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Vie quotidienne

Les algues, un trésor insoupçonné

© kichigin19 Stock.Adobe.com

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L’épisode de canicule de ces derniers jours remet au centre des préoccupations le climat et la lutte contre le réchauffement climatique. Une occasion de découvrir les algues, notamment en matière d’écologie.

Vincent Doumeizel semble être la figure de proue du mouvement récent pour le développement et la promotion des algues dans le monde. Auteur de « La révolution des algues », un ouvrage riche et passionnant, il souhaite faire entrer ces organismes aquatiques dans notre quotidien. Nul doute qu’il y parvienne, il suffit d’écouter ses arguments à la fois précis et passionnés pour adhérer à ses idées et se joindre à lui pour participer à cette « révolution ». Car oui, il s’agit bien d’une révolution tant les usages et potentiels que renferment ces végétaux marins semblent, non seulement innombrables, mais également sources d’innovations dans une multitude de domaines.

Grâce à l’association « Océans sans frontières », organisatrice de l’évènement H2Océans, nous avons pu suivre la conférence de Monsieur Doumeizel, dans le cadre des « Rendez-vous Océan » qui se sont déroulés dans les locaux du Connecteur à Biarritz, du 4 au 11 juin dernier. À l’occasion de cet évènement, nous avons eu un aperçu des secrets que recèle son livre et des potentialités cachées au cœur de ces plantes marines. Voici ce que nous avons appris.

Les océans, ressource primordiale

Les océans couvrent 70  % de notre planète et représentent une surface de 361 millions de km². Pourtant ils sont très peu exploités contrairement aux zones terrestres qui commencent à sérieusement souffrir de notre utilisation intensive de leurs ressources. Abstraction faite de leur rôle de terrain de pêche, encore une fois souvent utilisé de façon déraisonnée, ils servent principalement... de décharge. Or, ils sont nécessaires à la survie de l’humanité puisqu’ils absorbent 30  % du CO2 de l’atmosphère terrestre et produisent entre 50 % et 75 % de son oxygène. La captation du CO2 s’opère de deux manières : physique (le carbone se dissout dans le liquide pour ensuite être amené vers les fonds marins où il est séquestré) et biologique. Ce second phénomène est possible principalement grâce au phytoplancton et aux autres variétés d’algues. Leur rôle ne s’arrête pas là, car ces organismes multitâches produisent en même temps de l’oxygène grâce à la photosynthèse.

Un trésor oublié

Si les algues sont régulièrement consommées et utilisées en Asie, ce n’est pas le cas du côté des civilisations occidentales. Or, il fut un temps où la réalité était bien différente. Les peuples côtiers en ingurgitaient régulièrement. Les Vikings en emportaient lors de leurs longs périples sur les flots pour garantir un apport nutritif varié et éviter certaines maladies telles que le scorbut. C’est une des raisons qui leur a permis de sillonner si largement les océans et de repousser les limites de l’exploration maritime. Elles figuraient également en bonne place au menu des Amérindiens, des Maoris et des Aborigènes d’Australie. Alors pourquoi ne les trouve-t-on plus dans nos assiettes  ? La cause serait imputable aux peuples gréco-romains. Habitants des bords méditerranéens, ils cultivaient une aversion féroce envers ces espèces marines. Virgile déclarait d’ailleurs dans l’Énéide « Rien n’est plus vil que les algues ». Il faut dire que la mer Méditerranée n’offre pas le cadre le plus favorable au développement de ces organismes. Néanmoins, ces peuplades ont diffusé leur sentiment négatif aux autres cultures lors des conquêtes territoriales. Ainsi, les populations européennes assimilèrent-elles cette idée avant de la répandre à leurs tours à l’occasion de leur expansion coloniale qui débuta à la fin du XVe siècle.

Une myriade de possibilités

La présentation débute en ces termes : « les algues sont les organismes les plus rock’n’roll et les plus sexy des océans ». Déclaration pour le moins intrigante qui introduit d’emblée un élément essentiel : la séduction. Car oui il est ici question de se laisser charmer et convaincre, mais pour de bonnes raisons. C’est ce que nous allons découvrir en plongeant dans l’univers fabuleux et méconnu des algues.

Concrètement, elles offrent des solutions innovantes dans de nombreux domaines tels que l’alimentation, l’écologie et la protection de la biodiversité, la lutte contre la pauvreté et l’injustice sociale, la médecine et la cosmétique ou encore les énergies. Tour d’horizon des applications potentielles de ces végétaux.

Manger des algues. L’algoculture est peu exigeante (pas de besoin en eau, en engrais et en pesticides) et ces organismes vivants se développent rapidement. Ces caractéristiques en font un allié de poids dans la lutte contre la faim dans le monde et une alternative plus qu’intéressante pour sortir d’un modèle majoritairement tourné vers une agriculture intensive énergivore et gourmande en pesticides. À noter qu’à l’échelle mondiale, le système alimentaire actuel est le premier contributeur de gaz à effet de serre, de déforestation, de sécheresse et de perte de biodiversité. En outre, les océans offrent un immense espace inutilisé qui représente aujourd’hui moins de 2 % des apports en calories globaux.Manger des algues. L’algoculture est peu exigeante (pas de besoin en eau, en engrais et en pesticides) et ces organismes vivants se développent rapidement. Ces caractéristiques en font un allié de poids dans la lutte contre la faim dans le monde et une alternative plus qu’intéressante pour sortir d’un modèle majoritairement tourné vers une agriculture intensive énergivore et gourmande en pesticides. À noter qu’à l’échelle mondiale, le système alimentaire actuel est le premier contributeur de gaz à effet de serre, de déforestation, de sécheresse et de perte de biodiversité. En outre, les océans offrent un immense espace inutilisé qui représente aujourd’hui moins de 2 % des apports en calories globaux.

Les algues, aussi appelées «  légumes de la mer  », offrent des ressources nutritives précieuses. Elles sont riches en vitamines A, C et K, chargées de fibres et de micronutriments. Elles sont pauvres en graisses et apportent des éléments nutritionnels positifs utiles, notamment le fer et le magnésium. Elles ont un impact bénéfique sur la circulation sanguine, la digestion, ou encore le...

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