Mouguerre : Le Centre européen de fret accélère
Site stratégique pour les transports de marchandises et la logistique, la plateforme de Mouguerre modifie sa gouvernance et nourrit des projets majeurs.
Quelque 400 m2 d’entrepôts doivent venir s’ajouter aux 1 300 m2 sur lesquels travaille déjà Petit Forestier sur le centre de fret de Mouguerre. Ce groupe international dans la logistique du froid s’est installé dès 2013 sur cette plateforme aux portes de Bayonne. Employant 4 500 personnes pour des ventes annuelles de 800 millions d’euros, il fait donc le choix cette année de s’étendre davantage, valorisant ainsi le « Centre européen de fret de Bayonne-Mouguerre » (CEF). Mais il est loin d’être la seule grande enseigne sur place.
Immédiatement à l’Est de Bayonne, le long de l’Adour et de la zone d’activités de Lahonce, le CEF s’étale sur 100 hectares et accueille aujourd’hui 78 entreprises offrant 1 800 postes de travail. Depuis sa création en 1988, sont venus des transporteurs routiers (Barcos, Mintegui, Mugatrans), des spécialistes du froid comme TDS, Petit Forestier, les entreprises de logistique DHL, Bourgey-Montreuil/Géodis, Fedex, GLS, mais également le centre de distribution de La Poste. Entre autres. Parmi eux, plusieurs pratiquent le transport multimodal, c’est-à-dire l’échange de marchandises entre la route et le rail, comme l’italien Ambrogio, Novatrans, Eurorail, Combitrans.
Embranché rail
D’ailleurs, dès l’origine, le centre de fret dispose d’un embranchement ferroviaire via un aiguillage sur la ligne Bayonne-Puyoô-Pau. Cette installation permet d’atteindre facilement l’ensemble du réseau SNCF et au-delà. Si bien qu’aujourd’hui quatre trains de fret et leurs conteneurs irriguent la plateforme, avec les wagons tractés par Fret-Sncf ou Euro Cargo Rail (filiale de l’allemand Deutsche Bahn). D’autant que, dès l’origine, le CEF a été positionné à la jonction France-Espagne, là où la rupture de charge existe entre le réseau ferroviaire ibérique à voie large et les voies à l’écartement européen.
Résultat, indiquent les responsables, « les volumes sont en croissance et ce site logistique parmi les plus grands de Nouvelle-Aquitaine anticipe un passage de 50 000 unités de transport intermodal (UTI) à 130 000 UTI en moins de 10 ans. »
Désireuse de stimuler cet outil de développement économique, la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) a décidé de revoir la gestion du centre de fret : elle met en place une « société publique locale ». En effet, jusqu’alors, la plateforme était gérée par une société d’économie mixte où les collectivités locales étaient majoritaires, la SEM MIVACEF : son contrat de délégation de service public amorcé fin 1991 arrive à échéance au 31 décembre 2022. Lors du conseil de la CAPB du 18 décembre 2021, la gouvernance du CEF a été revue. Comme l’explique Alain Iriart, Président de cette société et par ailleurs maire de Saint-Pierre-d’Irube, la SEM va se transformer en société publique locale, la « SPL du CEF » où la Communauté Pays Basque sera majoritaire.
Effets pratiques, la Communauté Pays Basque aura plus directement la main sur les outils techniques et financiers, « ainsi que sur la qualité du service rendu aux usagers ». En particulier sur l’entretien des voies routières et ferroviaires, et sur le service public de traction ferroviaire pour lequel « une mise en concurrence d’opérateurs spécialisés sera engagée (…) afin de démarrer au 1er janvier 2023. »
Avec ce potentiel de mobilités, routière et ferroviaire, le CEF nourrit le projet de voir aboutir une autoroute ferroviaire : un axe sur rail de 950 km sera amorcé à Cherbourg avec des camions transportés via des ferries de ou pour l’Angleterre et surtout l’Irlande, Mouguerre étant le terminus ou le point de départ des poids lourds de ou pour la péninsule ibérique. Une friche de 10 hectares est disponible sur le CEF pour du ferroutage. Promue par la compagnie maritime Brittany Ferries, cette autoroute retirerait chaque année de la route 30 000 camions. Ayant reçu l’appui de SNCF Réseau et de la région Nouvelle-Aquitaine, elle se heurte à des contraintes techniques (comme le gabarit des tunnels entre Poitiers et Bordeaux) et financières. L’idée est également de prolonger cette autoroute ferroviaire vers Vitoria-Gasteiz, lorsque la voie ferrée à écartement européen dite « Y basque » sera achevée et desservira une autre plateforme multimodale, celle de Jundiz.
- Guéthary : un nouveau point de collecte textile
- Oloron Sainte-Marie : retour d’une foire millénaire