Le harcèlement, l'affaire de tous !
(de gauche à droite) L'inspectrice du travail Céline Burret, le Dr Laurence Giboulot et la psychologue Célia Chérèches animent l'atelier sur le harcèlement au travail © Alexandra Delalande
Le département de santé publique du Centre Hospitalier de la Côte Basque a organisé le mardi 21 janvier à la Maison pour Tous d’Anglet, une conférence sur le harcèlement.
En prolongement de la semaine de prévention du harcèlement organisée chaque année la première semaine de novembre, cette conférence avait pour but de sensibiliser salariés et parents et de répondre à leurs questionnements. La soirée s'est déroulée en deux parties, une conférence générale sur le harcèlement dans un premier temps suivie de 2 ateliers : l'un sur le harcèlement scolaire et l'autre sur celui au travail. Cette conférence était animée par le médecin du travail du centre hospitalier, le Docteur Laurence Giboulot, la psychologue du travail, Célia Chérèches, la psychologue Annick Trounday, la juriste Déborah Bonnel, la CPE du lycée Paul-Bert de Bayonne Sandrine Esneault et Céline Burret, de l'inspection du travail.
Qu'est ce que le harcèlement ?
Le harcèlement est une violence répétée, sur une longue période, par une personne ou un groupe de personnes à l’égard d’une autre. Les attaques peuvent être verbales, physiques ou psychologiques. Il existe une emprise, c'est-à-dire une relation qui met l'autre dans une dépendance psychologique. Cette emprise empêche l'autre d'être quelqu'un, d'avoir sa personnalité. Il s'agit d'une relation asymétrique. « Le processus psychologique est très subtil, caché et évolutif dans le temps », souligne la psychologue Annick Trounday. Dans le harcèlement, la répétititvité est ce qui fait la force. L'accumulation même de petits actes ou petites boutades rend l'action insupportable à l'autre et provoque de la peur, de l'effroi ou de l'angoisse.
Le harcèlement scolaire
On estime que ce fléau touche 700 000 élèves par an en France. Le harcèlement scolaire est un fléau : il tue la confiance et l’estime de milliers d’enfants chaque année. Ce type d’harcèlement peut prendre différentes formes : critiques, moqueries, petites tapes, racket, coups et blessures … « Il existe du harcèlement d'intensité lègère et sévère, prévient Sandrine Esnault CPE au collège Paul-Bert de Bayonne et qui est confrontée tous les jours aux élèves. Face au harcèlement, des méthodes de sensibilisation et d’intervention existent, comme la méthode Pikas. Des élèves vont jouer le rôle de témoins et vont observer ce qui se passe dans leur école. Ils peuvent, s'ils le désirent parler à l'adulte de faits qu'ils ont vus et qui leur paraissent anormaux. Il s'agit de l'observation positive. Ils sont acteurs du bienêtre et du vivre ensemble dans leur établissement », poursuit-elle. D'ailleurs depuis cette année, elle forme à cette méthode et à la sensibilisation du harcèlement les adultes des structures scolaires qui en font la demande. « Il est important aussi de prendre en charge un enfant victime de harcèlement. Il faut l'aider à élaborer des stratégies, lui donner des armes pour qu'il trouve la force de dire non. Par ailleurs, les écrans nuisent à la relation entre les enfants. Ça les empêche d'exister et d'affronter les autres », ajoute Annick Trounday.
Le harcèlement au travail
En 2012, 22 % des salariés se déclaraient harcelés psychologiquement au travail. « Un chiffre en augmentation constante qui se traduit avant tout par une souffrance au travail. C'est en effet, le cause de la plupart de mes consultations », rapporte Laurence Giboulot, médecin du travail. Le harcèlement moral est un délit. Il entraîne la dégradation des conditions de travail pouvant aller jusqu'à une atteinte à ses droits et à sa dignité, à une altération de sa santé physique ou mentale et à une menace pour son évolution professionnelle. La relation d'emprise au travail est souvent majoré par le rapport hiérarchique. Il est puni dans le secteur privé comme dans le secteur public.
Céline Burret, inspectrice du travail, tout comme Célia Chérèches psychologue, insiste sur la prévention dans les entreprises et la nécessité de former les équipes pour mettre en place des mesures d'évaluation à la détection du harcèlement. Tout salarié peut alerter la médecine du travail et se rapprocher de l'inspection du travail. Lorsque le harcèlement s'est installé, et à la demande du médecin du travail, Célia Chérèches accompagne les victimes et les aide à se protéger et à trouver des alternatives. Des techniques auxquelles chacun devrait être sensibilisé pour faire face à une éventuelle situation de harcèlement. Car, elle peut vite arriver et s'installer sans faire de bruit !
D'ailleurs pour preuve que le harcèlement est l'affaire de tous, l’Assemblée Nationale vient de mettre en place, en son sein, une cellule anti-harcèlement. Ce dispositif sera effectif dès le 1er février : les personnes présumées victimes pourront 24h/24 et 7 jours/7 avoir un contact avec un psychologue pour faire part de leurs griefs.