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Vie locale

L’INCLUSION, clé de succès en entreprise

© YR

À droite, Vincent Delsault (Donibanekopi) a accueilli en stage Jordan (au centre) dans le cadre d’une formation de l’INFA, représentée par Patxi Belly (à gauche) © YR

Pour mieux intégrer le handicap dans notre société, certaines entreprises ont fait le choix de la diversité. Elles étaient présentes lors de la dixième cérémonie des handi trophées organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie Bayonne Pays Basque. Employeurs et collaborateurs en situation de handicap ont partagé leurs expériences et leur vision d’un pari gagnant-gagnant.

Mis en lumière durant les Jeux paralympiques, le handicap a également bénéficié d’une formidable exposition cette année avec le film réalisé par Artus, « Un p’tit truc en plus ». Cependant, au-delà de ces moments d’émotions et de sourires, le handicap reste une réalité qui perdure. Dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, la Chambre de Commerce et d'Industrie Bayonne Pays Basque mettait à l’honneur, le 19 novembre dernier, les entreprises et les initiatives visant à favoriser cette intégration. Président de l’institution, André Garreta en est convaincu, « les entreprises ont tout à gagner avec l’inclusion, car il y a là un large réservoir de talents encore inexploités et très motivés ».

80 % des handicaps invisibles

Si la loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés de compter dans leurs rangs au moins 6 % de travailleurs handicapés, le compte n’y est pas. « Ils ne représentent que 3,5 % des effectifs au niveau national, même si on fait un peu mieux en Nouvelle-Aquitaine avec 4,1 % » précise Elvire Hernandez, chargée d’études à l’Agefiph, une structure associative œuvrant pour l’inclusion des personnes handicapées.

Responsable au sein d’une autre association, Pascal Lopez pointe le dispositif, selon lui, mal orienté. « Quand le taux de 6 % n’est pas atteint, l’entreprise doit payer une contribution, on sanctionne le non-respect alors que dans les pays scandinaves on encourage celles qui jouent le jeu avec des aides significatives, c’est beaucoup plus incitatif », estime le représentant de CRIC Pyrénées. Si ce levier financier entre forcément dans l’équation, d’autres barrières restent à lever. Pour faire de la pédagogie, l’APF (Association des Paralysés de France) intervient régulièrement dans le milieu du travail afin de sensibiliser sur les diverses formes de handicap. « Les gens ont pour représentation la personne en fauteuil roulant alors que ce n’est qu’une minorité, en réalité 80 % des handicaps sont invisibles », expliquent Nelson et Clément, le duo handi-valide représentant l’APF. Bien souvent ces associations accompagnent tous types de handicap, classés en cinq catégories : moteur, mental, sensoriel, psychique, et cognitif. « Ces dernières années, nous avons de plus en plus de personnes en handicap psychique, je suis effrayé par les dégâts causés par les burn-out », observe Pascal Lopez.

Pas d’échec, que des réussites

Le burn-out, Malorie Bouland, connaît bien sa spirale infernale. « Il m’a fallu deux ans et demi pour m’en remettre ». Aujourd’hui, elle travaille et a même accompli son rêve : celui de devenir chauffeur routier. Le secteur de la logistique ayant des difficultés de recrutement, l’opération ConduiTH a permis de cibler 40 femmes en situation de handicap pour leur faire découvrir les métiers de cet univers. Pour Malorie, les immersions ont conforté son désir d’enfance. Désormais titulaire du permis C et en passe d’obtenir le super lourd, elle travaille en intérim. « C’est un choix pour découvrir l’éventail des différents types de transport : travaux publics, marchandises, frigorifiques… ».

Les travailleurs handicapés peuvent être accueillis dans tout type d’activité. Dans le bâtiment, le commerce, l’industrie… les exemples sont nombreux et toujours couronnés de succès. « Il n’y a pas d’échec, que des réussites » selon Bernard Beyt dont l’entreprise de bâtiment Goyty accueille plusieurs jeunes en situation de handicap. « Il faut beaucoup de coeur dans ce type de démarche, chez nous tout le monde adhère au projet ».

L’adhésion de l’ensemble du personnel n’est pas toujours naturelle. Les préjugés ont la peau dure et la méconnaissance entraîne quelques réticences. Au Golf de Chiberta à Anglet, certains jardiniers ont été déboussolés par l’arrivée d’Aitor. Comment appréhender cette recrue un peu spéciale ? « L’équipe était un peu déstabilisée au début, il y avait beaucoup de questionnement », reconnaît Raphaël Toujas, intendant du parcours. Au bout de trois ans, Aitor Zubiria a fait ses preuves. « J’ai commencé stagiaire puis j’ai été mis à disposition par l’ESAT Recur et maintenant j’ai signé mon contrat de travail ». Un chemin tracé par une volonté hors norme ayant débouché sur l’acquisition de compétences reconnues de tous. « Je suis heureux et ça se passe très bien avec l’équipe qui a réussi à m’accepter malgré mes différences ».

Une expérience de remise en question vécue également chez Donibanekopi, avec Jordan, un jeune en formation de graphisme à l’INFA. « Son franc-parler est incroyable et déstabilisant, il nous a bousculés », reconnaît son tuteur de stage Vincent Delsault. Si Jordan a acquis de nouvelles compétences durant ses deux mois dans l’entreprise, la réciproque est également vraie. « Toute la société a appris du passage de Jordan », se réjouit Vincent.