Les belles ambitions de Sabine Cazenave pour faire évoluer le Musée Basque
Nous avons rencontré Sabine Cazenave, nouvelle directrice-conservatrice du Musée Basque depuis le 1er novembre 2019. Elle y a posé ses valises remplies d’une multitude de projets qu’elle a commencé à mettre en place. Son parcours jusqu’à Bayonne, les femmes au Pays Basque, ses projets pour le Musée, Sabine Cazenave s’est livrée sans détour.
Sa vie est un véritable tourbillon aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Sabine Cazenave dont les origines sont partagées entre le Béarn et le Pays Basque, grandit dans le Béarn du côté d’Artix. Elle a toujours dessiné et apprécié l’art, encouragée par ses parents : « Ils avaient le goût des belles choses et me l’ont transmis. Et j’ai sûrement été influencée par deux de mes tantes qui étaient très sensibles à l’art, raconte Sabine qui se remémore des instants de son enfance. Ma mère était attentive à notre bien-être. D’ailleurs, sur un de mes livrets scolaires elle avait alerté mes professeurs sur mon caractère : Ma fille est très sensible et en travaillant sa sensibilité, vous ferez d’elle ce que vous voulez ».
Enseignante d’Arts Plastiques, puis conservatrice
Elle s’oriente tout naturellement vers les Arts Plastiques, une filière venant de s’ouvrir au lycée de Pau. Puis, elle obtient à Bordeaux son Capes, décroche l’agrégation et enseigne les Arts Plastiques à son tour. Son métier la passionne, elle s’y investit à 200 %, apporte un vent de nouveauté en proposant par exemple des artistes en résidence dans les lycées où elle passe. Elle enseigne en Picardie, puis à Tarbes pour se rapprocher de sa région d’origine tout en faisant des allers retours pour retrouver sa famille restée dans le nord. « À 38 ans, j’ai eu envie de changement. Et comme j’étais très impliquée dans les arts, j’ai tenté le concours de conservateur que j’ai passé deux fois et obtenu. Pour le préparer, j’ai repris des études à la Sorbonne à Paris pour passer un DEA tout en continuant à enseigner à Tarbes. Après plusieurs postes en tant que conservatrice à Paris notamment, je deviens en 2007 et jusqu’en 2016 directrice du Musée d’Amiens », raconte celle qui a également été conservatrice au Musée d’Orsay de 2017 à 2019. À Bayonne, Sabine Cazenave a postulé trois fois avant d’y venir en novembre 2019. Elle est la première femme à prendre la tête du Musée Basque.
L’importance des femmes
Sabine Cazenave est très sensible à la cause des femmes, elle qui a été entourée de femmes fortes. Sa mère a toujours travaillé, à une époque où nombreuses d’entre elles étaient femmes au foyer. « Mes deux grands-mères ont été seules rapidement et ont pris en charge leur famille à bras le corps. Ma grand-mère maternelle a élevé ses cinq filles qui ont eu chacune un métier. Elles étaient des femmes extraordinairement ouvertes sur le monde »,se souvient-elle, avant de rajouter : « Et au Pays Basque, les femmes ont une place très importante puisque le droit d’aînesse s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Le Pays Basque a donné beaucoup de femmes de tête et dans tous les domaines. Par exemple, en art, Marie Garay est une artiste peintre, seule élève femme de Léon Bonnat. D’ailleurs c’est la première artiste que j’ai l’intention de mettre à l’honneur au Musée Basque ».
Ses projets au Musée Basque
« Je suis ravie de prendre cette direction. J’arrive ici avec un projet, un projet de vie car c’est mon territoire. J’ai pour idée de créer une extension, afin que le Musée Basque fasse face au Musée Bonnat-Helleu car à l’arrière il y a une réserve qui donne sur la rue de ce dernier. On peut faire quelque chose d’extraordinaire et qui pourrait être très attachant pour la ville : avoir un quartier de musées entre Nive et Adour. Ce challenge me tient à coeur et c’est une très belle émulation », affirme Sabine Cazenave.
Pour l’instant, elle s’attelle avec son équipe de 25 personnes à retrouver une dynamique de travail pour se projeter dans l’avenir. Elle souhaite procéder à un toilettage, redonner du pep’s à ce musée qu’elle considère comme un musée de société extrêmement important pour le territoire Basque et pour la Ville de Bayonne. Elle désire mettre en avant les basques, le basque, l’euskara puisque c’est un lieu de référence de la bascophonie. Mais aussi redonner vie et apporter un contexte aux objets exposés par des documentaires et par du son : « le but est de parler aujourd’hui du passé avec ces objets tout en se projetant vers le futur ». Les expositions permanentes sont repensées, les temporaires sont déjà programmées, des soirées conférences y sont données tous les jeudis soirs.
Un vent de fraîcheur souffle sur le Musée Basque impulsé par l’énergie, le dynamisme et le sourire de sa nouvelle directrice-conservatrice.
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