Imprimer la page
Vie locale

Les redoutes du Pays Basque

© SG

© SG

Vestiges d’un passé militaire parfois oublié, les redoutes du Pays Basque sont pourtant le témoignage d’une période troublée de l’Histoire de France, et permettent de comprendre combien la frontière avec l’Espagne fut l’objet d’une attention toute particulière, notamment après la Révolution française.

Quelques repères historiques

Si la Révolution de 1789 bouleverse l’ensemble de la société française en profondeur, ses conséquences dépassent largement les frontières de l’Hexagone. Concrètement, elle permet l’émergence d’une nation de citoyens égaux en droit dans une Europe monarchique. Au départ, les idées révolutionnaires sont bien accueillies par les élites européennes, mais, très vite, les monarchies craignent la contagion et montrent une hostilité grandissante au fil des mois.
Face à cette défiance, la France déclare la guerre à l’Autriche, alliée à la Prusse, en 1792. S’en suivent alors plusieurs années de conflits dans toute l’Europe, notamment durant l’Empire napoléonien. Cette situation oblige la France à renforcer ses défenses, particulièrement aux frontières. Or, celles-ci sont nombreuses : Italie, Suisse, Belgique, Allemagne, Espagne, Angleterre (côte).

Anatomie d’une redoute

La redoute présente un avantage certain pour renforcer les défenses frontalières déjà existantes. Pour faire simple, il s’agit d’une petite fortification indépendante, en étoile ou en quadrilatère, servant autant de position d’attaque que de défense. Elle est en général fermée, avec des angles saillants — bien que cela ne soit pas le cas de toutes celles du Pays Basque — et ne peuvent accueillir qu’une petite troupe de militaires.
Dès 1792, les frontières avec l’Espagne sont renforcées et les alentours de la Rhune deviennent des positions stratégiques. Ainsi, une vingtaine de redoutes sont édifiées sur les territoires d’Ascain, de Sare, d’Urrugne, de Biriatou et de Saint-Pée-sur-Nivelle. Les constructions de ces deux dernières communes sont de plus petite taille et ne contiennent pas l’ensemble des éléments habituels, en raison des particularités géographiques de leur emplacement. Dans le quartier d’Amotz, à Saint-Pée-sur-Nivelle, les crêtes étaient en effet trop étroites pour permettre une édification plus importante. Toutefois, cette zone présentait une véritable faiblesse creusée par la Nivelle, conférant dès lors aux lieux un enjeu primordial de défense qui justifiait leur présence.
Une bataille perdue d’avance
En 1813, le maréchal Soult a la lourde tâche de résister face à l’avancée du célèbre duc de Wellington qui est à la tête de la coalition anglo -hispano-lusitanienne. L’armée française se bat vaillamment sur les hauteurs d’Amotz, malgré l’inexpérience des hommes affectés dans les redoutes. Malheureusement, la faiblesse du dispositif de défense, à cet endroit précis, permet aux troupes étrangères de repousser les Français jusqu’à Saint-Pée-sur-Nivelle. Au total, près de 4 000 militaires de l’Empire périront dans les affrontements.

Des vestiges du passé

Aujourd’hui, il ne reste que quelques vestiges de ces fortifications, notamment à Urrugne ou encore à Sare, avec la redoute étoilée de Koralhandia qui offre une vue imprenable sur le sommet de la Rhune. Très souvent, les randonneurs non avertis confondent les murs restants avec ceux d’une bergerie ou d’une habitation quelconque.
Si vous souhaitez découvrir ce passé militaire méconnu, une randonnée très accessible vous attend au départ du Pont d’Amotz. Là, une boucle d’environ 9 km, présentant un faible dénivelé, vous permettra d’apercevoir les anciennes redoutes napoléoniennes, notamment celle de Ziburu, entrée dans la postérité avec le maréchal Soult. Il faudra cependant être attentif et laisser parler votre imagination pour tenter de comprendre ce type de fortification. En effet, il ne reste guère plus que quelques talus que l’on pourrait confondre avec de simples crêtes. Des panneaux explicatifs vous en indiquent l’emplacement et schématisent sommairement la construction.
Le reste de la randonnée vous offre des points de vue sur la Rhune ou encore le Mondarrain, ainsi que sur une végétation riche et accueillante. Petit conseil final : si vous choisissez de découvrir les redoutes d’Amotz en plein été, privilégiez un départ matinal afin d’éviter les heures les plus chaudes, un bon tiers de la marche étant totalement dépourvue de zone d’ombre.