Vie locale

Qui sont-ils ?

© Archives LPA

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Suite de notre rubrique lancée en mai 2024. Ils ont donné leur nom à une avenue, une rue ou une place de notre territoire. Des noms qui nous sont devenus familiers au fil du temps, mais dont nous ignorons tout ou presque. Partons à la découverte de ces hommes et femmes au parcours souvent hors du commun. Épisode 7.

Marie Politzer

Une allée de Biarritz longeant le boulevard du BAB porte son nom. Marie Politzer, née Marie Larcade le 15 août 1905 à Biarritz, est une résistante française connue sous le nom de « Maï Politzer ». Fille d’un cuisinier, ancien chef à la Cour d’Espagne et installé au Pays Basque après la chute d’Alphonse XIII, elle s’intéresse au théâtre dans sa jeunesse avant de suivre des études de sténodactylo, puis de sage-femme à Paris. Diplômée en 1929, elle achète une clinique grâce aux économies familiales. Elle rencontre Georges Politzer, philosophe et militant, qu’elle épouse en 1931. Engagée dans la Résistance pendant l’Occupation, elle adhère aux idéaux de son mari et participe activement à la diffusion de journaux clandestins, notamment L’Université libre. En août 1940, le couple entre en clandestinité, confiant leur fils à sa famille. Arrêtée en février 1942, Marie est emprisonnée, puis déportée à Auschwitz en janvier 1943. Sur place, elle occupe un poste de médecin malgré son statut de sage-femme. Elle succombe au typhus le 6 mars 1943. Après-guerre, elle reçoit la mention « Mort pour la France ». Des rues et lieux publics, notamment à Paris, portent son nom en hommage à son courage et à son engagement pour la liberté.

 Joseph Szydlowski

Une avenue à Bordes et une rue à Bayonne portent son nom. Joseph Szydlowski, né en 1896 à Chełm, en Pologne, est un ingénieur franco-polonais et un acteur clé de l’aéronautique française. Issu d’une famille juive, il combat dans l’armée russe durant la Première Guerre mondiale avant de travailler en Allemagne pour des entreprises comme Krupp et Junkers. En 1930, il émigre en France, où il fonde Turbomeca en 1938, société spécialisée dans les compresseurs et turbines à gaz. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fuit les persécutions nazies pour la Suisse, laissant son entreprise sous administration allemande. Après la guerre, il réoriente Turbomeca vers les turbines pour hélicoptères, propulsant l’Alouette II à des records d’altitude en 1956. Passionné de montagne, il nomme ses moteurs d’après des toponymes pyrénéens. Installé à Nay, il fait de Turbomeca (désormais Safran Helicopter Engines) un fleuron de l’industrie française. Après la guerre des Six Jours, il aide Israël en y implantant une usine de moteurs. Réputé pour son charisme, il était proche de ses employés. Il passe ses dernières années en Israël, où il meurt à Césarée en 1988.

Jean Delay 

La famille Delay est très connue à Bayonne. Notamment par la notoriété de la clinique du quartier Marracq fondée en 1910. Né à Bayonne en 1907, Jean Delay est un psychiatre, neurologue et écrivain français. Fils de Maurice Delay, chirurgien et maire de Bayonne, il suit des études de médecine à Paris, se spécialisant en psychiatrie et neurologie. Influencé par Pierre Janet et Georges Dumas, il soutient en 1935 une thèse sur les astéréognosies, puis en 1942 une thèse de lettres sur les maladies de la mémoire. Au procès de Nuremberg, il diagnostique chez Rudolf Hess une « amnésie hystérique ». Titulaire de la chaire des maladies mentales à l’Hôpital Sainte-Anne de Paris dès 1946, il mène des recherches sur la chlorpromazine, précurseur des neuroleptiques, qu’il aide à classifier comme psychotropes en collaboration avec Pierre Deniker. Cette classification des substances psychotropes, validée en 1961, distingue médicaments et drogues selon leur impact sur le système nerveux. Par ailleurs, Jean Delay est un écrivain prolifique, élu à l’Académie française en 1959. Ses œuvres incluent des études sur André Gide et des récits autobiographiques (Avant-Mémoire). Il est le père de Florence Delay, elle aussi membre de la prestigieuse académie parisienne. Décédé à Paris en 1987, il laisse un héritage intellectuel majeur, ses archives étant conservées à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet près du Panthéon.

 Gaston Planté

Plusieurs rues en France sont baptisées du nom du célèbre béarnais. Né à Orthez en 1834, Gaston Planté est un physicien connu principalement pour l’invention de l’accumulateur au plomb, première batterie rechargeable. Il travaille comme préparateur en physique au Conservatoire national des arts et métiers, puis devient professeur à l’Association polytechnique. En 1855, il découvre les fossiles de l’oiseau préhistorique Gastornis, qui porte son prénom. Cependant, sa contribution majeure arrive en 1859 avec la conception d’un accumulateur plomb-acide, dont le principe alimente encore les batteries modernes. L’année suivante, il présente son invention à l’Académie des sciences, marquant un tournant dans l’histoire des batteries électriques. L’inventeur s’intéresse également à d’autres domaines de l’électricité, comme la galvanoplastie et la production d’ozone. En 1877, il crée la « machine rhéostatique », précurseur des générateurs modernes, pour étudier les hautes tensions et le claquage électrique. Gaston Planté est honoré après sa mort par des hommages variés : cratère lunaire, médaille scientifique, timbre, et monuments. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, laissant un héritage durable dans la science.