Imprimer la page
Vie locale

ARTOUSTE, l’audacieuse

© LT

© LT

Célèbre pour son train touristique le plus haut d’Europe, Artouste est aussi une station de sports d’hiver à échelle humaine qui contraste avec ses voisines. Elle se singularise par la diversification de son offre de loisirs, autant que par sa gouvernance. Comment sort-elle son épingle du jeu au milieu des deux autres stations béarnaises : La-Pierre-Saint-Martin et Gourette ?

Située à 60 km au sud de Pau, et 11 km de la frontière espagnole, la station d’Artouste fait face au Parc national des Pyrénées et offre un panorama d’exception sur la vallée d’Ossau. Ni très haute, ni très vaste, ni dotée d’énormes télésièges débrayables, son caractère authentique et sauvage séduit pourtant. Son domaine skiable et la forte culture freestyle qui en émane lui confèrent un ADN particulier. L’ambiance familiale qui y règne ajoute à son charme en apportant une convivialité sans pareille. Pourtant, l’équilibre d’Artouste est fragile. Son enneigement, qui pâtit de la faible altitude (1400 m – 2100 m), et ses moyens limités la rendent structurellement et économiquement vulnérable.

Dans le rétro de la station

Avant d’être une station touristique, Artouste fut le siège d’une aventure industrielle montagnarde d’envergure. En 1920, La Compagnie des Chemins de Fer du Midi édifie un barrage et bâtit une centrale hydroélectrique enterrée, tirant profit de l’immense réserve d’eau du lac naturel d’Artouste. Après l’achèvement de ce chantier colossal, en 1932, le train qui charriait autrefois ouvriers et matériaux est confié au Conseil Général pour l’exploiter à des fins touristiques. Un téléphérique est construit pour assurer la liaison entre l’usine d’Artouste et la gare de départ.

En 1969, la station d’Artouste voit le jour. D’abord gérée en régie municipale par la commune de Laruns, l’exploitation est confiée à l’Établissement Public des Stations d’Altitude dans les années 80. En 2005, la gestion du domaine skiable et du train touristique passe en délégation de service public (DSP), aux mains d’Altiservice. L’exploitation s’avère compliquée, la station périclite et menace de fermer. Après plus de 12 ans et à l’issue d’un bras de fer judiciaire, la commune de Laruns met fin à la DSP par anticipation, et reprend la station en régie municipale. Avril 2019, un nouveau chapitre s’ouvre.

Une volte-face nécessaire

La mairie souhaite écrire l’avenir de la station en se rapprochant d’acteurs de la vallée, et imaginer un nouveau modèle basé sur la diversification de l’offre de loisirs. Un plan de sobriété énergétique est engagé : jours d’ouverture fixés selon les conditions météo et la période, remontées mécaniques ralenties de 25 %, et un objectif 100 % neige naturelle. À l’heure où les stations s’équipent de nombreux canons toujours plus performants, l’idée de cesser la production de neige artificielle surprend, mais ce choix économique et écologique est accueilli favorablement. Afin d’aider en ce sens, le département dépose un appel à projets relatif aux espaces, sites et itinéraires de pleine nature, assurant un accompagnement financier important.

Un terrain de jeu 4 saisons

La commune de Laruns, propriétaire de la station, ne cesse d’innover dans les activités et animations qu’elle propose, hiver comme été. Artouste, véritable paradis des sports de glisse, dispose de 25 km de pistes de ski longeant la forêt de sapins de la Vallée du Soussouéou. Elle comprend également un snowpark de 17 modules, un snowcross, et de généreuses zones de ski freeride dans des vallons sauvages et le long des crêtes. Pour les novices, l’espace ludique avec son tapis et ses téléskis débutants permettent de s’initier en toute sérénité face au majestueux Pic du Midi d’Ossau, sans oublier la piste de luge. Depuis peu, la station propose aussi des promenades à bord d’un engin électrique entre motoneige et scooter ; le moonbike. Les amoureux de ski de randonnée et ski de fond ne sont pas en reste, et trouveront largement de quoi se dégourdir les jambes à Artouste ! Quant aux adeptes des raquettes, des guides-accompagnateurs en montagne proposent des sorties sécurisées, gage de belles découvertes ! Après tous ces efforts physiques, il est tentant de succomber à un bain bouillonnant en plein air, à l’espace spa sauna de la Sagette. Si le tout est agrémenté d’un petit verre et de quelques tapas, alors l’expérience atteint le sommet…

Son éloge n’est plus à faire, aux beaux jours, le fameux train à crémaillère balade les badauds à 2000 m d’altitude, offrant des points de vue époustouflants. Les plus sportifs peuvent s’aventurer sur l’un des itinéraires de VTT ou sentiers de trail balisés. Des randonnées pédestres permettent aux marcheurs de tous niveaux d’accéder aux lacs alentour. Les férus de sensations fortes, quant à eux, sont invités à tester au plus vite le mountain kart pour dévaler 8 km de pentes, depuis le haut des télécabines. Sur le lac de Fabrèges, la Commune de Laruns n’a pas hésité à investir dans l’aménagement d’une base nautique. On y pratique le paddle et le pédalo, on s’y rend pour pique-niquer ou même s’y baigner face aux montagnes Ossaloises. Non loin de là se trouve également le point de départ d’excursions en trottinettes électriques sur un parcours de 10 km et une tyrolienne à virages de 500 m qui a vu le jour à l’été 2023.

Quel avenir pour Artouste ?

Repas dans les télécabines à la tombée de la nuit, visite sensorielle à l’aveugle, soirée DJ sets et show de lumière en altitude, etc. La station dénombre une multitude d’animations et d’événements originaux, venant s’ajouter à la liste des loisirs praticables tout au long de l’année. Si la régie municipale semble toujours en phase de consolidation, elle peut se féliciter d’oeuvrer vigoureusement pour mener à bien sa transition touristique, soutenue par les politiques publiques. Ce nouveau modèle prendra du temps à bâtir. Adaptabilité et diversification sont les maîtresmots de ce changement. Quant aux touristes, seront- ils prêts à modifier leurs pratiques et prendre le train en marche ?