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Vie locale

Parc’Ours : un refuge animalier au pays du SEIGNEUR DES PYRÉNÉES

© FP

Les Pyrénées comptent actuellement 88 ours, dont 6 en Vallée d'Aspe © FP

Niché dans un écrin de verdure à 760 m d’altitude et surplombant le pittoresque village de Borce en Vallée d’Aspe, Parc’Ours est un havre de paix pour la faune de nos montagnes recueillie par une équipe pédagogue aux petits soins.

L’association et refuge animalier Parc’Ours de Borce abrite sur 7 hectares pas moins de 17 espèces d’animaux sauvages et domestiques. L’équipe du parc (6 employés, 2 services civiques et quelques bénévoles) ne chaume pas entre les visiteurs à accueillir et les soins à prodiguer aux bêtes. Malgré toute l’aide apportée, certains animaux recueillis ne pourront plus retrouver leur milieu d’origine, mais ils peuvent compter sur cette équipe de passionnés pour leur offrir des conditions de vie au plus proche de leur habitat naturel. Ainsi, c’est à travers un agréable parcours arboré, appelant à la flânerie au gré de points de vue enchanteurs, que Parc’Ours nous invite à la découverte de la faune et de la flore pyrénéenne d’une manière pédagogique et ludique.

À l’origine : des ours et des hommes

L’histoire du parc débute en mai 1971 avec la « trouvaille » de Jojo, un ourson pyrénéen âgé de 3 mois, recueilli par les enfants de la PEP (Pupilles de l’Enseignement Public) séjournant dans un foyer à Borce. Afin de lui donner un espace plus adapté, la commune crée « Le Clos aux Ours » en 1984 au centre du village. Après la mort de Jojo, deux nouveaux ours arrivent à Borce, Antoine et Ségolène, ils donnent naissance à Myrtille en 1996 qui se reproduit à son tour. En 2004, la municipalité lance la création d’un véritable Parc Animalier qui est géré par deux sociétés successives jusqu’à la liquidation judiciaire de la dernière. Les salariés, accompagnés de bénévoles passionnés, se mobilisent pour sauver l’espace animalier. Ils élaborent un projet reposant sur une éthique et des valeurs prônant le respect de l’environnement tout en étant porteur d’une activité touristique durable et créatrice d’emplois dans la vallée. En janvier 2010, l’association Parc’Ours est créée. Le parc devient alors un véritable refuge animalier permettant la préservation ainsi que la protection d’espèces sauvages pyrénéennes et d’animaux domestiques de nos contrées.

Un refuge animalier avant tout

Cette activité de refuge et de soins pour les animaux recueillis constitue le cœur de Parc’Ours, comme le souligne avec fierté Léonie, l’une des services civiques du parc. Ici, nombre des animaux, évoluant en semi-liberté dans les vastes espaces qui leur sont dédiés, ont été blessés, abandonnés ou sont menacés. Chaque rescapé cache sa petite histoire. Léonie nous raconte la mésaventure de l’âne Sully qui fit une mauvaise chute en empruntant un chemin escarpé avec son éleveur. Ce jour-ci, ils attendent le retour du directeur parti récupérer des cochons d’Inde vivant dans une cave avec des conditions telles qu’ils s’entretuaient. Toutefois, malgré leur bonne volonté, il est impossible d’accueillir tous les animaux en détresse. Grâce à un travail en réseau, ils s’appuient sur les autres refuges animaliers de la région, notamment celui d’Hegalaldia (Ustaritz) pour les rapaces et autres oiseaux. Récemment, des sangliers ont été refusés par manque de place et de conditions d’accueil adéquates. Or, Parc’Ours met un point d’honneur à proposer des installations de qualité et ceci malgré des moyens limités. En effet, de par le statut légal déposé, Parc’Ours n’est ni un refuge ni un parc animalier. De fait, « il est compliqué d’obtenir des subventions », explique un des employés, « alors qu’il y aurait des travaux à faire, notamment de rénovation pour l’enclos des ours ». L’association mise donc sur les adhésions, les parrainages d’animaux et surtout sur les visites pour assurer une rentrée d’argent. Mais il reste difficile de rayonner au-delà du Béarn quand toute campagne de communication demande des moyens financiers. Pourtant, Parc’Ours gagne à être connu du grand public. Au-delà d’être un précieux refuge, il permet de s’informer de manière ludique sur les espèces fascinantes qui peuplent nos montagnes et d’en apprendre davantage sur ce merveilleux, mais fragile écosystème.

Une pédagogie au contact des animaux et de leur milieu

Cette sensibilisation et éducation à la préservation de la biodiversité locale est l’autre pilier de Parc’Ours.

Dans ce cadre, des visites guidées sont organisées pour les scolaires, ainsi que de nombreuses animations et ateliers sont proposés à l’année avec des journées à thème. Au-delà de ces actions, c’est l’ensemble du parcours qui est jalonné de panneaux au contenu instructif et ludique. Tous évoquent un fait curieux non connu sur les espèces observées, d’autres mettent l’accent sur les équilibres délicats de la biosphère : le cycle de l’eau si vital, le rôle essentiel des arbres aux diverses essences. Au travers de petits jeux, nous apprenons à identifier les empreintes des animaux et à mobiliser tous nos sens pour mieux découvrir la richesse du milieu pyrénéen. Au fil du sentier aménagé, nous rencontrons entre autres : chèvres et ânes curieux, alpagas au long cou et rondelettes marmottes au timide museau. Nous plissons les yeux pour apercevoir les mouflons aux robustes cornes à travers le sous-bois, ainsi que les emblématiques isards lorsque nous pénétrons sans bruit dans leur vaste domaine. Nos pas nous conduisent vers l’enclos aux ours, bien séparé en deux, car en liberté l’ours est solitaire. À ce jour, il y en aurait 88 dans les Pyrénées et 6 en Vallée d’Aspe, comme l’indique Léonie qui prépare la nourriture pour les deux ours en captivité : Diego, 14 ans, et sa grand-mère Ségolène, 35 ans, en passe de battre le record de longévité des ours de France. Tout en jetant fruits et légumes au majestueux Diego, Léonie décrit le mode de vie de l’ours brun : alimentation, hivernation, reproduction et impressionnantes capacités sensorielles. Ils peuvent sentir et entendre jusqu’à 5 km. Peu de risques alors de les croiser, mais, si jamais, Léonie dispense quelques conseils. Ce faisant, elle détricote certaines croyances attribuées à cet animal soulevant les passions. Pour elle, le travail pédagogique global mené au sein de Parc’Ours est essentiel, notamment auprès des plus jeunes afin d’assurer une meilleure préservation de l’ensemble de l’écosystème pyrénéen dans les années à venir.