Église réformée.
Bien que son frère Henri eut par la suite des positions plus nuancées vis-à-vis du catholicisme, Catherine resta inflexible sur ses convictions religieuses, ce qui provoqua de vives tensions entre eux.
Une soeur contre un roi
L’accession d’Henri IV au trône de France en 1589 marqua un tournant pour Catherine. Dans un premier temps, elle fut le soutien le plus indéfectible du nouveau roi, gouvernant avec la plus grande attention le Béarn et les possessions du souverain dans le Sud-Ouest.
Deux ans plus tard, en 1591, il l’appela à ses côtés afin qu’elle siège au Conseil du Roi. Elle quitta alors Pau pour rejoindre Mantes (la-Jolie) où la cour était temporairement installée, le temps pour Henri IV de reconquérir Paris.
Lorsque ce dernier abjura le protestantisme en 1593 pour assurer sa position, affirmant que « Paris vaut bien une messe », Catherine se sentit trahie. Elle redoubla alors d’efforts pour maintenir les droits des protestants, souvent en opposition ouverte avec les choix politiques de son frère.
Lutte pour la foi, entre médiation et influence
Malgré leurs divergences, Henri IV chargea souvent Catherine de missions diplomatiques, utilisant sa sagesse et son habileté à négocier. Elle joua ainsi un rôle crucial dans les négociations qui menèrent à l’Édit de Nantes en 1598. Ce huitième édit de tolérance garantit dès lors aux protestants des droits religieux, civils et politiques dans certaines parties du royaume de France et dans des annexes appelées « brevets ».
La capacité de Catherine de Bourbon à manoeuvrer entre les exigences de la couronne et les attentes des leaders huguenots fut essentielle pour mettre fin aux guerres de Religion qui ravageaient le royaume depuis trop longtemps.
Le crépuscule d’une princesse
Quelques mois après la promulgation de l’édit, Henri IV obligea sa soeur, alors âgée de 39 ans, à se marier avec Henri II, futur duc de Lorraine. Malgré l’opposition du pape Clément VIII, elle refusa catégoriquement de se convertir au catholicisme. Son frère usa alors de toute son influence pour que l’archevêque de Reims accorde une dispense et que le mariage puisse avoir lieu.
Elle s’installa à Nancy où elle prit l’habitude d’organiser de somptueuses fêtes tout en vivant librement sa foi protestante, malgré les demandes répétées de son frère de se convertir.
Catherine de Bourbon mourut en 1604, laissant derrière elle l’image d’une femme qui avait su se tenir debout dans un siècle de convulsions. Par son engagement, elle avait non seulement défendu ses propres croyances, mais avait aussi oeuvré pour la coexistence religieuse en France. Sa mort marqua la fin d'une époque où la royauté et la réforme religieuse s’étaient étroitement entrelacées, souvent de manière conflictuelle.
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