Salies-de-Béarn, PASSION SEL
Le Jambon de Bayonne, connu dans le monde entier, spécialité du Pays Basque, est obtenu avec du sel… béarnais, et plus particulièrement de Salies-de-Béarn. La Hèsta de la sau a donc été le prétexte idéal pour nous rendre dans la capitale du sel où l’histoire côtoie la légende à chaque coin de rue.
Le sel millénaire
Alors que la hèsta de la sau (fête du sel en béarnais) bat son plein, François, Salisien passionné par l’histoire, n’a pas résisté à l’envie de nous narrer les origines de sa commune. Débute ainsi un récit où se mêlent et s’entremêlent contes et légendes, mais aussi l’Histoire telle que nous la connaissons. Commençons tout d’abord par la version préférée de notre narrateur, celle où le célèbre Gaston Fébus pourchasse un sanglier dans la campagne vallonnée du piémont pyrénéen. L’animal, blessé par le seigneur béarnais, serait tombé dans une source boueuse. Quelque temps plus tard, il aurait été retrouvé recouvert de cristaux de sel, en parfait état de conservation. D’une pierre deux coups, la salaison du Bassin de l’Adour est née, en même temps que la réputation de Salies-de-Béarn.
Si l’on s’intéresse maintenant à l’Histoire, il faut remonter bien plus en avant que le 14ème siècle. En effet, des fouilles archéologiques ont montré que dès l’Âge de Bronze (- 1 500 avant Jésus-Christ), le sel de Salies était déjà extrait par évaporation de l’eau dans des pots en céramique. L’habitat est alors concentré autour de la Houn salade, la fontaine salée d’où jaillit naturellement l’eau salée.
La toponymie est également une précieuse alliée pour remonter aux sources de la Cité, avec une mention de Salinoe dans le cartulaire de Bigorre, au 10ème siècle, puis de Salies (vicaria de Salies) un siècle plus tard, dans le cartulaire de Lescar. Quelle que soit l’appellation qui lui est attribuée, elle est systématiquement centrée sur le sel et sur ses bienfaits.
Un sel d’exception
L’eau jaillissant de la source béarnaise est dix fois plus salée que l’eau de mer (300 g de sel au litre). Elle est issue de couches de sel très anciennes situées dans les profondeurs de la chaîne des Pyrénées. Le sel récolté est exceptionnel, car il est naturellement riche en oligoéléments tels que le calcium, le magnésium et le fer — il y a au total 26 minéraux et oligo-éléments dans le sel de Salies — ce qui lui confère de grandes vertus médicinales.
Pendant des siècles, la Cité salisienne va profiter pleinement de cet or blanc, car il est le seul et unique moyen de conserver durablement les aliments, notamment la viande et les fromages. Dès 1587 d’ailleurs, comprenant que la manne financière découlant de la source est faramineuse, l’exploitation de la fontaine est confiée à une corporation qui regroupe des représentants de toutes les familles résidant à Salies-de-Béarn. On les nomme alors les « part-prenants. Un livre noir règlemente l’activité et rend compte de l’ensemble des délibérations des jurats (magistrats municipaux sous l'Ancien Régime).
La Hèsta de la sau est également l’occasion de mettre à l’honneur les anciens modes d’extraction et de transport du sel. Porteuses de herrades (récipient en bois cerclé de fer que l’on porte sur la tête pour transporter de l’eau), et porteurs de sameaux (récipient en bois cerclé de fer que l’on porte à deux à l’aide d’une barre d’acacia, utilisé pour amener l’eau salée de la source à la maison du part-prenant), participent ainsi à deux courses respectives, la seconde étant même qualifiée de championnat du monde.
Une eau aux vertus thermales
Aujourd’hui, le commerce du sel cohabite avec l’activité thermale de la Cité. Chaque année d’ailleurs, 2 000 tonnes de sel sont produites, tant pour l’usage alimentaire que thermal.
Une fois encore, c’est la minéralisation du sel qui permet l’activité thermale, conférant à l’eau des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires, mais aussi décontracturantes, sédatives sur les douleurs chroniques, décongestionnantes, stimulantes pour l’état général. La production d’eau-mère, c’est-àdire une eau thermale dans laquelle on a concentré les minéraux, permet d’obtenir jusqu’à 350 g par litre. Ce sérum est un complément reconnu pour accompagner les soins de manière plus efficace.
À Salies-de-Béarn, les cures se focalisent sur la rhumatologie, la gynécologie et la stérilité féminine, ainsi que sur les troubles du développement de l’enfant.
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