Purenat, une bouffée d’air pur en intérieur
Dans la Technopôle Arkinova à Anglet, Purenat s’inspire de la nature pour améliorer la qualité de l’air de nos intérieurs. À sa tête, deux femmes au profil complémentaire formant un duo gagnant pour propulser cette innovation de rupture.
Quatrième cause de décès au monde, la pollution serait à l’origine de sept millions de décès par an selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). En France, on estime le nombre à 20 000, soit près de sept fois plus que les accidents de la route.
Face à ce constat, Natacha Kinadjian Caplat a décidé d’agir. Docteur en physico-chimie des matériaux, elle a consacré sa thèse, entre 2010 et 2014, à cette problématique. De ses travaux, est né l’ancêtre de ce que fait Purenat aujourd’hui, auréolé d’un brevet. Son expérience professionnelle au sein du Cabinet d’études Nobatek ne fait que confirmer l’utilité de son travail. Chargée pendant cinq ans de mesurer la pollution de l’air à l’intérieur des bâtiments, elle ne trouve pas vraiment de solution suffisamment efficace à ses yeux pour améliorer les choses. C’est alors qu’en 2020, elle décide de ressortir son brevet du carton.
Duo gagnant pour matériau révolutionnaire
À la création de Purenat, Natacha Kinadjian Caplat est seule. Au bout d’un an, elle songe même à arrêter l’aventure, faute de financement. Mais consciente d’avoir besoin d’aide et surtout, d’être épaulée par un profil complémentaire, elle passe un jour, une annonce un peu spéciale.
« J’ai rencontré Natacha par le biais de LinkedIn », raconte Manon Vaillant. « Elle avait publié une offre d’emploi qui était en réalité une recherche d’associée ». Ingénieur spécialisée dans les bactéries et microorganismes, Manon Vaillant est alors salariée chez Action Pin (à Castets dans les Landes) et cherche à donner un nouveau souffle à sa carrière. « Après dix années à ce poste, j’avais envie d’entreprendre ».
Les deux jeunes femmes au profil scientifique se rencontrent alors en 2021 et se donnent six mois pour apprendre à travailler ensemble. « L'association a été officialisée en février 2022 ».
Les rôles sont clairement répartis. À Natacha la recherche et à Manon, la structuration entrepreneuriale et le développement. « Mon premier chantier a été de mettre en place un business plan et de réfléchir au marché ». Car les possibilités sont larges tant le matériau mis au point par Purenat est révolutionnaire.
Un textile à la formule secrète
Ce qui fait la force du textile élaboré par l’entreprise angloye, c’est qu’il ne se contente pas de capter les polluants de l’air. Il les capture et les détruit. Pour obtenir ce fil magique en polypropylène, trois étapes sont nécessaires. Tout d’abord, le matériau est mélangé et produit sous forme de granulés dans une usine de l’agglomération paloise. Ensuite, ces granulés filent à Lille pour être transformés en rouleaux de textile par le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants). Enfin, la dernière phase est celle où réside le secret de fabrique. « On applique notre agent actif, celui qui permet de détruire les bactéries, pour cela on a même conçu une machine spéciale », se réjouit Manon Vaillant.
C’est ce fameux agent chimique qui déclenche les réactions provoquant la découpe des molécules. Une dégradation produite par l’effet simultané de la lumière. « C’est le principe de la photocatalyse, nous ne l’avons pas inventé, mais notre innovation réside dans le fait que nous avons réussi à faire un fil composé de l’agent photoactif, ce qui entraîne la dégradation totale des polluants », précise la co-dirigeante. « C’est un matériau bio inspiré, imitant les alvéoles de certaines algues marines ».
Ce textile est destiné à être vendu à des fabricants de purificateurs d’air et de systèmes de climatisation. Les domaines où il pourra être utilisé sont nombreux : dans les habitations, les bâtiments publics et industriels, l’automobile, l’aéronautique… « Le champ est large, car le matériau est malléable, il peut être mis en forme comme on le souhaite ».
Aujourd’hui, les six personnes basées dans les bureaux de la Technopôle Arkinova travaillent sur des contrats de pré-études avec des acteurs industriels. L’objectif de l’équipe étant de passer à la phase d’industrialisation de leur textile. Pour cela, Purenat voit grand. « L’ambition est de monter notre propre usine, ici en Pays Basque, dans laquelle nous pourrons internaliser plusieurs étapes de notre process de fabrication ».
Dans cette évolution future, la société angloye prévoit de recruter. Doctorant, technicien sur machine, chargé d’affaires… plusieurs profils seront recherchés pour étoffer une équipe qui devrait passer à 20 collaborateurs d’ici deux ans. Une expansion accompagnée aujourd’hui par une première levée de fonds de 1,1 million d’euros motivée par les multiples prix reçus par cette invention à l’avenir prometteur.
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