Solidarité entre voisins à l'heure du confinement
Pendant le confinement, les habitants d'une rue du quartier des Arènes à Bayonne ont créé une chaîne de solidarité pour que la vie soit plus douce malgré la situation. Ils ont mis en place plusieurs rituels afin de ponctuer la journée de rendez-vous et de retrouvailles du bout de leur jardin ou du haut de leur balcon.
Bayonne, une rue pavillonaire bien entretenue, proche des Arènes. Là, cohabitent des retraités installés de longue date, des familles avec de jeunes enfants, certaines avec des adolescents. Beaucoup ont cessé leurs activités, certains vont embaucher chaque matin, d'autres pratiquent le télétravail. Tous reconnaissent la chance qu'ils ont de vivre dans une ruelle paisible, la plupart dans une maison entourée d'un jardin ou dans un appartement avec un extérieur. Comme partout dans Bayonne, la rue est calme et quasi déserte. Seuls les chats osent s'y aventurer. Pourtant, les résidents, confinés, n'hibernent pas, mais sont très actifs
Sophie, professeur à l'IUT de Bayonne, et mère de cinq enfants, a pris les choses en main dès l'annonce du confinement : « Depuis quelques mois avec deux, trois voisins, nous avions créé un groupe d'échange de services et d'informations. Après l'annonce de la mesure, nous avons décidé d'étendre notre groupe à toute la rue. Le mardi matin, avant le début du confinement, j'ai sonné à toutes les portes pour leur proposer de faire partie de notre groupe. La majeure partie des voisins a accepté . », explique-t-elle.
« Une démarche spontanée »
Au fil des jours, une chaîne de solidarité s'est créée. Julie, maman de Margot et Camille, âgées de 9 et 6 ans, a été emballée par ce groupe : « J'ai trouvé cette initiative vraiment bien. Lorsque quelqu'un va à la boulangerie par exemple, il le signale et prend les commandes de ceux qui le désirent. La démarche est spontanée. Pareil pour la pharmacie, la boucherie. Cela permet de faire des courses groupées et cela évite d'être plusieurs à sortir.», précise, la jeune trentenaire qui poursuit son activité professionnelle en télétravail tandis que son époux prend le chemin du bureau chaque matin.
« Un moyen de connaître ses voisins »
En face, Véronique, Laurent et leurs deux garçons Julian et Tomas, 15 et 14 ans, ont également été séduits par la démarche :« C'est vraiment super. A l'origine, c'était pour de l'entraide et pour éviter tout déplacement inutile. Mais ce groupe va au-delà. Nous avons emménagé il y a un an et demi et nous ne connaissons toujours personne de notre rue. Désormais, chaque jour, nous échangeons un peu plus et nous nous découvrons les uns les autres. Et puis, nous n'hésitons pas à nous dépanner s'il nous manque quelque chose. Et les petites initiatives s'enchaînent. Par exemple, un des garçons d'une famille a envoyé sur le groupe une petite vidéo sur laquelle il joue les DJ avec un pot de pâte à tartiner, une casserole, et d'autres ustensiles. C'est rigolo et cela permet d'apprendre à nous connaître », raconte Véronique agent général Axa Prévoyance et Patrimoine. Même son de cloche chez Danièle, une retraitée de 69 ans qui vit seule et habite la rue depuis près de 10 ans : « Je trouve que c'est une très bonne initiative, même si je suis un peu embêtée, car je ne peux pas trop aider. A mon âge, comme je fais partie des personnes à risque, il vaut mieux que je reste confinée. Mais je n'aime pas ne pas pouvoir rendre service »,confie cette grand-mère dynamique qui fait habituellement du bénévolat. Un étage en dessous, Clémence, Edouard et leur petite Chloé sont présents à chaque rendez-vous.
« Créer du lien par ricochet »
Pour rythmer la journée, Sophie envoie les paroles du chant qu'ils entonnent tous ensemble le soir après les applaudissements de 20 heures. « L'association Baionan Kantuz dont les adhérents chantent chaque mois, a lancé un appel afin queles personnes confinées chez elles se réunissent à travers le chant. Pour eux, le chant est un moyen pour se rapprocher quand on est éloigné, pour se donner du courage et faire face à cette période particulière. J'ai trouvé que c'était une excellente idée que j'ai soumise aux voisins », rapporte l'initiatrice de la rue. « Personne ne loupe cet instant, poursuit Véronique. A la fin du chant, on échange même quelques mots les uns avec les autres. Cela procure une belle énergie. J'envoie d'ailleurs les vidéos à deux mamies de mon portefeuille clients. Elles sont seules et cela leur fait un bien fou. Sans le vouloir, nous créons du lien par ricochet », poursuit-elle. Et de conclure : « La démarche de Sophie est tellement bienveillante. D'ailleurs, nous avons prévu d'organiser un repas entre voisins à la fin de cette période.» Finalement, à écouter les résidents de cette rue, le confinement aura aussi eu des effets positifs sur les relations humaines.
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