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Vie locale

L’HÔTEL ELISSALDIA, de génération en génération

Peio, Miren, Maitena et Pantxika (de gauche à droite), la quatrième génération © YR

Peio, Miren, Maitena et Pantxika (de gauche à droite), la quatrième génération © YR

Depuis quatre générations, sur la place du village de Bidart, la famille Exposito est aux manettes de l’Hôtel restaurant Elissaldia. Tout a commencé au coeur de l’été 1945, pour cette véritable institution bidartar avec Martin et Joséphine Exposito. Un véritable Album de famille qui remonte à l’après-guerre.

La place du village de Bidart possède un charme fou. Ses façades à colombages rouges, son fronton, l’église, la mairie… le tout à deux pas de l’océan. Voilà des ingrédients qui séduisent les visiteurs et qui, comme ailleurs sur la Côte Basque, ont transformé la sociologie des habitants. Dans ce paysage en pleine mutation, une institution conserve les mêmes valeurs depuis près de 80 ans. Avec la quatrième génération aux manettes, l’Hôtel Elissaldia (près de l’église en langue basque) applique une recette simple, dont le succès ne se dément pas décennie après décennie.

Le début de l’histoire remonte à l’après-guerre. Au coeur de l’été 1945, Martin et Joséphine Exposito ouvrent l’Hôtel Elissaldia un 1er août. Depuis cette époque, le bâtiment n’a quasiment pas bougé. « Ce sont les mêmes ouvertures, le même bar, le même accès en cuisine, seule la véranda a été ajoutée » précise Peio Exposito, l’ainé de la fratrie à la tête de l’affaire aujourd’hui.

Il suffit de regarder les photos en noir et blanc accrochées aux murs pour mettre un visage sur les fondateurs. Sur l'une de ces images prises en 1966, on les voit poser derrière le comptoir en compagnie de leur fils Ttotte et de son épouse Jacqueline, les successeurs. Ensuite c’est au tour de Jean-Claude et Martine de devenir les patrons pour enfin céder la main à la quatrième génération composée de leurs quatre enfants : Peio, Pantxika, Miren et Maitena.

Les gens se sentent comme à la maison

S’ils grandissent dans la maison jouxtant l’hôtel-restaurant, les enfants passent autant de temps à Elissaldia que dans leur propre domicile. «Entre midi et deux, on rentrait de l’école pour manger et on faisait le service du midi avant de repartir en cours », se souvient Pantxika. Cela fait vingt ans qu’elle est désormais salariée en cuisine alors que son frère et ses soeurs officient en salle. Ils auraient pu s’éloigner de l’affaire familiale, mais ils sont tous là, attachés à ce lieu comme à un aimant. « Nos parents nous ont poussés à faire des études autres afin que l’on ait un métier différent de l’hôtellerie restauration au cas où, mais au final on revient toujours » constate Maitena, l’une des deux jumelles. Cette dernière a fait des études de comptabilité, Peio a un diplôme en gestion des entreprises et Miren est ostéopathe.L’autre jumelle a d’ailleurs un emploi du temps atypique. « Le matin et le midi je sers au bar et au restaurant, et l’après-midi j’exerce dans mon cabinet d’ostéopathie ».

Avec douze salariés à l’année, l’établissement monte à 28 durant la saison estivale. Sur ce point aussi, Elissaldia fait office d’exception, car ici, aucun mal à trouver du personnel. « Tous les saisonniers sont des jeunes de Bidart et des villages alentour (Arbonne, Ahetze…), les familles nous les confient, car ils savent que nous sommes une maison familiale » explique Peio.

Ils ont grandi ici, comme leurs parents, leurs grandsparents et leurs arrière-grands-parents avant eux, et voilà qui fait toute la différence. « Des affaires comme ça, qui appartiennent à des locaux depuis quatre générations, il n’y en a pas beaucoup sur la côte », poursuit-il. Lorsqu’il croise une maman, il demande des nouvelles du papa, quand il voit un jeune sur la terrasse, il l’appelle par son prénom. Un esprit de village plus que jamais apprécié par les clients, à l’heure de la digitalisation effrénée. « On fait des choses simples, qui nous ressemblent pour que les gens se sentent bien comme à la maison, car ici c’est chez nous » résume Miren.

Un repère intergénérationnel

Sur leur terrasse ou en salle se croisent des visiteurs de passage, des jeunes du village, des pelotaris, des chasseurs, des ouvriers… des gens de tous les âges et toutes les couches sociales.

Comme beaucoup de restaurants, il a fallu s’adapter à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Une augmentation très maîtrisée, mais pas sans peine. « Ça nous a fait mal au coeur de passer le prix du menu ouvrier à 16 € » confie Maitena. Ce brassage de population et ce mélange intergénérationnel ressemblent à l’entreprise familiale.

« La société d’aujourd’hui nous facilite la tâche, car on sort du lot, tout le monde dit que notre métier change, mais ce sont les humains qui changent » analyse Peio. Mais dans ce monde en mutation, la simplicité et la bienveillance ont encore une signification pour bon nombre de clients. « On nous dit souvent que nous sommes gentils, ça me fait plaisir, mais en même temps ça fait mal, car cela devrait être la norme, on est juste des gens normaux », poursuit-il.

Des gens normaux qui perpétuent des valeurs intemporelles. Car ici, il n’y a pas que la bâtisse qui reste inchangée depuis 1945, il règne un état d’esprit de solidarité et de bienveillance dont les membres de la famille Exposito sont les gardiens.