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Vie locale

L’EUROPE en Pays Basque

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Parmi ses interventions, l’Europe cofinance les outils (quai et drague) du Port de Bayonne © DR

Élection au Parlement européen ou pas, l’Union européenne est à l’oeuvre dans la vie du Pays Basque via ses initiatives et soutiens financiers : ils touchent aussi bien la vie quotidienne que les infrastructures ou nos relations transfrontalières. Avec leurs limites.

La Banque alimentaire et ses coups de pouce à Bayonne, la rénovation de la salle Ageraldi dans le village d'Hélette, la préservation de la montagne basque, la création et l’extension de la technopole Izarbel à Bidart, la Chambre de commerce transfrontalière Bihartean liant Bayonne et Saint-Sébastien, une prise en compte en cas d’accident de culture sur une parcelle de maïs, le déploiement des pistes cyclables en particulier sur le littoral (un maillon de la fameuse « Scandibérique »), la reconnaissance des Appellations d’Origine Protégée (AOP) tel le piment d’Espelette, l’action contre l’érosion de la Côte Basque à travers le programme « Marea » : sur tous ces aspects et bien d’autres, l’Europe participe, directement ou indirectement, notamment par l’apport de fonds à ces initiatives.

Nombre de changements ont modifié notre vie de tous les jours et nos projets personnels qui ont pour origine l’action de l’Europe. Erasmus depuis 1987 est bien plus qu’une auberge espagnole, il a ouvert aux jeunes de la Faculté et de l’IUT de Bayonne les chemins irlandais de Cork, Castilla y León ou bavarois de Munich. Et dans un territoire frontalier comme le nôtre, la libre circulation des personnes ainsi que des marchandises depuis le 1er janvier 1993 a simplifié les échanges : certes avec le sud, mais autant, sinon plus, en nous permettant des achats à distance chez nos voisins, sans oublier les escapades touristiques devenues plus faciles.

Et un outil a rendu ces changements plus simples : la monnaie commune puis unique avec, à partir du 1er janvier 2002, des pièces et des billets en euro. Pratique pour voyager, utile pour comparer les prix des denrées et des services d’un pays à l’autre. Aujourd’hui, l’euro est la devise de 20 États sur les 27 qui forment l’Union européenne. En ce sens « l’Europe a réunifié le Pays Basque » pointait alors l’eurodéputé, ex-maire d’Anglet, Alain Lamassoure.

L’impact de l’euro

Ces transformations ont également affecté les entreprises du Pays Basque : elles leur ouvrent un « grand marché », l’Europe et ses 500 millions d’habitants qui peuvent être plus facilement touchés par nos fromages de brebis ou nos mobiliers de bureau. Toutes ces PME bénéficient également de plus de sécurité en recourant à une monnaie unique avec les fournisseurs, les sous-traitants et les distributeurs. A fortiori si l’euro devient une devise forte et stable dans les échanges internationaux.

Alors, tout va très bien, Madame la marquise ? À vrai dire, tous ces aspects de l’Europe en Pays Basque peuvent paraître lointains ou noyés dans les flux de l’actualité. Tout comme ce qui se passe à Bruxelles (siège de l’exécutif ) ou au Parlement européen de Strasbourg : comment ça marche, à quoi ça sert ? Dit autrement, l’Europe semblera sans âme, alors que l’idée de nation parle davantage, pour paraphraser le philosophe français Raymond Aron. Et au fil des pays membres (aujourd’hui au nombre de 27), y a-t-il un ou des projets européens ? Par exemple, entre ceux qui veulent une intégration poussée, voire une Europe fédérale, alors que d’autres s’en tiennent à une Europe des nations.

Plus concret encore, la construction européenne est restée bien timide quant aux relations du travail, si ce n’est une charte sociale en grande partie indicative. Mais comment faire avancer ensemble et vite autant de pays qui ont des héritages culturels, des représentations dans les entreprises, des négociations entre partenaires si différents, relativisait Jacques Delors, Président de la Commission européenne.

De même, les inégalités entre pays, entre développement économique, statuts des salariés, droits des femmes ou des migrants sont bien là. Et, si l’Union européenne a bien soutenu la croissance, son évolution aurait davantage favorisé les grandes métropoles sur le continent, moins les zones rurales (avec des désindustrialisations) et les périphéries.

Des stimulants plus qu’une manne

Justement, les moyens financiers et législatifs ne manquent pourtant pas. En Pays Basque aussi, la Politique Agricole Commune (PAC) s’applique. Elle représente à présent 31 % du budget communautaire, soit une dépense de 30 centimes par jour et par citoyen européen. Également, la politique régionale est importante via ses fonds dédiés, dont le Feder avec ses programmes Interreg et Poctefa à l’action de part et d’autre des Pyrénées. Sans oublier le Fonds Social Européen (FSE) pour l’emploi ou le travail des femmes, ni le Fonds de cohésion qui épaule les pays après leur adhésion à l’Union, ainsi l’Espagne hier, la Croatie aujourd’hui. De plus, après l’épisode Covid, l’Europe a déployé un Fonds de relance, dit Next generation, un vaste emprunt de 2 018 milliards voué à stimuler les économies et les initiatives après l’épidémie.

Mais, si l’Europe s’est montée selon le principe « l’union fait la force », elle n’avance qu’en comptant sur chacun de ses membres : à chaque pays, collectivité ou acteur d’abord de monter des projets au plus près du terrain avant de quérir le soutien communautaire (principe de subsidiarité) et l’Union vient en plus des financements locaux (principe d’additionnalité). Puisque nous en sommes aux chiffres, le budget annuel de l’Union européenne s’établit à 330 milliards d’euros : outre des droits de douane, ses recettes principales viennent des pays membres en fonction de leur richesse (PIB) avec, en tête, l’Allemagne, la France, la Pologne, etc. Par comparaison, le budget de l’État français est de 380 milliards, celui de la Nouvelle Aquitaine de 3,5 milliards quand la Communauté d’agglomération Pays Basque, regrette Jean-René Etchegaray, ne peut compter que sur 600 millions d’euros pour 2024.