Les façades de Bayonne
Cathédrale Sainte-Marie, ancien fort du Réduit, Château-Neuf ou encore Hôtel de Belzunce, la Ville de Bayonne ne manque pas d’édifices inscrits ou classés au titre des monuments historiques. On en dénombre 25 au total, soit 6 % des protections regroupées dans les Pyrénées-Atlantiques. La richesse du patrimoine bayonnais ne provient toutefois pas uniquement de ces bâtiments exceptionnels, et il serait particulièrement dommage d’oublier la multitude des façades remarquables, notamment à colombages, qui jalonnent le Grand et le Petit Bayonne.
Petit précis d’architecture
Tout d’abord, il est intéressant de comprendre les raisons d’une telle architecture dans la ville. Rappelons-nous que Bayonne est fondée au confluent de la Nive et de l’Adour, sur un promontoire émergeant des rives marécageuses de ces deux cours d’eau. Sa vocation portuaire, à quelques kilomètres de la côte Atlantique, est donc toute trouvée. Nul besoin ici de revenir sur le castrum romain, même si Bayonne s’est déployée au fil des siècles à partir de la première enceinte.
De l’architecture médiévale, il ne reste quasiment aucune habitation, la plupart ayant été construite avec des matériaux fragiles (bois, torchis, chaume, etc.). Il faut attendre le 16ème siècle et la nouvelle vitalité économique de Bayonne pour voir son architecture du quotidien renaître de ses cendres. Les anciens canaux sont comblés, les maisons en ruines sont reconstruites, majoritairement en bois, parfois en pierre pour les hôtels particuliers et les maisons des notables.
Un inventaire réalisé en 1694, à la demande de Vauban, permet de recenser 925 maisons dont 617 construites « en grillage de charpenterie », c’est-à-dire en pans de bois ou colombages. Les conclusions de cet important travail entraînent une modification massive de l’architecture, obligeant l’ensemble des propriétaires à supprimer les encorbellements (avancées jugées trop dangereuses dans les rues étroites) et à aligner les façades. Désormais, Bayonne devient la ville que nous connaissons encore aujourd’hui, plus de 700 maisons ayant été remaniées en moins d’un siècle.
Ouvrez grand les yeux
Pourquoi ne pas réaliser ensemble un petit exercice d’observation et de commentaire des façades bayonnaises ? Rendez-vous donc au niveau du Musée basque, approchez-vous de la Nive, et regardez la rive opposée. Vous avez ici un condensé de l’architecture de la Cité. Des maisons hautes et étroites, en pierres ou en pans de bois, dont presque tous les rez-de-chaussées sont consacrés au commerce, d’où la présence accrue de vitrines. De plus, hormis quelques exceptions, les toitures sont quasiment toutes en tuiles canal.
Regardons maintenant plus en détail. Le quai Dubourdieu, entre les ponts Mayou et Marengo, est exclusivement constitué de façades en pierres de style classique. Sur le quai Roquebert, qui s’achève avec le pont Pannecau, vous dénombrerez deux maisons à colombages, à l’angle des rues Port de Castets et Port de Suzeye. Le quai Jaureguiberry, jusqu’au Pont du Génie, vous permettra enfin d’admirer davantage de façades en pans de bois, notamment la Maison Moulis, à l’angle de la rue Port de Bertaco. Son architecture atypique, faite de deux avant-corps symétriques maçonnés et reliés par une façade à pans de bois abritée en retrait, est un modèle de réussite. La richesse des motifs sculptés - palmettes, entrelacs, ornements régionaux - participe à lui confédérer une saveur particulière.
Plus loin, dans la rue des Basques, n’hésitez pas à vous arrêter devant l’imposante Maison Capparoze et son mur en saillie. Ensuite, remontez les petites rues au gré de vos envies, jusqu’à la rue d’Espagne. Là, à l’angle de la rue Passemillon, prenez quelques minutes supplémentaires pour une nouvelle leçon d’architecture et de charpente. Cette façade vous permet de distinguer en un seul et même lieu deux façons différentes de « contreventer » une maison, c’est-à-dire de faire en sorte qu’elle ne bascule pas latéralement, notamment lorsqu’elle prend de la hauteur. Concrètement, il existe trois types de « contrefiches » : en X appelée aussi croix de Saint-André, en écharpe ou guette, c’est-à-dire une oblique simple, et en V ou en V inversé.
Vous constaterez que toutes ces techniques de contreventement ont été utilisées au fil des siècles, créant la résille actuelle, si caractéristique des cartes postales de la ville. Il n’y a pas vraiment d’explication à cela, si ce n’est sans doute la réalisation par des architectes et des artisans différents, tous soucieux cependant de faire en sorte que les édifices restent debout dans le temps.
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