La Baleine et les Basques, une riche et ancienne histoire
Chaque année, le 19 février marque la journée mondiale de la baleine. Aujourd’hui protégé, le cétacé était autrefois chassé et dans cette discipline, les pêcheurs basques étaient champions. Leur réputation franchissait les océans et le fruit de leur campagne était l’objet d’une vaste économie.
« Boga, boga, marinela », le célèbre chant basque raconte l’épopée des marins jusqu’aux Indes. En fait, ce que l’on appelle les Indes à cette époque, est en réalité l’Amérique. Mais que diable faisaient les pêcheurs basques à proximité des rives canadiennes au XVIème siècle ? Ils venaient y chasser la baleine, objet de leur campagne transatlantique et véritable vecteur de développement économique pour toute la Côte Basque.
Du Golfe de Gascogne au Golfe du Saint-Laurent
Les basques et la baleine, c’est une longue histoire qui démarre dès le début du Moyen-âge. À cette époque, les terres de la bande littorale sont pauvres. Les hommes se tournent alors vers l’océan pour en exploiter les ressources parmi lesquelles figure la baleine dont les populations exploitent les moindres parties.
Pendant longtemps, il suffisait de faire le guet depuis nos côtes. Pour cela, des tours sont érigées pour surveiller l’océan et donner l’alerte. Dès qu’un cétacé pointe à l’horizon, les hommes (entre 6 et 10) embarquent sur une txalupa au bout de laquelle un harponneur se tient debout, prêt à décocher sa lance. Une chasse rudimentaire et difficile mais le jeu en vaut la chandelle.
Une baleine traînée jusqu’au port représente une manne importante pour toute la population. Car sur le mammifère, tout est utilisé. La peau devient un cuir robuste et la chair de la nourriture. En effet, l’animal pesant entre 30 et 70 tonnes, il donne de la viande bon marché en quantité industrielle. Les os sont utilisés pour la construction (charpente, clôture…) et les fanons pour fabriquer des corsets ou des parapluies. Quant à la graisse, une fois passée au four, elle devient une huile utilisée notamment comme combustible.
Un pilier de l’économie basque
À Biarritz, Bidart, Guéthary ou Saint-Jean-de-Luz, cette chasse à la baleine se développe, tant elle est bénéfique pour tout le monde. C’est tout un écosystème qui se met en place. Il y a ceux qui dépècent, ceux qui font fondre, ceux qui tannent, ceux qui fabriquent le savon, les chantiers navals…
Cette économie florissante attire du monde et la population de ses villages augmente. Il faut alors encore plus de graisse pour éclairer, plus de viande pour nourrir… Des besoins grandissants alors que la ressource naturelle se raréfie sur les rives du Golfe de Gascogne. Pour traquer le précieux butin, il devient nécessaire de s’éloigner, de plus en plus.
Voilà donc les basques traversant les océans à la poursuite de la baleine. C’est ainsi qu’ils parviennent jusqu’au Golfe du Saint-Laurent en Amérique du Nord. Ces expéditions font partie d’une véritable industrie prospère dont les maisons des armateurs luziens témoignent encore de nos jours. Au XVIème et XVIIème siècles, le Pays Basque devient avec cette activité, un territoire riche et puissant. À tel point que le roi Louis XIV vient séjourner dans la maison de l’armateur Joannis de Lohobiague pendant un mois, avant son mariage en 1660 dans l’église de Saint-Jean-de-Luz.
En 1713, le traité d’Utrecht redéfinit les zones de pêche et le prix de la graisse de la baleine chute. C’est le début de la fin pour cette activité autrefois si lucrative. La sardine, puis le thon deviennent ensuite les prises préférées des pêcheurs basques. Aujourd’hui, la star du port luzien est sans conteste le merlu. Mais la baleine n’a pas complètement disparu. De chanceux observateurs peuvent parfois la croiser non loin des côtes entre Hendaye et Capbreton. Désormais on essaie aussi de la capturer, en photo ou en vidéo, uniquement.
- État de catastrophe naturelle
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