MUSÉE BASQUE : un siècle et de nouvelles ambitions
Ouvert pour la première fois au public le 2 février 1924, le Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne a soufflé cette année ses 100 bougies. Un siècle d’existence qui permet de regarder sereinement un avenir prometteur. Sa Directrice et Conservatrice, Sabine Cazenave, en retrace l’histoire en gardant les yeux résolument fixés vers les enjeux de demain.
Si le Musée Basque et de l'Histoire de Bayonne ouvre ses portes en 1924, la gestation menant à son inauguration aura duré plus d’un quart de siècle. Apparue en 1897, lors d’un colloque sur la tradition basque à Saint-Jean-de- Luz, l’idée de ce musée se concrétise vingt-sept ans plus tard. « À cette époque, la nécessité d’ouvrir des musées de société se fait sentir au moment où, sous les coups de boutoir de l’État-nation, les sociétés régionales commencent à disparaître », explique sa Directrice, Sabine Cazenave. C’est ainsi que dans plusieurs régions de France, ce type de musée fleurit à cette époque : en Bretagne, en Alsace, en Provence, dans le Haut Doubs… et à Bayonne.
« Au Pays Basque, l’arrivée du chemin de fer, le développement du tourisme et l’urbanisation de Biarritz font prendre conscience aux élus locaux que quelque chose est en train de changer ». Conçu comme un outil de sauvegarde d’une culture que l’on a peur de voir disparaître, le musée montre alors un Pays Basque traditionnel que les visiteurs peuvent encore découvrir à l’intérieur. Le public venant apprécier cette première exposition est disparate. Aux autochtones se mélangent des mondains parisiens comme la bourgeoisie locale. « Nous sommes alors dans les années folles et Biarritz est The place to be », rappelle la Directrice.
Des objets pour raconter
Depuis ses premières heures jusqu’à nos jours, l’état d’esprit de l’institution a évolué. « Jusqu’à la guerre, le musée est un outil de sauvegarde, il devient ensuite militant (comme l’était Bayonne à la même époque) et aujourd’hui, il constitue un conservatoire ». Le rôle du Musée Basque consiste à sauver les objets « car ils parlent des hommes et des sociétés ». Ces objets sont au nombre de 80 000, conservés dans les murs de la Maison Dagourette (lieu du musée), et dans ses réserves situées au Château Neuf. « Notre mission première est de leur faire traverser le temps et l’espace pour qu’ils continuent à parler de nous, au passé, au présent et au futur ».
Ces milliers d’artefacts ont été rassemblés durant un siècle. Le plus gros est entrepris par le premier Directeur de l’établissement, William Boissel. « Il effectue un travail de collecte remarquable des années 1920 à 1940, assisté par tout un réseau de rabatteurs dans les trois provinces d’Iparralde ». À cela s’ajoutent les legs et donations effectués au profit du musée. Enfin, une politique d’acquisition permet également de mettre la main sur des pièces qui pourraient quitter le Pays Basque. « Comme certains objets deviennent rares, ils ont désormais une valeur vénale sur le marché des antiquaires ou des galeries, ce pourquoi il nous faut des crédits pour pouvoir nous porter acheteurs ».
Extension et expansion
Lorsqu’elle regarde son musée, Sabine Cazenave regrette une chose. « Le Pays Basque que l’on raconte ici s’arrête un peu après la Seconde Guerre mondiale or, nous avons le devoir de continuer à collecter des objets pour raconter la seconde partie du siècle dernier. » Les décennies 1970, 1980 sont déjà entrées dans l’histoire et la conservatrice souhaite montrer cette période dans ses murs. Pour cela, la place manque cruellement dans les 3 000 m2 d’exposition déjà bien remplis. Pour y remédier, un projet d’extension se prépare pour offrir un espace supplémentaire de 600 m2. « Il se situera rue Jacques Laffitte, dans l’ancienne caserne des pompiers, on pourra y présenter les expositions temporaires et ainsi gagner un niveau entier ici pour y raconter la seconde partie du 20e siècle ».
Outre cette future extension (espérée pour 2028-30), le Musée Basque entend aussi essaimer sur le territoire. À Mauléon, la création d’une antenne est dans les cartons, au sein de l’ancienne mairie hébergeant actuellement la maison du patrimoine et l’office du tourisme. « On ramène bien les têtes de Maoris en Nouvelle-Zélande, les momies en Égypte, il n’y a pas de raisons que nous ne rapportions pas les objets souletins d’où ils viennent ». Avec l’espace Bideak à Saint-Palais (dont la réouverture est prévue pour l’automne 2025), cet espace mauléonnais complétera le trio pour assurer une présence dans chacune des trois provinces.
Malgré ses cent ans, le Musée Basque s’avère plus que jamais dynamique. Ses velléités d’expansion géographique et temporelle devraient se concrétiser dans les prochaines années. Pour ainsi demeurer un musée bien dans son siècle, bien dans son temps.
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