ORIGINE ATELIERS : un joyau biarrot
Selon le dictionnaire de la langue française d’Émile Littré, un cabinet de curiosité présente des « choses rares, nouvelles, singulières ». C’est en tous points ce qu’on découvre au 16, avenue Jaulerry à Biarritz…
Véritable lieu de création, d’exposition et de vente de bijoux audacieux, Origine Ateliers revendique son caractère hybride, qui fascine autant qu’il interroge. Qui sont les artisans joailliers qui oeuvrent avec passion dans cet ancien garage à motos de Biarritz ?
De l’ombre à la lumière
Le show-room plante le décor dès le premier regard. Son aménagement est le résultat d’un amour pour les deux roues et le vintage, d’attrait pour le cuir, l’acier, le bois, et tout ce qui luit. Dans le fond de l’espace boutique, derrière les baies vitrées, on aperçoit l’atelier. Ses établis et machines aux multiples rouages, parfois d’une autre époque, sont pourtant en parfait état de fonctionnement. En définitive, l'atelier de fabrication est doublé d’une bijouterie, feutrée et chaleureuse, qui ne ressemble à aucune autre.
Les propriétaires du lieu sont les maîtres artisans joailliers Stéphanie Porsain et Florent Tremolosa. Au début de leur carrière, tous deux sont employés dans un atelier angloy et réalisent des créations et commandes spéciales pour le compte de grands noms de la place Vendôme. En 2004, Stéphanie et Florent rachètent la structure qu’ils baptisent Origine Ateliers. Devenus leurs propres patrons, ils continuent quelques années le travail en cours pour de grandes bijouteries parisiennes, tout en s’ouvrant à une clientèle de particuliers, proposant des pièces sur mesure. Neuf ans plus tard, les deux acolytes au savoir-faire inimitable s’installent au centre-ville de la cité impériale. Aujourd’hui accompagnés de deux employés : Léa, joaillière, et David, artisan sertisseur, ils créent et transforment pour une clientèle locale en direct.
Des créations uniques
En 20 ans, c’est près de 5 000 créations qui sont sorties de l’esprit et de l’atelier de Stéphanie et Florent. Des pièces uniques, personnalisées, façonnées de la manière la plus traditionnelle qui soit. Les stages, puis l’embauche de Léa, ont su apporter à la structure quelques nouveautés en matière d’informatisation des procédés de fabrication, même si le souhait de conserver les gestes ancestraux reste cher aux deux maîtres artisans spécialistes de l’emmaillement.
Lorsqu’une personne pénètre dans ce studio de haute joaillerie, sa démarche a en général été mûrie. Elle sait qu’ici, on s’émancipe largement des codes de la joaillerie conventionnelle. La première étape consiste en un entretien avec le client, où l’écoute est primordiale. Cerner ses goûts, entendre son histoire, et comprendre ses attentes sur ce « bijou d’une vie » est essentiel. Conçu pour durer dans le temps, il sera sans doute transmis de génération en génération. Une proposition de croquis peut éventuellement être réalisée, sauf si le commanditaire apporte une photo inspirante ou si le fil conducteur est très prononcé. Un devis est alors proposé au client. S’il l’accepte, les maîtres joailliers lancent alors une maquette. Ce prototype en cire permet de se rendre compte des volumes et de l’aspect général du futur joyau, avant l’étape de la fonte du métal précieux puis celles du sertissage et du polissage.
De la restauration au recyclage
Si la création de bijoux représente une grande part du travail effectué, le reste est consacré à la réparation et à la transformation, un travail très différent. La restauration nécessite elle aussi d’écouter le client et de s’adapter en fonction du résultat souhaité. La pièce peut être récente ou ancienne, cassée ou à transformer.
La transformation séduit beaucoup, et nombre de personnes arrivent avec leurs bijoux de famille en guise de matière première. Cet aspect « recyclage » réduit considérablement le coût de la commande, car il représente 70 % du bijou. Stéphanie et Florent sont fiers de proposer ce service et d’honorer le dicton « rien ne se perd, tout se transforme », car revaloriser la matière première est bien dans l’air du temps !
Des artisans inspirés
Chez Origine Ateliers, on trouve l’inspiration partout, sauf dans la joaillerie. On ne s’intéresse pas aux dernières tendances, car le caractère passager de la mode n’est pas dans la philosophie de la marque, qui vise le bijou intemporel. L’architecture Art déco, une mappemonde, un casque de gladiateur, un moteur de moto, ou la nature qui nous entoure sont autant de sources d’inspiration pour ces créateurs sans limites. « S’amuser sérieusement » est leur crédo. Des pièces exceptionnelles sont nées de simples délires, nécessitant parfois de s’associer à d’autres corps de métiers. L’aventure humaine enchante Stéphanie et Florent autant que le défi créatif. Ce fut le cas de la « Garden Party », une bague végétale comportant en son centre un mini bonsaï, fruit d’une collaboration avec le bonsaïka Olivier Combet- Joly. Les deux archets de violoncelle et violon fabriqués avec l’aide de Jean-Luc Tauzière, archetier d’art, en témoignent également. Quant au traditionnel makhila de la Maison Ainciart Bergara, nos deux maîtres artisans se sont fièrement attelés à l’orner de fils d’or torsadés et le sertir de 12 pierres précieuses aux couleurs du Pays Basque.
Qu’il s’agisse de réaliser les épées des académiciens Olivier Donard et Dominique Bona ou des mini bâtons de danse à vocation de trophées pour Thierry Malandain, Stéphanie et Florent ont toujours eu du plaisir à honorer les commandes spéciales qu’ils ont reçues. Leur force est leur capacité à s’adapter à la demande, en témoigne le panel conséquent de bijoux différents qu’ils sont capables de créer.
La passion qui règne dans l'Atelier ne cesse de s’accroître et les idées nouvelles d’affluer. Depuis peu, Stéphanie et Florent ont lancé la marque de montres GabLine, et plus particulièrement le modèle « Qartel » au porté atypique. Elle déjoue elle aussi toutes les normes de l’horlogerie. Fabriquée pièce par pièce de manière artisanale à l’aide de Michel, maître horloger de talent, au sein de l’atelier biarrot, elle est une belle promesse pour le futur. Mais ça, seul le temps nous le dira…
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