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Vie locale

La LITTÉRATURE au Pays Basque : un voyage à travers les siècles

© Pamiela Argitaletxea

Arantxa Urretabizkaia © Pamiela Argitaletxea

De ses origines médiévales à ses expressions contemporaines, feuilletons ensemble les pages de la littérature en langue basque.

Si la tradition orale existe depuis des temps immémoriaux en Iparralde, son expression littéraire est beaucoup plus récente. Il faut même attendre l’année 1545 pour que le premier livre écrit en basque soit imprimé. Le Linguae Vasconum Primitiae, recueil de poésies religieuses et profanes, est le fruit du travail de l’abbé Bernard Dechepare, curé de la paroisse de Saint-Michel, en Basse-Navarre. Il pose ici les bases de la langue basque écrite, notamment avec son poème Kontrapas qui célèbre l’euskara.

Quelques années après, Jeanne d’Albret, Reine de Navarre, confiera à l’Abbé Jean de Lissargue, de Briscous, le soin de traduire en basque le Nouveau Testament. Un siècle plus tard est publié le grand chef-d’oeuvre de la littérature classique basque, Gero (Plus tard ou Après), de l’Abbé Pedro de Aguerre. Composé de soixante chapitres, ce livre a pour objectif d’inviter le lecteur à l’ascèse afin d’éviter la paresse et l’oisiveté. L’écrivain, également connu sous le nom d’Axular, prévient, dès le prologue, que son oeuvre ne fera pas l’unanimité, car il existe une très grande diversité dans cet idiome. Pourtant, près de 400 ans plus tard, il demeure un modèle pour la langue basque, tant par son originalité que par son contenu et sa qualité.

Le siècle des Lumières : entre normalisation et identité

Au 18e siècle, la littérature basque s’affirme davantage, avec une production plus variée, mais beaucoup moins originale et qualitative. Les textes de cette période reflètent une prise de conscience de l’identité basque. Manuel de Larramendi, un prêtre jésuite, en est l’exemple le plus marquant. Il joue un rôle fondamental dans la codification et la normalisation de cet isolat linguistique, avec son dictionnaire basque-espagnol et ses écrits sur la grammaire. À noter également la publication, en 1881, du Peru Abarca, de l’Abbé Juan Antonio Moguel Urquiza, à titre posthume, et souvent considéré comme le premier roman en euskara.

Romantisme et renouveau au 19siècle

L’après-Révolution voit une véritable renaissance littéraire avec l’influence du romantisme. La poésie, et plus particulièrement la fable, y tient une place prépondérante. José Maria Iparraguirre, poète et chanteur, devient une figure emblématique de cette époque. Son poème Gernikako Arbola, dédié au chêne de Guernica, devient le symbole de la liberté et de l’identité basques. Antoine d’Abbadie incite vivement ses contemporains à créer des oeuvres originales en proposant des concours de poésies qui mettent en avant les vers d’Uriarte ou encore de Jean-Baptiste Archu. Le 19e siècle est en outre celui de l’apparition de très nombreux ouvrages ethnographiques consacrés par exemple à la langue et aux moeurs en Pays Basque, ainsi que de la naissance des premiers journaux en langue basque, comme El Correo del Norte, à Saint-Sébastien, et surtout la revue Ariel, à Bayonne, sous l’impulsion du souletin Agusti Xaho.

Vers une plus grande modernité

Le 20e siècle est une période de grande diversité et de modernité pour la littérature basque. Des auteurs comme Gabriel Aresti révolutionnent la poésie régionale avec son oeuvre Harri eta Herri (Pierre et Pays), en 1965, qui marie la tradition avec des thèmes contemporains. La prose se développe également avec des écrivains tel Agirre, auteur de romans historiques et sociaux. Cette période voit aussi l’émergence de la littérature féminine, notamment avec Arantxa Urretabizkaia qui, en 1978, avec Zergatik, panpox ? (Pourquoi, ma puce ?), est la première femme à écrire un roman en euskara. La Bayonnaise Itxaro Borda et son roman 100 % Basque reçoit quant à elle le Prix Euskadi en 2002.

Les nouveaux défis de la littérature contemporaine

Aujourd’hui, la littérature basque continue de prospérer. Les écrivains contemporains explorent des thèmes variés, de l’identité culturelle à la mondialisation, en passant par les questions environnementales. La traduction joue également un rôle crucial en rendant la littérature basque accessible à un public plus large, sans oublier l’explosion de la littérature jeunesse qui ouvre les jeunes générations à l'euskara.