LA CITADELLE, un quartier en pleine mutation
Près de 70 ans après sa construction, le quartier de la Citadelle, à quelques encablures de la célèbre sentinelle qui veille sur Bayonne, s’offre depuis quelques mois une nouvelle jeunesse. À l’occasion des Journées nationales de l’Architecture, une visite a permis de découvrir l’histoire du lieu et l’énorme chantier de restauration en cours depuis plus d’un an.
Être le doyen – ou presque – des nouveaux quartiers à logements collectifs construits juste après la Seconde Guerre mondiale offre quelques privilèges à celui de la Citadelle à Bayonne. Notamment celui de pouvoir bénéficier d’une deuxième jeunesse.
Les archives départementales de Bayonne permettent de se rendre compte de l’évolution urbaine de la zone depuis 1945, notamment grâce aux nombreuses vues aériennes qui y sont conservées. En 1951, par exemple, le plateau de la Citadelle est encore très peu occupé et seule la construction militaire domine. En effet, une très grande partie de l’espace appartient à l’armée et si la mairie souhaite construire un nouveau quartier, il faut avant cela que la zone soit déclassée. C’est d’ailleurs l’armée elle-même, en septembre 1948, qui sollicite la Ville de Bayonne afin qu’elle construise 150 logements à destination des militaires. Cette dernière accepte la proposition à la condition d’étendre le projet à 300 logements et répondre ainsi aux besoins d’après-guerre. Le décret est signé en 1950 et concernait également un déclassement de terrain dans le quartier Mousserolles.
Un projet ambitieux
Le projet initial prévoit la construction de barres de logements, d’une tour, ainsi que de plusieurs villas individuelles. Sans oublier l’ajout d’équipements, tels une école maternelle, une alimentation générale, un salon de coiffure et une pharmacie. Le cahier des charges stipule dès le départ que chaque logement doit disposer d’une cave, du chauffage individuel, être traversant, lumineux et aéré, avec de nombreux placards et rangements. L’ensemble architectural doit enfin proposer de grands espaces verts extérieurs.
La conception des plans de masse du quartier de la Citadelle est confiée aux architectes d’État Charle Nicod et André Remondet, tous deux mandatés par le ministre de la reconstruction. Le premier a réalisé le monument aux morts de Bayonne, en 1924, tandis que le second sera le futur architecte de sa cité administrative ou de l’Église Sainte-Croix.
Le parti pris par les architectes est de doter l’ensemble d’une identité propre, notamment avec l’utilisation de parements de pierres pour les soubassements des bâtiments et les sous-sols semi-enterrés, ainsi que pour les façades latérales et les cages d’escaliers extérieures. Le choix se porte également sur des façades systématiquement blanches.
Les premiers bâtiments sont livrés dès l’automne 1956 tandis que les derniers sont achevés en 1961. Au total, 241 logements sont créés, dont une seule villa individuelle. La tour d’habitation de 41 mètres ne verra finalement jamais le jour.
Une réhabilitation ambitieuse
Après 65 ans de bons et loyaux services, il est désormais nécessaire de réhabiliter complètement le quartier, et de moderniser l’ensemble des logements. La volonté de la Ville de Bayonne et d’Habitat Sud Atlantic (Office Public de l’Habitat au Pays Basque qui fête cette année ses 100 ans) est de réaliser une rénovation de grande envergure afin de rendre à la zone son « lustre » d’antan, en logeant mieux, plus, à des prix abordables, et avec des constructions qui respectent les normes actuelles et la transition écologique.
Après de nombreux mois de consultation et d’échanges avec les habitants et les différents acteurs du quartier, le chantier en trois phases a débuté cette année et devrait s’échelonner sur 10 ans. D’ores et déjà, 89 logements ont été déconstruits. On parle bien de déconstruction et non de démolition, car le souhait d’Habitat Sud Atlantic est que les différents matériaux soient diagnostiqués à des fins de réemploi ou encore de recyclage. Des entreprises locales comme Patxa'ma ou les compagnons bâtisseurs ont été choisies pour cette revalorisation. Le relogement des locataires a, en outre, été une étape importante du projet. Habitat Sud Atlantic a ainsi reçu individuellement chaque locataire pour trouver la solution la plus adaptée et établir le souhait de chacun de revenir ou non à la Citadelle.
La mixité comme objectif
Cette réhabilitation ou requalification du quartier de la Citadelle a enfin pour objectif durable d’apporter davantage de mixité. Initialement, il s’agissait de logements locatifs familiaux. Désormais, les appartements pourront être attribués à des étudiants, des séniors, des saisonniers, afin de rendre le quartier plus inclusif.
Les différents partenaires ont d’ailleurs mis en place des « cafés rencontres » tous les trimestres, afin de tenir informés les habitants, les associations et les professionnels du quartier de l’évolution du chantier. Ce genre de rencontre doit également permettre de faire de cette réhabilitation une véritable co-construction vivante et active.
Les prochaines phases devraient débuter en 2025 et 2027.
- PLANTATION d’arbres à Bidart
- Participation citoyenne à ARETTE