Imprimer la page
Entreprise

REKIEM, la marque de skateboard made in Pays Basque

Planches de skate de fabrication artisanale en bois d'érable et personnalisable. © Alexandra Delalande

Planches de skate de fabrication artisanale en bois d'érable et personnalisable. © Alexandra Delalande

Dans son atelier rue Louis-de-Foix à Anglet, Pierre Pascaud, fabrique des skateboards, à la main, un à un, avec la même envie qu’à ses débuts lorsqu’il a créé la marque REKIEM en 2006.

Pierre Pascaud est timide et n’aime pas se raconter. Pourtant son histoire est belle. De sa passion est née son activité professionnelle. Lorsqu’il arrive de Montpellier il y a plus de 20 ans, le jeune collégien, qui ne s’épanouit pas spécialement à l’école, est orienté, sans envie, en CAP productique bois et menuiserie au lycée Louis-de-Foix de Bayonne. Même s’il est bricoleur, ce fils de viticulteur préfère retrouver ses copains pour aller skater. Pourtant, contre toute attente, Pierre s’intéresse peu à peu à la filière qu’il étudie. Car rapidement, une idée germe dans la tête de l’adolescent, un peu influencé par son père qui aime travailler le bois : celle de fabriquer des skates. Il commence alors à concevoir des planches dans le garage familial. « Les moqueries, le regard curieux ou admiratif des copains m’ont poussé à persévérer. J’essayais mes planches mais elles n’étaient vraiment pas terribles », raconte dans un sourire le trentenaire.

Une idée qui ne l’a jamais quitté

Après l’obtention de son bac Pro, Pierre qui n’a jamais cessé de chercher à concevoir des planches, est embauché par un de ses patrons de stage. Didier dirige l’entreprise Kuhn Ramp qui réalise des rampes de skate en bois. Pendant quelques temps, Pierre parcourt toute la France pour fabriquer ces structures qui permettent aux jeunes de s’adonner à leur passion de la glisse... et continue de façonner des planches en regardant des vidéos de fabricants américains. Ses copains skateurs sont les premiers testeurs. Puis en 2006, Kuhn Ramp quitte le quartier du Lazaret. Pierre reste, reprend le local en coworking avec d'autres artisans, et crée sa propre activité de fabrication de skateboard, aidé par son ancien employeur. REKIEM est née.

Des planches personnalisables

Pour confectionner ses planches, le jeune entrepreneur imagine des presses hydrauliques qui assemblent les sept feuilles de bois et donnent la forme concave à la planche d’origine. Il utilise du bois d’érable venu du Canada. « Un matériau qui possède d’excellentes qualités de résistance au choc », explique celui qui continue de skater dès qu’il en a le temps avec ses copains et son fils Joseph âgé de 7 ans. Il a d’ailleurs créé pour lui un moule afin qu’il puisse progresser avec un engin à sa taille.

Dorénavant, en plus de différents modèles adultes, Pierre propose des gabarits conçus spécialement pour les enfants de 4 à 10 ans. Les planches locales sont personnalisables et bien plus robustes que celles fabriquées en Chine.

Son travail minutieux séduit beaucoup de skateurs : « Ce milieu est comme une famille. On se côtoie tous, on fréquente les mêmes endroits. Un certain nombre a voulu utiliser mes planches. Il y a plusieurs années, elles ont fait la couverture de magazines, et je me suis fait peu à peu connaître. Les particuliers viennent à mon atelier en acheter. Et puis, grâce à mon site Internet, j'exporte dans toute la France ». Pas étonnant lorsqu’on sait qu’ils sont seulement deux dans tout l’Hexagone à concevoir ce genre de produits.

Pierre fait figure d’exception dans l’univers industriel de la glisse. D’ailleurs son savoir-faire local et artisanal, à un prix abordable pour les particuliers, a séduit de nombreuses grandes marques. Des maisons de haute couture lui ont passé commandes, des marques automobiles ou encore de sportswear de surf. Il collabore avec des artistes, comme Nils Inne pour le graphisme.

L’artisan travaille toujours de la même façon même s’il a dû améliorer son système de production. Aujourd’hui, il pourrait se faciliter la tâche avec de nouvelles machines plus modernes et numériques. Mais Pierre utilise toujours ses première presses car ce qu’il préfère dans son métier, c’est le côté artisanal.