Le tournesol, un gagnant inattendu de la crise
Crise financière, climatique, guerre en Ukraine, le monde agricole est sérieusement impacté, notamment en cultures céréalières. Dans ce contexte pourtant, les signaux sont au vert pour la culture du tournesol.
Avec le colza et l’olivier, le tournesol est l’une des trois sources principales d’huile alimentaire en Europe. Alors que la production mondiale d’huile de tournesol s’élève à 16 millions de tonnes, 25 % proviennent d’un seul pays : l’Ukraine. Outre l’huile alimentaire, la grande fleur jaune est également utilisée pour l’alimentation animale sous forme de tourteaux. On comprendra donc que cette fois, c’est bien la réalité, la guerre en Ukraine a une conséquence directe sur l’approvisionnement mondial. Et la France ne fait pas exception à cette situation de pénurie.
Et comme un problème n’arrive jamais seul, la guerre d’Ukraine a fait réapparaître un méfait disparu depuis plusieurs décennies : une inflation mondiale. Ainsi le prix de l’azote (utilisé dans la culture du maïs, très présent dans notre département) a explosé. Ajoutez à cela une situation de sécheresse, et la filière céréalière voit tous ses signaux virer au rouge.
Une belle opportunité économique
Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, toutes ces crises sont des avantages pour le développement de la culture du tournesol. Cette plante, qui fait honneur à l’astre le plus célèbre, demande peu d’azote et possède un faible besoin en irrigation. « Le département des Pyrénées-Atlantiques, particulièrement touché par les grosses chaleurs et le manque de pluie est donc devenu un terroir idéal de culture, et les conditions climatiques annoncées pour le futur offrent à cette espèce rustique un avenir en expansion », explique Arnaud Micheneau, ingénieur développement et animateur régional agriculture chez Terres Inovia.
Et d’étayer sa thèse avec d’autres arguments non négligeables : « Peu d’azote, peu d’eau, peu d’insecticides et montée en flèche du prix de l’huile de tournesol du fait de la pénurie, c’est une vraie belle opportunité économique pour les producteurs ». Une augmentation du prix effectivement impressionnante. Entre l’avant-crise COVID et aujourd’hui, le prix de la tonne d’huile de tournesol est passée de 750 à 2.000 €.
Pas question pour autant de remplacer partout la culture du maïs par celle du tournesol : « C’est impossible pour deux raisons majeures », reprend Arnaud Micheneau, « d’une part le maïs est entré dans les coutumes profondes, et d’autre part nos terres sont variées ». Et c’est là qu’apparaît toute la richesse du terroir local avec ses disparités : un sol plus humide favorise la culture du maïs, quand un sol plus aride offrira la part belle au tournesol. Dans notre département, il y a de la place pour les deux, pour l’épi comme la plante solaire.
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